Chambre d'Ama

Le deuxième étage étant reservé pour les appartements de l'Impéatrice, sa chambre se situe vers l'aile Ouest. L'intérieur est plutôt très spacieux et luxueux, avec des décorations et peintures dans tous les coins, mais également des dessins infantiles, des livres avec des fleurs... En gros, une chambre de petite fille un peu garçonne. Une porte sur le côté mène également vers une petite salle avec une bassine, des serviettes et des senteurs, donc en quelque la salle de bain.

===> La salle du trône

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Evitant de piétiner son kimono et de se prendre les pieds dedans, Ama était très impatiente d'arriver dans sa chambre. Venant de quitter la salle du trône et l'audience qu'elle avait accordé à l'Assemblée afin d'en écouter la nouvelle loi proposée, la jeune fille avait eut brusquement envie de gâteaux. Tout en agitant ses bras, donc ses manches trop longue, la sourire de la petite Impératrice s'élargissait à mesure qu'elle arrivait vers sa chambre, montrant alors ses petites canines :

- Cake ! Cake ! Cake !

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Sebastian, en bon conseiller un peu trop proche, poussait un chariot contenant plusieurs variétés de gros gâteaux. Un soupir lui échappa une nouvelle fois en voyant le comportement immature de sa petite protégée :

- Majesté, évitez de vous conduire ainsi.

Le vouvoiement était encore d'office, car après tout, des gens pouvaient encore les entendre. Evitant de se casser la figure, Ama ouvrit vite la porte avant de courir pour sauter sur son lit, ayant miraculesement évité de se prendre les pieds dans son kimono :

- Waaaaaai !

Le jeune homme referma doucement la porte, avançant le chariot une nouvelle fois. Comprenant que la voie était libre, l'Impératrice fit une roulade en avant pour tomber de son lit avant de courir vers le chariot. Un gâteau au chocolat dans une main et un parfait au fraise dans l'autre, la gamine aux cheveux blanc put réussir à les engloutir en à peine quelques secondes, ce qui mécontenta Sebastian :

- Ah non mais vraiment, tu vas avoir mal au ventre si tu continue. En plus, tu vas taché ton kimono.

- Mais euh ! J'ai faiiiim !

N'écoutant même pas ses protestations, le conseiller retira rapidement la tenue de l'Impéatrice, celle-ci se retrouvant juste avec un haut de soie blanc et léger ainsi qu'une petite culotte, ce qui ne la dérangea absoluement pas, puisqu'elle pouvait de nouveau engloutir ses petits plaisirs et délices. Pendant ce temps, Sebastian avait déjà récupéré le kimono pour la placer dans un panier et le poser dans un coin de la pièce :

- Je le donnerai tout à l'heure aux domestiques. Quant à toi jeune fille, il faudrait peut-être que tu te changes.

Ayant presque terminé tout ce qui se trouvait sur le chariot, Ama se redressa soudainement, illuminée par une idée :

- Seb Seb ! Je veux aller dehors !

Sur le coup, le conseiller fut pris de cours, mais son visage resta impassible, son sourire cependant n'apparut toujours pas :

- Crois-tu que ce soit le moment ? Nous n'avons rien préparé, et nous ne savons même pas s'il y a quelqu'un qui rôde autour de notre passage, et si quelqu'un te voit dans ta tenue habituelle...

L'Impératrice s'était pourtant déjà précipitée vers une des petites armoires en bois fin, ressortant alors du fond de celle-ci un pantalon large et une veste noire, ainsi qu'une sorte de casquette-bérêt :

- Mais je veux y aller ! Il paraît qu'il se passe des trucs étranges dans la forêt d'Agathe, que comme quoi un loup gris aurait agressé des gens, ou je ne sais quoi. Et moi aussi je suis louve, alors je veux résoudre ce mystère !

Décidément, sa curiosité finirait par la perdre, c'était ce que le jeune homme se disait en ce moment même :

- C'est à la police de résoudre ce mystère, pas à nous.

- Maiiiiis !

Voyant que la petite Impératrice était carrément en train de faire une crise pour aller dehors, telle une enfant de bas âge, Sebastian ne put s'empêcher de céder, redressant alors Ama pour lui faire enfiler sa tenue. Et puis, de toute façon, il serait toujours là pour la protéger, donc ils ne risquaient rien :

- C'est entendu, mais nous devrons être de retour avant la nuit.

La jeune fille était à présent très impatiente, attendant que son conseiller termine de la coiffer avant de lui mettre sa casquette sur la tête. A présent, elle ressemblait plus à un petit garçon du peuple avec un visage enfantin. Toute excitée, elle leva son poing en l'air :

- Alors en route !

- Evites de hurler, tu vas attirer l'attention.

===> Forêt d'Agathe

[ Petit salon des Domestiques ]

Atoki avait suivi Seb jusqu’au deuxième étage du Palais, où se trouvait la chambre de l’Impératrice. Si la pièce respirait le luxe, comme tout le reste de la demeure impériale, un air enfantin inhabituel et pour le moins surprenant s’en échappait. Cependant, quand on connaissait Ama, l’étonnement n’était finalement pas si énorme : sa chambre lui ressemblait, gamine. Pendant un instant, l’ex-Rose Bleue revit la chambre de sa petite sœur. Il secoua la tête pour se changer les idées : il était à Shangri-la depuis longtemps maintenant, il fallait qu’il se fasse une raison.

L’Impératrice était allongée sur son lit en train de trépigner ; pas de doute il s’agissait bien d’Ama. Le loup sourit : il était content, que dis-je, ravi, de la revoir. Cependant, il ne devait pas perdre de vue qu’il devrait s’enfuir dès que Sebastian serait parti, pour aller prévenir Takashita. Mais il ne put s’empêcher d’observer la petite Impératrice, si mignonne, et de se plonger de nouveau dans ses souvenirs. Il faudrait qu’il retourne à Eden. Au moins une fois.

Juste avant que Seb ne ferme la porte de la chambre, Atoki eut le temps d’apercevoir les trois hystériques au bout du couloir. A croire qu’elles l’avaient suivi jusqu’ici… Enfin, peut-être qu’elles travaillaient dans les parages hein. Finalement, le loup n’était pas si pressé que le conseiller s’en aille, même s’il avait hâte de parler avec Ama, et de retrouver Takashita. L’ex-Rose Bleue essaya néanmoins de se concentrer sur le moment présent. D’ailleurs qu’était-il censé faire ? Il avait bien retenu le chemin pour venir dans la chambre de l’Impératrice, mais ne connaissait toujours pas le Palais, et ignorait l’endroit où il allait dormir. Le mieux aurait été de se procurer un plan du Palais… L’adolescent hésita, mais finit tout de même par demander à Seb :

- Excusez-moi… Est-ce que vous auriez un plan ? Parce que je sens que je vais me perdre… Enfin s’il faut absolument que je retienne tout, je ferai avec.

Demander un plan était une requête assez osée, surtout de la part d’une ex-Rose Bleue. Car qu’est ce qui prouvait qu’Atoki ne mentait pas, et qu’il n’allait pas renseigner la mafia avec cette carte ? Et puis, même si cela n’était bien évidemment pas son intention (il n’avait pas menti : il avait bien été exclu d’Eden), il désirait cependant bien un plan pour s’enfuir, même momentanément. Il aurait donc été folie que de lui en donner un, mais bon, ça ne coûtait rien de demander !

===> Les jardins

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Depuis sa petite escapade avec le ouistiti, Ama avait réussi à retourner dans sa chambre en évitant de rencontrer le personnel du Palais, car ceux-ci risquaient d'avoir une mauvaise surprise en voyant les nombreuses traces d'eau et de boue qui menaient du jardin vers les appartements de l'Impératrice. Car en effet, après une bonne baignade dans le ruisseau, il était logique que la propreté ne soit pas d'office. Et à présent, la jeune fille en mettait partout sur la moquette et sur le lit, ses cheveux et son kimono trempés. Laissant échapper un petit éternuement, la petite s'amusait à faire des galipettes pour se réchauffer, tâchant encore plus facilement le sol :

- Hihihihi.

A croire qu'elle le faisait exprès pour rendre dingue son conseiller, ce qui risquait fortement d'arriver. Bon, elle ne voulait pas non plus l'énerver, donc elle cessa rapidement pour grimper sur son lit et s'y rouler en boule, passant de gauche à droite et de droite à gauche sur ses draps pour ne pas s'ennuyer. Ce fut à ce moment qu'elle entendit la porte s'ouvrir. Ama se redressa alors brutalement, un grand sourire sur son visage, laissant voir une de ses petites canines. Surtout qu'elle était très contente de pouvoir revoir son nouvel ami :

- Atoki-kuuuuuun !

Quittant son lit à la va vite et manquant de se casser la figure, l'Impératrice maladroite se précipita en riant vers le jeune homme pour se blottir dans ses bras. Ce qui, bien entendu, le trempa en vitesse. Tiens donc, le chien de garde ne l'avait pas empêché ?

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Eh non, en effet, Sebastian n'avait absoluement pas réagit en voyant sa protégée courir dans les bras du gamin. Pourquoi donc ? Parce qu'à la vu du désordre et de la présence d'autant de saleté dans la chambre, le conseiller s'était immédiatement paralysé, comme s'il était figé dans la roche. De profil, ses mèches noires cachaient ses yeux, et seule une goutte de transpiration sur sa joue trahissait sa pensée. Serrant ses poings gantés, le fait de se tourner vers Ama semblait lui demander un effort considérable puisque l'on pouvait entendre comme des bruits d'engrenages mal reglés.

Etrangement, lorsqu'il fut devant les deux jeunes, le protecteur affichait une mine tranquille avec son sourire dont il avait le secret, et qui intimidait un peu trop d'ailleurs :

- Ah oui, un plan... Désolé, nous n'avons pas de ça ici, mais ne vous inquiétez pas, vous serez toujours accompagné pour que l'on vous guide, jusqu'à ce que vous connaissiez cet endroit sur le bout des doigts.

Car après tout, il ne pouvait pas se permettre de le laisser seul. Du côté de l'Impératrice, celle-ci avait terminé sa scéance de câlinous et se précipita très vite contre Sebastian pour le regarder dans les yeux :

- Tu sais, j'avais vraiment très faim, mais il n'y avait plus de fraises, et j'suis allée dans le jardin, mais là, y'avait un singe qui me les avait volées, et je lui ai couru après, et je suis tombée dans le ruisseau, et, et...

Le conseiller ne put s'empêcher de poser son front sur le bout de ses doigts tout en soupirant. Et puis, il lui avait dit d'attendre, mais il aurait bien du se douter que ce mot n'entrait pas dans le vocabulaire de sa petite protégée. Ses mains touchèrent alors doucement les mèches de cheveux de la petite, les tripotant un peu :

- Dire que je te les avais si bien démêlés... Tiens, vous allez être utile vous.

Ses yeux en direction d'Atoki, celui-ci désigna alors une petite bassine vide au coin de la chambre, non loin du lit :

- Vous allez pouvoir prendre ses vêtements lorsqu'elle les aura enlevés.

Bien entendu, elle ne les enlèverait pas devant lui, mais il y avait de fortes chances pour qu'elle prenne sa douche, donc il fallait qu'il s'en occupe. Et il était aussi possible qu'il doive s'occuper du ménage. Bon courage.

Ama s’était (encore !) précipité sur Atoki, qui se rendit alors compte que la petite était toute mouillée. La première pensée qui traversa le loup fut qu’elle risquait d’attraper froid : il fallait vite que l’Impératrice change de vêtements ! Surpris par l’absence de réaction du conseiller, l’ex-Rose Bleue le regarda : il avait l’air pétrifié. En même temps, cela pouvait se comprendre : il suffisait qu’il laisse Ama seule pendant très peu de temps pour que toute la chambre se transforme en bazar, qui plus est trempé, car la petite avait répandu de l’eau partout.

Atoki quant à lui, avait plus envie d’exploser de rire. L’Impératrice ressemblait finalement tant à la gamine qu’il avait rencontré dans la forêt ! Et puis voir une chambre luxueuse si sale… Ca avait quelque chose de comique non ? Cependant, devant l’air interloqué de Seb qui serrait les poings, l’adolescent comprit qu’il avait intérêt à se tenir à carreau. Il retint donc son rire, et se contenta d’afficher un air neutre tout en frictionnant Ama pour tenter de lui insuffler un peu de chaleur car elle paraissait gelée. Il se demandait également s’il allait pouvoir obtenir un plan… Cette dernière illusion lui fut bien vite enlevée par le conseiller, redevenu calme, fidèle à lui-même, qui affirma que quelqu’un accompagnerait toujours Atoki. Ce dernier ne tiqua pas : après tout, il était normal qu’il soit surveillé.

La jeune Impératrice avait lâché l’ex-Rose Bleue pour se précipiter vers Sebastian et lui raconter toutes ses mésaventures. Ainsi elle était tombée dans un ruisseau… De nouveau, le loup dut se retenir de rire. A vrai dire, il admirait le conseiller pour sa patience : la rapidité avec laquelle il avait surmonté son effarement premier en voyant l’état de la chambre avait impressionné Atoki. Et puis, Seb avait une tendresse inimitable pour la petite, un peu comme un grand frère pour sa petite sœur. Cette pensée serra le cœur de l’adolescent ; il aurait aimé pouvoir caresser les cheveux de Mai. Mais ce n’était pas possible, du moins pas pour le moment.

A ce moment-là, le conseiller interpela le loup, qui alla chercher la bassine qu’on lui avait montrée, même s’il n’avait pas tout compris. Il supposa qu’il n’avait plus qu’à attendre que la petite se déshabille, et qu’il devrait mettre ses vêtements dans la bassine. Espérons qu’il n’ait pas à s’occuper du ménage de la chambre ensuite : tout à coup que la luxueuse pièce soit saccagée deviendrait beaucoup moins drôle.

Pendant que son conseiller discutait avec Atoki, Ama s'était déjà assise, les jambes contre sa petite poitrine pour se mettre en boule et rouler un peu. D'une, ça l'amusait, et de deux, ça la réchauffait en attendant que Sebastian lui demande d'enlever ses vêtements. Ne pouvant s'empêcher de rire, elle était visiblement la seule qui pouvait se le permettre sans énerver les gens qui l'entouraient, ou du moins, ceux-ci ne pouvaient pas le montrer, puisqu'elle était Impératrice. Comme quoi, le sang, ça aide parfois, haha !

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Le chien de garde, quant à lui, attendait patiemment que le jeune homme récupère la bassine avant que celui-ci ne le regarde. S'avançant alors doucement, le conseiller tapota les épaules de l'ex-mafieux avant de le regarder avec des yeux pas très très rassurant :

- Maintenant, vous allez vous retournez. Si jamais je vous surprend à tenter de jeter un oeil derrière vous, je vous le crève en vitesse, compris ?

Un sourire apparut sur son visage, signe que bien sûr, s'il ne faisait rien, alors tout se passerait bien. Et mieux valait prendre sa menace au sérieux, car Sebastian pouvait très bien en être capable. Mais pour l'instant, sa seule préoccupation était d'attraper Ama, qui se mettait à rouler dans toute la chambre pour s'amuser :

- Impératrice ! Reviens ici !

Il était clair que le tutoiement et le mot "impératrice" n'allait guère ensemble, mais il arrivait tout de même que le conseiller mélange les deux pour garder un minimum de respect envers la souveraine. Sauf que là, c'était assez éprouvant pour lui de courir après la petite afin de l'attraper pour la soulever. Heureusement qu'il avait l'habitude. Lorsque ce fut fait, Ama ne pu s'empêcher de rire, ayant pris toute cette minuscule course-poursuite pour un jeu. Doucement alors, Sebastian la reposa par terre avant de défaire son kimono et sa ceinture pour les lui retirer, laissant juste voir une petite chemise et une culotte. Celles-ci, elles-même trempées et sales, se devaient d'être enlevées, ce qui fit pousser un soupir au chien de garde :

- Mais combien de temps es-tu restée dans l'eau ?

- Ye sais pas.

A présent complètement nue, Sebastian lui prit le poignet pour l'amener vers la pièce voisine qui servait de salle de bain, lui intimant de rester tranquille avant de refermer la porte derrière elle, lui, toujours présent dans la chambre afin de parler à Atoki :

- Vous pouvez vous retourner à présent. Il faut ramasser les affaires qui traînent, et voici vos deux nouveaux amis.

Car en effet, l'ex-mafieu ne s'était pas trompé, puisque Sebastian s'avança vers lui, un sceau d'eau et un balais-serpillère à la main pour lui intimer qu'ils allaient certainement être proche pendant un petit moment :

- Vous allez nettoyer cette chambre le temps que je lave notre Impératrice. Si vous n'avez pas fini d'ici là, je viendrai vous aider à finir.

Tournant alors les talons, le conseiller claqua la porte derrière lui pour retourner dans la salle de bain, où Ama l'attendait, déjà dans la petite baignoire alors qu'il n'y avait pas encore d'eau, agitant ses longs cheveux mouillés dans tous les sens.

Obéissant sagement au conseiller, Atoki se retourna. En effet, au ton de Sebastian, il avait compris qu’il n’était pas question de discuter, et qu’il avait intérêt à obtempérer s’il tenait à sa vie. Cependant, comme Seb courait après l’Impératrice, il était difficile pour l’ex-Rose Bleue de ne jamais les regarder, même s’il faisait tout pour. Enfin le conseiller attrapa Ama, et le loup put enfin stabiliser sa position de façon à ne rien voir. Il se demandait ce que les deux derrière lui pouvaient bien faire… Certainement que la petite était en train de se déshabiller. Devant Sebastian. Décidément, leur relation à tous les deux était bien trouble, en tout cas vue par Atoki qui ne connaissait pas les tendances du conseiller.

Le loup entendit ensuite une porte claquer, puis la voix de Seb lui permit de se retourner. Atoki remarqua alors que le visage de son interlocuteur n’était pas du tout troublé, signe évident qu’il était habitué à voir Ama en sous-vêtement (car l’adolescent n’imaginait pour l’instant pas qu’Ama ait pu se dévêtir entièrement devant le conseiller). L’ex-Rose Bleue ressentit alors un accès de rage monter en lui sans qu’il sache réellement pourquoi ; il n’en laissa néanmoins rien paraître. En fait, rien que le tête à tête avec Seb l’énervait… Il ne savait pas pourquoi, mais il avait du mal à supporter le conseiller. Sans doute parce qu’il était très proche d’Ama. Et puis aussi car il était difficile avec lui de tout considérer comme un jeu, ce dont Atoki avait l’habitude.

Sebastian tendit un seau et une serpillère à l’ex-Rose Bleue. Celui-ci soupira : apparemment, la corvée du nettoyage de la chambre allait bien lui revenir. Mais il ne protesta pas, ni ne répondit. Après tout c’était normal puisqu’il était nouveau et qu’il avait été affecté au service de l’Impératrice. Et puis le ménage, ce n’était pas ce qu’il y avait de pire, même vu l’état de la salle. Atoki prit donc son courage à deux mains, et empoigna les deux outils qui allaient lui être fort utiles. Il avait déjà vu des domestiques d’Eden récurer les sols et les murs, et savait donc comment s’y prendre. Seb en profita pour s’éclipser dans l’autre pièce, et le loup supposa qu’il s’agissait d’une salle de bain, où Ama devait déjà se trouver. Ainsi, elle allait donc se déshabiller devant le conseiller… L’ex-Rose Bleue serra les poings.

Plutôt que de s’énerver tout seul, Atoki avait choisi de passer sa colère sur la chambre, nettoyant avec une ardeur peu commune tant il était énervé par l’idée de Seb frottant le dos d’Ama. Ainsi, toute trace de boue avait presque disparue, et la salle ressemblait déjà plus à un lieu servant pour dormir. Le loup avait également ramassé presque tout ce qui se trouvait par terre, dont les vêtements de l’Impératrice, qu’il avait placés dans la bassine. Il continua ensuite à frotter le sol, pour que celui-ci brille. Quelques gouttes de sueur coulaient le long de sa tempe, et n’importe quelle groupie qui serait entrée à ce moment-là aurait surement hurlé tant Atoki était sexy en homme de ménage. Cependant le loup ne se préoccupait pas le moins du monde de son apparence, absorbé par son travail. Finalement, le ménage était une bonne chose pour se vider l’esprit ; encore mieux que la course. En effet, le loup ne pensait plus ni à Eden, ni à Ama, ni à Takashita. Il ne pensait plus à rien, et appréciait cet état.

Le loup était tellement concentré qu’il n’entendit pas la porte de salle de bain, à laquelle il tournait le dos, s’ouvrir. Presque sans s’en rendre compte, l’ex-Rose Bleue s’était mis à chantonner doucement pour accompagner son dur labeur. Il y avait longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi zen.

Ayant laissé Atoki à son travail, Sebastian était retourné dans la salle de bain, afin de retourner à son travail habituel. Car oui, jamais personne, depuis qu'il était affecté à ce service, ne s'était occupé de la toilette de l'Impératrice, ce qui était plutôt logique. Ne voulant jamais quitter la petite des yeux, le conseiller avait trop peur que quelqu'un en profite pour se faire engager pour pouvoir mieux la tuer ou l'enlever. Certes, notre chien de garde semblait un tantinet paranoïaque, mais en même temps, vu le rang de sa petite protégée, et ce qui était arrivé à son grand frère, eh bien, il avait tout de même un peu raison. Mais l'heure n'était pas à débattre, mais plutôt à travailler. Tandis qu'Ama se trouvait dans la baignoire, Sebastian prit une bassine d'eau chaude installée peu de temps avant pour la faire couler à l'intérieur :

- Ce n'est pas trop chaud ?

De la vapeur se dégagea doucement lorsque la baignoire fut remplie, puis le conseiller en profita pour y glisser des petites boules roses afin de faire de la mousse, ainsi que quelques fleurs pour décorer. Après tout, son travail était aussi de la détendre, peu importe les circonstances.

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Pataugeant un peu dans l'eau, la petite Impératrice se moquait éperduement de la décoration, bien qu'elle sembla apprécier la mousse, qu'elle s'amusait à répendre sur tout son corps ou sur son visage pour se faire une barbe blanche :

- Seb, Seb ! Regardes ! Je ressemble à l'ancien conseiller de papa !

Riant beaucoup de la situation, la jeune fille en profita également pour tapoter un peu l'eau, éclaboussant Sebastian à plusieurs reprises. Celui-ci, ayant retroussé ses manches, fronça quelque peu les sourcils devant le comportement enfantin de l'Impératrice. Enfilant alors des gants de toilettes, celui-ci la retourna pour lui frotter le dos :

- Ama, tu sais bien que ça n'est plus de ton âge de jouer comme ça.

- Mais je le faisais tout le temps avant et tu disais rien !

Certes, mais avant, elle n'était pas à la tête d'un royaume en guerre et en plein crise sociale. D'autant plus qu'à l'époque, Sebastian était bien obligé de la laisser un peu faire lorsqu'il se retrouvait avec elle. Entre autre du fait que Geki lui demandait de la distraire un peu lorsque lui même ne pouvait pas le faire. Tout en faisant passer les gants de toilette un peu partout sur le corps d'Ama, frottant pour nettoyer, le conseiller continua la conversation :

- Tu as bien conscience aussi que tu dois te taire à propos de notre nouveau domestique ? Le faire tomber nous entraînerait aussi vers le fond.

La petite Impératrice tourna alors la tête vers Sebastian, un sourire aux lèvres laissant voir ses petites canines avant de faire un V de la victoire avec sa main :

- Pas d'inquiétude ! Après tout, tu m'avais dit de faire pareil, comme niichan lorsque je vous ai vu tous les deux dans le même lit...

La jeune fille ne put rien dire de plus puisque le conseiller l'avait déjà baillonné avec le gant de toilette mousseux, ce qui la fit d'ailleurs toussoter et crachoter :

- Doucement doucement ! Et s'il nous écoutait ? Mieux vaut ne pas en parler.

Ayant terminé de nettoyer le corps de la petite Impératrice, Sebastian passa aux cheveux, les frottant avec force, mais pas trop brutalement, pour éviter de les abîmer. Pour une souveraine, l'image était très importante, alors il fallait faire attention. Enfin, lorsque tout cela fut terminé, le chien de garde prit le sceau d'eau pour le verser sur la petite afin de la rincer. Enfin, il l'incita à sortir tout en l'enveloppant dans une grande serviette. Celle-ci toute sèche, elle couru à la porte, comme à son habitude, mais le conseiller la stoppa vivement :

- N'oublies pas que l'autre est toujours là. Je ne tiens pas tellement à ce qu'il te voit dans cette tenue. Attends ici.

Tandis qu'elle restait en place, chose qui n'allait certainement pas durer Sebastan ouvrit doucement la porte pour entendre alors Atoki pousser la chansonnette. Bon, il n'allait pas le juger, au moins, il avait l'air d'avoir fait un bon travail :

- Vous avez l'air d'avoir fait pas mal d'efforts.

Passant alors à ses côtés, le conseiller prit quelques affaires pour retourner dans la salle de bain, refermant à nouveau la porte. Ama étant de nouveau nue, il fut bien obligé de s'acroupir afin de lui faire enfiler son kimono du soir. Celle-ci ne tenant absoluement pas en place, le chien de garde eu bien du mal à la coiffer convenablement, du moins pour lui enlever ses noeuds bien sûr, pas la peine de faire une coupe haute pour aller dîner, vu qu'il n'y avait pas d'invités en vue. Juste une fleur dans les cheveux pour la rendre plus jolie. Des fois, Sebastian aurait bien aimé la voir devenir un peu plus femme, qu'au moins elle puisse se prendre en main et devienne plus pudique. De toute façon, il n'avait pas le temps d' songer puisque la petite Impératrice s'était déjà sauvée pour aller dans les bras d'Atoki, limite en le faisant tomber par terre :

- Waaiii ! Je suis de retour !

Poussant un soupir, le conseiller referma la porte de la salle de bain pour s'avancer, jaugeant la pièce du regard. Certes, elle était propre, mais il restait tout de même un peu de bazar :

- Je sens qu'il va être bien difficile de s'occuper de tout avant le dîner.

Surtout avec la jeune fille dans les pattes, qui ne faisait que rire, amusée et joyeuse, comme à son habitude.

La voix de Sebastian fit sursauter Atoki, qui arrêta de chanter immédiatement et rougit. Le loup avait l’impression d’avoir été surpris en train de faire quelque chose de mal –alors qu’il ne faisait vraiment que nettoyer. Enfin au moins, le conseiller reconnaissait ses efforts, c’était déjà ça ! Alors que Seb repartait vers la salle de bain, l’ex-Rose Bleue eut un léger sourire peu-être un peu machiavélique.

* Je dois me rendre indispensable ici, surtout à Sebastian, si je veux pouvoir rester avec Ama. *

Il fallait qu’il arrive à fouiller dans les archives, voir si une quelconque Kimino y était mentionnée… Mais où étaient cachés ces documents importants ? Ca c’était une question à poser à l’Impératrice ; elle y répondrait surement naturellement avec un peu de chance, alors qu’il était inutile de compter sur Seb pour dévoiler ce genre de secrets.

Soudain, la petite Impératrice surgit de derrière la porte de la salle de bain en courant et se jeta sur l’ex-Rose Bleue, interrompant en passant ses réflexions. Cependant Atoki, généralement fâché lorsqu’on l’empêchait de réfléchir, se contenta de sourire distraitement et tapota la tête d’Ama. Cette dernière était toute mignonne, vêtue d’un kimino assorti à la fleur dans ses cheveux. Le loup se doutait qu’il s’agissait là de l’œuvre du conseiller, car il n’imaginait pas que l’Impératrice fasse aussi attention à son apparence. Il eut soudain très envie de serrer la petite très fort dans ses bras, mais se retint et murmura :

- Il va falloir tout ranger. Vous voulez bien nous aider ?

Le sourire et le regard tendres d’Atoki donnaient à ses paroles une note de supplication indécelable dans sa voix. En réalité, l’adolescent se doutait qu’il allait être difficile de travailler avec Ama, tant elle était turbulente. Il essayait donc ainsi de l’assagir un peu, espérant qu’elle les aiderait. Cela dit, il n’était pas vraiment sûr que son aide soit réellement utile, bien au contraire. Et puis, ranger une chambre n’était certainement pas une besogne d’Impératrice (espérons que le conseiller n’allait pas hurler à cette propostion) ; heureusement qu’Atoki avait pensé à vouvoyer Ama d’ailleurs. Cela dit, n'importe quelle enfant devait savoir ranger sa chambre, cela faisait partie de l'Education avec un grand E selon Atoki. Et puis c’était certainement le seul moyen pour qu’elle reste tranquille. Le loup détacha donc la petite de lui, et se mit à ramasser petit à petit tout ce qui traînait par terre, se demandant comment Seb, et surtout l’Impératrice allaient réagir.

Câlinant Atoki à l'aide de ses petites bras fins, Ama était toute contente de le savoir près de lui. Après tout, à part Seb, elle n'avait que très peu d'amis au sein du palais, et s'y ennuyait ferme lorsqu'elle ne pouvait pas aller dehors. Cependant, il y avait le jeune homme maintenant, et en plus, il avait la même transformation qu'elle, ce qui lui plaisait beaucoup beaucoup ! Enfin, voilà pourquoi elle collait autant son nouveau domestique, levant alors les yeux avec sa petite mine ravie, ses canines bien dévoilées comme d'habitude, pendant que ses oreilles de louve s'agitaient. Ne se rendant même pas compte qu'elle dérangeait activement son nouvel ami, la petite Impératrice fut tout de même très surprise par la demande d'Atoki concernant le rangement de la chambre :

- Vous aider ?

Jamais on ne lui avait fait une telle proposition, et bien entendu, tout ce qui était nouveau, pour Ama, était excitant ! Cependant, il n'en allait pas de même pour tout le monde.

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En effet, Sebastian ayant bien entendu les mots d'Atoki, fut plus qu'outragé par une telle demande envers leur souveraine. Comment pouvait-il se permettre de demander à l'Impératrice de faire le travail dont se chargeait justement les domestiques ? Décidement, ce garçon ne lui plaisait pas ! Et si ça ne tenait qu'à lui, le conseiller l'aurait déjà executé sur le champ ! Les yeux lumineux, le chien de garde s'apprêtait déjà à le sermoner sévèrement pour son insolence, mais fut pris de court par la réponse d'Ama :

- Owi ! Je veux bien ! Je n'ai jamais fait ça, mais c'est l'occasion d'essayer !

Sur le coup, bien entendu, Sebastian failli tomber à la renverse, se tenant la tête pour éviter le malaise. Très mauvaise idée, puirsque l'Impératrice était maladroite et turbulente comme pas deux. S'avançant alors doucement à ses côtés, le conseiller lui chuchota à l'oreille :

- En es-tu sûre ? Tu sais, c'est très ennuyeux.

- Pas de problème ! Avec moi, rien n'est plus ennuyeux que les réunions ! Alors, je commence par quoi ?

Suivant l'ex-mafieux du regard, la jeune fille se pencha elle aussi vers le bas pour ramasser n'importe quoi et le mettre n'importe où, ce qui fit soupirer une nouvelle fois Sebastian. Décidement, elle faisait n'importe quoi, comme d'habitude. Celui-ci ne fit donc que la suivre pour réaranger le bazar qui ne faisait qu'empirer derrière son passage, replaçant les objets correctement et à leur bonne place.

Ama sembla être prise au dépourvu par la proposition d’Atoki, ce qui prouvait bien qu’elle n’avait certainement jamais fait le ménage de sa vie. Mais même si c’était une tâche de domestique, l’ex-Rose Bleue estimait que n’importe qui devait savoir un minimum ranger sa chambre. Sebastian eut exactement la réaction attendue par le loup : il semblait littéralement bouillir de colère, et l’adolescent crut bien pendant un instant que sa vie allait se terminer ici. Mais devant l’enthousiasme de l’Impératrice, même le conseiller s’inclina. Il se contenta donc de passer derrière Ama pour remettre en ordre tout ce qu’elle dérangeait en tentant de les aider. Atoki sourit : ça ne l’étonnait guère que la fille empire la situation, mais avec Seb qui passait derrière le rangement devrait être plus vite fini que si Ama avait remué partout en plus.

En effet, la chambre se trouva rangée finalement assez vite. Le loup se dit tout de même que pour obtenir un rendement maximal, l’absence d’Ama était nécessaire, car même en se tenant plus ou moins calme (elle était concentrée sur essayer de ranger), elle les ralentissait. M’enfin bon elle était tellement mignonne qu’on ne pouvait que lui pardonner. Regardant la pièce presque impeccable, Atoki ne put s’empêcher de se sentir fier de son travail. Ce qu’il y avait de bien avec le ménage, c’est qu’on voyait tout de suite le résultat de son dur labeur.

L’adolescent se dit qu’il devait certainement être l’heure de dîner. Il y avait donc peut-être un moyen de s’échapper. Il fallait qu’il retrouve cette Aoi Kane, pour qu’elle lui fasse visiter le palais. Après tout, il n’avait pas été gentil avec elle pour rien ; il était tant qu’elle serve à quelque chose ! Atoki voulait connaître tous les coins et recoins de cette demeure, pour pouvoir semer ceux qui comptaient l’espionner, qu'ils soient envoyer par Seb ou par Katsuya. Enfin pour le moment, il fallait surtout qu’il trouve un moment pour s’éclipser discrètement et aller prévenir Takashita qui devait vraiment s’inquiéter maintenant. L’ex-Rose Bleue savait cependant d’expérience qu’on trouvait toujours un moment propice à ce qu’on voulait faire ; il suffisait de ne pas montrer son impatience. Il attendit donc tranquillement les ordres de Seb, se demandant ce qui allait suivre.

Heureusement que Sebastian passait derrière Ama pour ramasser ses bêtises, car en effet, s'il ne le faisait pas, l'on aurait pu croire qu'une tempête serait passée par ici dans la chambre. Lorsqu'enfin, tout fut terminé, la petite Impératrice se jeta sur le lit pour y sautiller un peu, attendant une quelconque iniative de la part de son conseiller. Oui, il fallait aller dîner, mais autant s'amuser un peu avant d'y aller. Son regard toujours en direction d'Atoki, comme si elle avait reçu un nouveau jouet qu'il fallait constamment surveiller pour éviter de le perdre :

- Tu t'ennuieuh ?

Rien qu'à cette idée, la jeune fille fit une petite moue avant de descendre de son lit pour aller prendre le bras de l'ex-mafieux, l'attirant un peu vers elle tout en le regardant avec ses grand yeux rouges :

- Ou alors t'as faim ? T'inquiètes pas, c'est bientôt l'heure de dîner !

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A peine eut-elle pris son bras que Sebastian ne pu s'empêcher d'attirer Ama un peu plus loin pour la faire asseoir sur le lit, un bol en bois rempli d'un liquide rouge dans l'une de ses mains, des pinceaux dans l'autre :

- Avant de t'exciter comme une puce ainsi, restes un peu plus calme. Ah, Malison-san, vous allez rester avec nous, comme je vous l'ai dit, pendant le dîner, alors j'espère que vous n'avez pas très faim, car nous mangerons après.

Pendant qu'il parlait bien entendu, le conseiller retraçait les peintures vermeilles sur le visage de la petite Impératrice, comme le voulait bien la tradition. Certes, il ne s'agirait que d'un dîner en privé, mais il n'empêche que la souveraine ne pouvait se présenter sans son espèce de maquillage, même si juste les domestique seraient présent. Et pour une fois, Ama restait tranquille, ce qui arrangeait bien des choses :

- Seb, on mange quoi ?

- C'est une surprise.

Comme d'habitude, le menu ne serait donné que lorsqu'elle serait à table, ce qui était logique. Lorsque le maquillage fut terminé, la petite s'échappa une nouvelle fois des pattes de Sebastian pour foncer dans les bras d'Atoki une nouvelle fois :

- Youhouu !

Toujours aussi active bien entendue, mais en même temps, la présence de son nouvel ami l'amusait au plus haut point.

Atoki sentit que la petite le fixait, et interrompit donc momentanément ses réflexions. Elle lui demanda s’il s’ennuyait ; l’adolescent répondit doucement :

- Non non, ne vous inquiétez pas. Je réfléchissais seulement ; je me disais que j’avais beaucoup de chance d’être ici avec vous.

Si le loup ne mentait pas complètement (il s’estimait effectivement chanceux de pouvoir rester aux côtés d’Ama), ce n’était cependant pas exactement à cela qu’il songeait quelques minutes auparavant. Devant l’air soucieux de l’Impératrice, l’ex-Rose Bleue esquissa un sourire distrait, pensant encore à Takashita. Cependant, Ama acheva finalement de le déconcentrer en se jetant une nouvelle fois dans ses bras ; la bouche de l’adolescent se tordit en un réel sourire cette fois-ci, et son regard se posa sur la fille avec douceur. Décidément, il l’aimait vraiment bien. Surement parce qu’elle lui faisait penser à Mai.

Si Atoki fut surpris par la vive réaction de Sebastian, il ne le montra pas. Après tout, il comprenait que le conseiller ne lui fasse pas confiance – et puis force était d'admettre que l’homme n’avait pas tellement tort, le loup comptait effectivement se servir d’Ama. L’ex-Rose Bleue observa le chien de garde peinturlurer l’Impératrice avec étonnement : on ne faisait rien de tel chez les mafieux. Décidément, c’était un autre monde ; l’adolescent soupira discrètement. Apparemment il allait devoir rester pour le dîner ; Seb n’était donc pas décidé à le lâcher. Tant mieux : le loup aimait qu’on lui résiste, cela lui fournissait un nouveau motif de divertissement. Echapper à la surveillance du conseiller en serait un pour le moins difficile et intéressant, dans lequel l’adolescent risquerait sa vie, ce qui ne rendait le jeu que plus palpitant. Atoki répondit donc calmement à Sebastian, son éternel sourire aux lèvres :

- Je n’ai pas très faim, ne vous inquiétez pas. Et puis je suis impatient de voir à quoi peuvent bien ressembler les repas impériaux.

Tout cela n’était pas faux, même si l’adolescent comptait surtout sur ce dîner pour lui offrir une occasion de s’enfuir (ou au moins un plan pour s’échapper), bien qu’il soit tout de même curieux. Il espérait également revoir Aoi lors de ce repas. Atoki se demandait également bien ce qu’Ama allait manger ; cela semblait être un secret. Sitôt les peintures terminées, la petite se détacha du conseiller avec agilité, pour se ruer sur son nouveau joujou – le loup aurait en effet juré qu’elle le considérait comme ça. Il en rit cependant, et dit :

- Vous ne croyez pas que c’est le moment d’aller dîner maintenant ?

Tout en restant dans les bras d'Atoki, Ama essayait de ne pas le salir avec ses peintures, car celles-ci n'étaient pas encore tout à fait sèches. Et bien sûr, l'Impératrice avait beau être un peu idiote et inconsciente, elle savait faire attention lorsque la situation l'exigeait, puisque souveraine ou pas, elle se ferait rapidement prendre un savon de la part du conseiller si elle faisait une telle bêtise, puisque ce serait un nouvel aller simple pour le bain, et de nouveau les traces sur son visage à refaire. Et personnellement, la jeune fille n'avait pas envie. Mais tout de même, pas question de lâcher son nouvel ami ! Elle l'adorait tellement il fallait dire, bien qu'elle ne le connaissait que depuis quelques heures. Levant alors son regard pour croiser celui de l'ex-mafieu, Ama eut un nouveau sourire dévoilant ses petites canines :

- Tu verras, c'est très bon ici, et c'est pareil pour tout le monde ! Moi ou les domestiques, on mange tous très bien !

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Oui, il était sûr qu'ils mangeaient très bien... Et cela fendait le petit coeur de Sebastian devant l'innocence proche de l'idiotie de l'Impératrice. Car au Palais, certes, les mets étaient d'un luxe rare, mais au dehors, le peuple pouvait souffrir de la famine. Seulement, Ama ne l'avait toujours pas remarqué, et bientôt, le conseiller devrait la mettre au courant. Bon, sa réaction se prédirait assez facilement : Elle irait sans doute essayer de sortir pour distribuer les provisions de la cuisine aux gens passant. Elle manquait cruellement de diplomatie, et surtout de discrétion, ce pourquoi le chien de garde ne savait pas comment s'y prendre. Bon, le moment venu, c'est à dire très bientôt, il ferait en sorte de la convaincre de faire des distributions par LES DOMESTIQUES et non pas par elle-même, et plutôt dans l'ensemble du pays. Ensuite, avec des mets de telles qualités, les taxes devaient être trop lourdes, il vaudrait mieux arranger ça... Mais le problème avec cette histoire, c'était que seule l'Assemblée avait le pouvoir d'en décider le montant, l'Impératrice n'avait pas son mot à dire, et dans cette situation, la redistribution n'était que la seule solution.

Tout en sortant de ses pensées, Sebastian se rendit compte qu'Atoki avait demandé s'il n'était pas justement temps d'aller manger, ce à quoi le conseiller hocha la tête :

- En effet, je vous demanderai donc de me suivre.

A ces mots, la petite Ama se dégagea bien rapidement de l'ex-mafieu pour courir vers son chien de garde tout en sautillant :

- Seb... Je peux aller sur tes épaules ?

- Non, pas dans le palais. Veuillez juste marcher devant nous, Impératrice.

La porte de la chambre étant ouverte, et les trois sur le point de partir, Sebastian était repassé au vouvoiement, afin de ne pas paraître trop familier devant les autres personnes risquant de passer par là. La souveraine ne put s'empêcher de faire la moue avant de partir devant, se mettant alors à bouder un peu. Mais pas d'inquiétude, avec Ama, la rancoeur part aussi vite qu'elle n'est venue !

===> Rez-de-chaussé : Salle à manger

Depuis qu'ils avaient quitté l'auberge, le trajet s'était plutôt passé sans encombre pour les deux adolescents. En effet, tout deux sous leur forme de loup, bien qu'ils aient le poil clair, n'avaient pas été vus dans la nuit sombre. Bien que plus d'une fois, Ama ait été tentée de se rendre vers les lieux de fêtes nocturnes, se déroulant un peu avant le couvre-feu -pas fou les villageois non plus- ou encore d'aller renifler la bonne odeur des tartes refroidissant aux fenêtres, ils avaient pu arriver tranquillement au Palais. Cependant, là se trouvait la plus grande des difficultés. Après tout, même deux canidés ne pouvaient se permettre de traverser les portes Impériales comme si de rien était, et si la jeune fille se transformait, deux problèmes se poseraient, entre le fait qu'elle serait nue et qu'en plus, l'Impératrice se trouvait dehors alors qu'elle n'en avait absolument pas le droit. Donc, une fois de plus, il faudrait passer par le petit passage du jardin, celui qu'elle empruntait depuis des années. Mais comme disait Sebastian, plus on le prenait et plus on avait de chance de se faire prendre un jour, cependant, le temps pressait, car les transformations risquaient de se terminer rapidement, surtout pour Atoki, car ce dernier avait déjà effectué une métamorphose dans la journée, il fallait donc retourner dans la chambre le plus vite possible.

La traversée des jardins avait été très rapide, bien qu'humide, étant donné qu'il pleuvait encore. De plus, sur le chemin, l'adolescente avait remarqué que ses vêtements n'étaient plus là, et que donc on les avait ramassé. Tant pis, c'était toujours mieux de se changer dans la chambre avec des vêtements secs plutôt que de remettre des fringues trempés et risquer d'attraper une bronchite plus ou moins dangereuse. Quoi que, d'avoir planté, traîné et couru sous la pluie, ça n'arrangeait pas tellement la situation.

Bref, le plus dangereux était passé à présent. Vu l'heure, la plupart des domestiques avaient terminé leur travail et dînaient, et il était encore un peu tôt pour que les gardes commencent leur ronde. C'était l'heure idéale. Faisant signe à Atoki afin de le guider, Ama se mit à courir discrètement, ne faisant pas le moindre bruit grâce à sa forme de louve. Comme quoi, c'était plus pratique que de se changer en éléphant. Mais le trajet était long et non sans encombre, car bien sûr, il y avait tout de même quelques personnes. Mais enfin, les deux adolescents purent arriver devant la porte de la chambre de l'Impératrice. Celle-ci en fut très heureuse, et s'apprêta à se changer en être humain lorsqu'une nouvelle personne fit son apparition.

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Sebastian. La porte s'était ouverte sur sa silhouette. Et vu ses bras croisés, la veine au côté de son front, et sa mine effrayante, et en même temps effrayée à l'idée d'avoir pu perdre sa raison de vivre, le conseiller n'était pas content. Mais alors absolument pas content. Et son regard se portait sur le loup gris accompagnant sa souveraine. Et lorsqu'il ouvrit la bouche, sa voix grinça comme s'il ne s'efforçait même pas à rester aimable :

- Puis-je savoir où vous étiez, tous les deux ?

Espérons juste qu'il ne se mettait pas à imaginer qu'Ama et Atoki s'étaient tout deux cachés pour discuter, de manière civilisée et diplomatique, et surtout très tactile. Après tout, c'était bien ce que faisait avec Geki lorsqu'ils étaient... Adolescents disons. Mais bon, ce n'était pas non plus une raison pour mettre leur Impératrice pure et innocente entre les mains de ce type louche sorti de nulle part, ce qui accentuait la colère du chien de garde, qui faisait tapoter ses doigts gantés sur son bras, signe de son impatience. Face à tant de colère, Ama préféra se transformer, laissant sa large chevelure cacher l'arrière, mais pas l'avant. Insensible au charme féminin, mais gamin de la jeune fille, Sebastian s'affola plus par le fait qu'elle était nue devant un homme autre que lui :

- Je ne t'ai pas demandé de te changer !

Il prit vite sa veste pour entourer le corps de la petite souveraine, celle-ci s'y emmitouflant, avant de regarder l'ex-mafieux, puis son conseiller. Après plusieurs regards soutenus, le chien de garde craqua et alla chercher des affaires pour couvrir le loup gris tout en ruminant. Et l'on pouvait très bien distinguer les mots tels que "J'aurai ta peau" ou "Péquenot" ou encore "Obsédé", tout s'y trouvait pour le pauvre Atoki, innocent malgré lui.

Atoki s’était contenté de suivre Ama, qui connaissait bien le chemin pour rentrer au Palais. Comme il avait sans cesse peur que les deux adolescents soient découverts, il pressait l’Impératrice, qui heureusement semblait résister aux diverses tentations de la ville. Durant tout le trajet, il ne cessa de se demander comment ils allaient réussir à rentrer dans le Palais sans se faire remarquer, mais finalement Ama le guida jusqu’à un discret passage qui menait dans les Jardins (qu’Atoki avait surement déjà emprunté mais dont il ne se rappelait plus).

Les deux adolescents étaient trempés mais soulagés lorsqu’ils arrivèrent enfin devant la chambre de l’Impératrice. Heureusement c’était l’heure du diner et personne ne semblait les avoir vus. C’était sans compter sur Sebastian… Il surgit de la pièce aussitôt la porte ouverte, et Atoki dut serrer les dents pour ne pas trembler tant le visage du conseiller semblait menaçant. L’ex-mafieux n’osa même pas répondre à la question du chien de garde : il sentait que quoi qu’il dise cela ne lui conviendrait pas… Il se contenta donc de rester muet, la queue pendant entre les jambes et le regard tourné vers le sol pour éviter de croiser celui de l’homme en colère.

Ce fut le moment que choisit Ama pour redevenir humaine. Elle se trouvait près d’Atoki, complètement nue, et l'adolescent fut heureux d'être encore sous sa forme de loup, sans quoi, à cette vue, il aurait rougi violemment (et Seb l'aurait tué). Comme ses yeux détaillaient toujours le plancher, il ne pouvait pas réellement voir le corps de l’Impératrice, mais la suggestion de son esprit d’adolescent aurait suffi à le rendre cramoisi si tant est qu'il avait été humain. Heureusement, Sebastian recouvrit vite Ama de sa veste, et l’ex-mafieux lui fut intérieurement reconnaissant d’abréger ainsi son calvaire : il avait tellement honte d’être attiré par une fillette... Cependant, il ne put s’empêcher de se demander pourquoi le conseiller était si en colère en voyant sa protégée se déshabiller devant un autre. Etait-il jaloux ? Une nouvelle fois, le sang d’Atoki se mit à bouillir ; il aurait quasiment tout donné pour connaître la nature des relations qu’entretenaient Seb et Ama.

Grace aux supplications muettes d’Ama (décidément, nota Atoki, elle était la seule à pouvoir faire plier Sebastian), le conseiller, bien que clairement réticent, amena des affaires à Atoki. Celui-ci fut soulagé ; en effet, il était resté loup très longtemps aujourd’hui, et il ne tenait pas à finir sa vie en tant qu’animal. Il se changea aussitôt, et se hâta de se vêtir. Cependant, les remarques de Sebastian lui avaient fait mal, même s’il comprenait la colère du conseiller. Et puis il fallait dire qu’il l’avait quand même mérité… Après tout il avait essayé de s’enfuir, et se considérait presque lui-même maintenant comme un obsédé (côté qu’il ne connaissait pas chez lui auparavant)… C’est donc la tête toujours baissée, penaud, qu’il se décida à affronter Seb. A vrai dire, il n’avait aucune idée de ce qu’il allait raconter… Il se contenta donc de dire platement :

- Je vous ramène Ama finalement hein…

C’était peut-être un peu culotté de sa part, mais après tout, c’était bien la mission que lui avait confiée Sebastian non ? Restait à espérer que cette manière d'aborder les choses ne fasse pas exploser le conseiller…

La veste de Sebastian sur son dos, Ama essayait tant bien que mal de s'en couvrir sans se prendre les pieds de dans, puisqu'elle était tout de même assez large pour la petite. Et puis, elle pouvait s'estimer heureuse d'avoir pu au moins éviter une transformation définitive à son ami, maintenant, il fallait empêcher Sebastian d'en faire de la chaire à pâtée au sens propre comme au sens figuré. Mais bon, l'Impératrice savait qu'il ne ferait rien devant elle, et donc, sans vraiment se rendre compte de la situation, elle se comporta comme à son habitude, c'est à dire, en gamine. S'agitant alors tout en secouant la tête, Ama répandit de l'eau un peu partout, étant donné qu'elle avait voyagé sous la pluie, et surtout, parce qu'elle s'était pratiquement roulée dans la boue dans le jardin avec son histoire de plantation, et qu'elle ne s'était pas vraiment arrangée depuis. Son sourire laissa dépasser ses petites canines, puis elle se jeta sur son conseiller, s'accrochant à sa chemise comme si elle voulait qu'il la porte.

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Celui-ci abandonna son large discours de jurons à l'égard de l'ex-mafieux, pour se consacrer à sa petite souveraine, qui recommençait ses caprices d'enfant. Laissant échapper un soupir, Sebastian se calma un peu, avant de tendre les bras en avant pour porter Ama, aussi légère qu'une plume. Cependant, il ne s'abstint pas de la garder à distance, vu qu'elle était trempée jusqu'aux os. La petite se mit à rire tout en remettant bien la veste pour se cacher :

- Waiii !

Peu importe ce qu'elle faisait, le chien de garde n'aurait jamais fait de mal à sa petite protégée, après tout, elle était tout ce qu'il lui restait. Même si un petit sermon n'était jamais de trop, il n'avait jamais osé lui donner de fessée par exemple. Et puis, admettons, ça ne se faisait ni à une Impératrice, ni à une jeune fille de dix-sept ans, ou alors on prendrait ça pour un acte pervers. A cette pensée, Sebastian posa son regard sur Atoki, encore couvert d'une autre veste. A la vue de cette scène, ne le cachons pas, le conseiller se sentait largement supérieur, mais laissa l'ex-mafieux s'exprimer. Tiens, était-ce comme ça qu'il tentait de retomber sur ses pieds ? En faisant "comme ci" ? Ben voyons, il n'était pas né de la dernière pluie, et il lui ferait bien savoir, mais plus tard. Pour l'instant, sa première préoccupation était Ama :

- Tu es toute trempée, alors que je venais de te faire prendre un bain.
- Voui, mais c'était trop drôle. Atoki-kun a été très gentil.

Gentil ? Gentil comment ? Sebastian, ne te mets pas à imaginer n'importe quoi, ce ne serait que de mauvaise augure. Quoi qu'il réservait déjà un châtiment assez sévère pour ce malotru. Reposant la petite au sol, il fit entrer le petit groupe à l'intérieur, puis amena l'Impératrice vers la salle de bain :

- Je vais juste te rincer, puis après, dodo.
- Je pourrai dormir avec Atoki-kun ?

Sur le coup, Sebastian faillit faire une attaque. Comment ça ? Dormir ? Avec ce... Ce... Absolument hors de question ! Mais qu'avait-il donc fait à leur souveraine pour qu'elle y soit tant accrochée ?! Enfin, en vérité, dans sa petite tête, si l'Impératrice voulait dormir avec l'ex-mafieux, c'était parce qu'elle avait un peu peur qu'il ne soit plus là le matin suivant, même s'il avait dit qu'il allait rester, ce pourquoi elle échappa à son conseiller pour retourner aux côtés d'Atoki, qui n'était pas vraiment plus vêtu qu'elle :

- S'il te plaît, Atoki-kun... Dors avec moi.

Ses yeux étaient mouillés. Etait-ce des larmes ou juste de l'eau coulant de ses cheveux ? Allez savoir, mais en tout cas, elle mettait vraiment ses armes de petite fille fragile -sans le vouloir bien sûr, n'était-elle pas l'innocence pure ?- pour avoir ce qu'elle voulait.

Sebastian ne semblait pas se préoccuper d’Atoki, même s’il le fusillait du regard. En effet, le plus important pour le chien de garde était Ama, qui s’était jetée à son cou. L’Impératrice était trempée, et devait au plus vite se sécher pour ne pas attraper froid. Même la punition de l’ex-mafieux passait après, malgré la colère noire du conseiller. C’est le moment que choisit Ama pour commencer à essayer de détendre Seb, tentative qui ne sembla pas marcher des masses… Une fois dans la salle de bain, la petite Impératrice osa une supplication risquée : elle voulait dormir avec son nouvel ami. Atoki crut que le chien de garde allait s’étrangler. S’il se demanda une nouvelle fois pourquoi Seb était si choqué, il ne put s’empêcher de le comprendre : après tout où allait-on si l’Impératrice partageait son lit avec n’importe qui ?

L’ex-mafieux s’apprêtait donc à refuser gentiment, quand Ama se détacha du conseiller pour se précipiter sur lui. Il s’en fallut de peu qu’aucune des deux vestes ne glisse, révélant la nudité des adolescents. La petite se mit alors à le supplier, les yeux mouillés de ce qu’Atoki prit pour des larmes, ses longs cheveux humides collés le long de ses tempes, comme une enfant fragile. Le loup eut de nouveau soudainement envie de la serrer très fort dans ses bras, mais il se contint avec difficulté : en présence de Seb il devait absolument se retenir. Sans compter qu’il ne pouvait admettre son attirance pour les toutes jeunes filles… Il se dégoûtait lui-même de voir combien la proposition de l’enfant lui paraissait alléchante. Il la repoussa donc doucement, tout en murmurant :

- Je ne pense pas que cela plaise vraiment à Sebastian…

Cependant, une part d’Atoki attendait que l’enfant insiste. Il savait que si c’était le cas il ne pourrait résister, surtout que son côté calculateur commençait à se trouver des excuses pour accepter. En effet, plus il se rapprochait de l’Impératrice, mieux son plan allait marcher non ? Et puis, il avait tellement fait mine de s’en aller, que la petite devait surement craindre qu’il disparaisse au milieu de la nuit… Il ne pouvait pas la laisser avoir peur tout de même ! Sans compter qu’elle avait peut-être l’habitude de dormir avec ses nouveaux amis, et de les rejeter le lendemain, après tout Atoki ne pouvait pas savoir s’il était le premier ou juste une envie d’un jour… L'ex-mafieux se trouvait donc des tas d'excuses pour dormir avec l'Impératrice.

L’air si suppliant d’Ama, encore plus visible depuis qu'elle s'était un peu éloignée, le poussa donc à ajouter encore plus doucement :

- Enfin si Sebastian est d’accord…

L'ex-mafieux culpabilisait de décevoir une petite fille, et aussi l'Impératrice. Mais une part de lui ne pouvait s’empêcher d’espérer que le chien de garde le lui interdirait, pour ne pas révéler ses envies bizarres... Atoki était donc vraiment partagé, et espérait tout simplement ne pas avoir à prendre la décision.

Malgré toutes ses supplications, Ama avait l'impression que ça ne fonctionnait pas avec Atoki. Il n'avait pas l'air d'avoir très envie de rester près d'elle cette nuit. Peut-être cherchait-il à partir justement ? Oh non, à cette idée, l'Impératrice ne pouvait retenir son envie de pleurer. Bon, au moins l'ex-mafieux avait de la chance car cela ne se voyait pas qu'il bataillait dans sa tête entre partager le lit de la souveraine ou se maîtriser. Et de toute façon, elle-même n'avait que les plus pures intentions qui soit. Cependant, cela ne suffisait pas à convaincre son ami, qui était plutôt effrayé par la réaction de Sebastian, et qu'il serait sûrement opposé à cette idée. Ben voyons, comme si elle avait besoin de son avis pour ce genre de chose ! La jeune fille s'en moquait bien, tout ce qu'elle voulait, c'était de la compagnie. Ils ne feraient que dormir, elle n'allait pas non plus l'empêcher de se reposer, elle n'était pas comme ça... Bon, peut-être un peu lorsqu'elle voulait montrer ses nouveaux jouets ou qu'elle faisait un cauchemar. Mais ça ne serait pas le cas cette nuit.

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Et le conseiller avait suivit la scène d'un regard sceptique et mécontent. Bon, au moins, Atoki avait compris sa réponse. Cependant, quelque chose lui fit osciller un sourcil. Sa deuxième réponse. S'il était d'accord ? Mais il était fou ce type ?! Comme si le chien de garde permettrait que sa souveraine dorme avec un gars pareil ? Et lui voyait un quelconque espoir de voir le voeu d'Ama se réaliser ? Etait-ce parce qu'il le souhaitait lui-même ? Possible, après tout, ils avaient disparu tous les deux. Sebastian ne savait pas ce qu'il avait mis dans la tête de l'Impératrice, mais il allait vite cesser de prendre ses rêves pour la réalité :

- Ah parce que vous pensiez qu'il y avait une infime possibilité que je laisse un malotru dans votre espèce dormir avec une personnalité impériale ?

Sous le coup de la réponse, Ama se retourna brusquement pour courir vers son conseiller et le regarder :

- Mais Seb, on va juste dormir ! Tu peux aussi rester.
- Là n'est pas la question. Tu te rends compte que tu ne le connais que depuis quelques heures ? Et déjà tu veux partager ton lit avec lui ?

Excusez l'expression, mais de toute façon, tout le monde savait que les intentions de l'Impératrice étaient tout à fait honorable, n'y voyez rien de pervers. Bref. Sebastian n'allait pas céder si facilement. Cependant, l'Impératrice connaissait bien son point faible. Ni chantage vicieux ni menace, mais juste :

- Je veux dormir avec lui ! Je veux dormir avec lui ! Je veux dormir avec lui !

Bon, la souveraine ne se roulait pas par terre, mais on en était pas loin, vu son type de caprice. Le chien de garde se retint de se boucher les oreilles, vu que c'était irrespectueux, mais tenta de calmer le jeu :

- Enfin, Ama...
- Mais je veuuuuuuuux !

Là, il n'y avait plus rien à dire, et après une séance de caprice durant une bonne demi-heure, Sebastian hissa le drapeau blanc :

- D'accord. Tu peux, mais en échange de deux choses. D'abord, cette nuit, je dors ici moi aussi, et demain, tu feras tous tes devoirs de la matinée, et sans chipoter.

La petite était bien trop joyeuse pour contredire, et alla se précipiter vers Atoki lorsque le conseiller la prit par le col pour l'envoyer dans la salle de bain :

- Mais d'abord, tu te laves.

Puis, il se retourna vers Atoki. Oh bien sûr, il allait aider Ama à se laver, mais tout d'abord, il avait deux mots à lui dire :

- N'imaginez surtout pas que je vous laisserai faire des tentatives. Si je vous surprend avec une main mal placée, vous allez vraiment passer un sale quart d'heure !

Puis sur cette menace, il entra à son tour dans la salle de bain pour s'occuper de la souveraine, la lavant un peu plus rapidement que tout à l'heure.

Comme l’avait secrètement espéré Atoki, le conseiller d’opposait fermement à ce que le loup dorme avec l’Impératrice. Une part de l’ex-mafieux était cependant déçue, avouons-le, mais il était heureux de voir ses pulsions contrôlées, même si ce n’était pas exactement par lui-même (il n’aurait pu que céder si Ama l’avait supplié). Cependant la petite ne s’avoua pas vaincue pour autant, proposant à Sebastian de dormir avec eux également. Mais Sebastian semblait toujours aussi catégorique : il était hors de question que l’Impératrice partage son lit avec un adolescent sorti de nulle part. Voyant la lumière volontaire qui allumait les yeux d’Ama, Atoki comprit que l’enfant était loin de se résigner, et qu’il en faudrait bien plus pour lui enlever cette idée de la tête. Il se demanda donc comment tout cela allait tourner…

Au moment où le loup se demandait si l’Impératrice possédait un moyen de pression particulier sur son conseiller (après tout, il lui obéissait presque toujours), Ama sortit son arme fatale : en fait, elle répétait toujours la même chose jusqu’à ce que Seb le lui accorde. La scène dura une bonne demi-heure, pendant laquelle Atoki dut s’empêcher de rire. C’était tellement mignon ! Et en même temps, son hilarité tenait au fait qu’il s’imaginait essayer la même chose en face de HaO, l’intendant des Roses Bleues, qui aurait fini par le faire taire à jamais en deux temps trois mouvements. L’Impératrice obtint donc finalement gain de cause, à condition de travailler le lendemain matin. Cela ressemblait tellement à un grand-frère accordant sa permission à sa petite sœur que le cœur d’Atoki se serra malgré lui… Cependant, il aimait mieux que Seb se comporte en frère qu’en amant !

Comme l’ex-mafieux repensait à Mai, il mit un peu de temps à vraiment comprendre ce qui l’attendait : il allait dormir avec Ama ! Et Sebastian… Bon ce n’était pas plus mal qu’il soit là après tout, si ça pouvait éviter au loup de se faire trancher en deux le lendemain pour avoir dormi avec l’Impératrice. Et puis ce serait sans doute le meilleur moyen de retenir ses pulsions. Surtout vu la menace que venait de lui lancer le conseiller avant d’aller aider Ama à se laver… La nuit promettait décidément d’être longue…

Enervé par le fait que l’Impératrice ait besoin de son chien de garde même quand elle se lavait, Atoki décida de profiter du temps de cette toilette pour respirer un peu. Il ouvrit la porte pour sortir de la chambre d’Ama discrètement, mais se ravisa finalement, désireux de ne pas mettre Seb encore plus en colère. Il referma la porte, et se contenta de s’adosser au mur. La journée l’avait fatigué, et ses jambes avaient peine à la porter. Il glissa donc le long du mur, pour finir accroupi. Le visage de sa sœur apparut dans son esprit, et il plongea la tête dans ses mains, peut-être pour ne pas se souvenir. Une unique larme coula malgré tout le long de sa joue, regret de sa famille perdue, pour finir sa course dans la bouche de l’adolescent. Le goût salé remplit le cœur d’Atoki d’amertume. Il fallait décidément qu’il mène sa mission à bien au plus vite…

Toute heureuse de savoir que son conseiller lui avait cédé, et qu'elle allait pouvoir dormir avec Atoki, Ama pataugeait dans l'eau de son bain, celle-ci étant bien chaude. Et puis, il faut dire qu'elle s'amusait beaucoup en général, même si elle n'avait pas de jouet, mettant sa tête sous l'eau jusqu'en dessous des yeux pour pouvoir faire des bulles avec sa bouche. Une vrai petite fille, à croire qu'elle n'avait vraiment pas mûri depuis ses huit ans. Et puis, elle n'avait même pas de mousse cette fois, mais n'allait pas s'en plaindre.

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Sebastian, lui, avait autre chose à penser qu'à l'eau du bain. Savoir que sa petite protégée allait dormir en compagnie de ce... De ce voyou, ça le perturbait beaucoup. Bon, au moins, il avait sauvé la mise puisqu'il serait de la partie également, mais ça le tracassait beaucoup. Certes, au moindre contact, il saurait agir, mais il avait extrêmement peur que l'Impératrice ne s'entiche de cet inconnu. Bon, admettons le, il n'y avait même pas 10% de réussite qu'elle ne tombe amoureuse, vu son stade mental, mais bon, n'avez vous jamais vu un enfant s'attacher à un jouet au point d'avoir envie de le garder pour toujours ? Et puis, il ne savait toujours pas d'où il venait exactement, enfin, si, quand même, mais ses intentions n'étaient pas tout à fait claires.

Tout en frottant le dos d'Ama, le conseiller ne lui faisait pas la conversation, ne la réprimant pas du tout sur son immaturité. Et après l'avoir rincée, il la frottant sans vraiment y mettre de force, ce qui alerta un peu la jeune fille :

- Seb, tu vas bien ?
- Quoi ? Oui, oui. Ama, s'il te plaît, j'aimerai commencer à te mettre en garde.

La surprise se lu sur le visage de l'Impératrice, qui laissa un peu retomber sa serviette pour écouter son chien de garde. Il devait la mettre en garde contre quoi ? Contre des voleurs de gâteaux ?

- Ama, tu grandis... Enfin, dans ta tête, tu vas grandir. Et là, tu vas t'apercevoir que des monsieurs vont te tourner autour. Mais pas comme les domestiques ou les conseillers, ils vont vouloir te toucher et te faire des bisous.
- Mais j'aime bien les bisous, moi !

Sebastian se mit à soupirer, visiblement, cela allait être plus compliqué que prévu. Pour ne pas perdre de temps, il dit tout de même enfiler une robe de nuit blanche à Ama, celle-ci étant assez longue pour cacher ses pieds, et les manches faisant presque le double de ses bras. Au moins, ça lui tenait chaud, disait-elle :

- Oui, mais là, ils voudront en faire trop. Et surtout, ils vont te toucher là, et là.
- Mais tu me touches ici, toi aussi.
- Non mais c'est pour te laver, ce n'est pas pareil. Bon, bref, si un homme commence à te caresser dans ces endroits, tu sais te battre, mais n'attire pas de scandales. Vises les yeux avec ton index et ton majeur.
- Comme ça ?

La jeune fille allait mettre ses deux doigts dans les yeux de Sebastian lorsque celui-ci les arrêta avec sa main :

- Non mais pas moi ! Enfin, tu as compris ce que je veux dire. Et si tu n'y arrives pas, tu m'appelles.
- Haaiiiii !

Toute prête pour la nuit, l'Impératrice laissa alors son conseiller pour ouvrir la porte et retrouver Atoki contre le mur avant de se jeter contre lui :

- Atoki-kuuuun !

Un gros câlin.

[ HJ :Mmm désolée pour la réponse super courte T_T ]

Atoki s’empressa d’essuyer son visage de la main au moment où il entendit la porte de la salle de bain s’ouvrir. La petite se jeta sur lui, et une étrange chaleur plutôt apaisante se diffusa dans le cœur du loup. Après tout, tout ne pouvait pas aller si mal, tant qu’il était avec Ama… Se rendant compte qu’il serrait l’Impératrice dans ses bras plus fort que cela était permis, il relâcha un peu son emprise. Le câlin s’éternisait, mais l’ex-mafieux en était content. Après tout, il y avait bien longtemps qu’il n’avait tenu personne dans ses bras… Le souvenir de Mai réapparut alors dans l'esprit de l'adolescent, mais cette fois-ci sans être trop douloureux, grâce à la présence d'Ama.

Croisant le regard réprobateur de Sebastian, Atoki décida qu’il était tant d’aller se mettre au lit. Il repoussa donc doucement Ama qui n’avait pas l’air de vouloir bouger (peut-être commençait-elle à s’endormir ?). Le loup se demanda alors avec quels vêtements il était censé dormir, sachant qu’il n’en avait pas d’autres, et que s’il se déshabillait, le chien de garde lui sauterait certainement à la gorge… Cela dit, il ne voulait pas paraître sale, et se sentit donc obligé de demander, pour montrer qu'il avait une certaine notion de l'hygiène :

- Au fait, avec quoi je dors ?...

Atoki espérerait que sa question, légitime, ne provoquerait pas la fureur de Sebastian (il avait compris que s'il tenait à la vie, il était nécessaire de ne pas énerver le chien de garde, pour éviter que ce dernier ne morde). Après tout, ils étaient dans un Palais ici, même les domestiques devaient avoir de quoi s'habiller non ?

Depuis qu'il était arrivé, Ama ne résistait pas à l'envie de serrer Atoki dans ses bras à chaque instant où elle en avait la possibilité. C'était presque un automatisme en fait, ce qui était fort amusant. Mais bon, cela pouvait s'expliquer par le fait que l'Impératrice s'était trouvé un nouveau compagnon de jeu, et ne voulait donc pas le quitter des yeux, ce qui était bien sûr compréhensible, puisqu'elle agissait comme une petite fille. D'ailleurs, elle fut bien vite légèrement dégagée de l'étreinte par le concerné, mais n'opposa pas tellement de résistance, étant donné qu'elle fatiguait. Eh bien oui, il fallait dire que le travail du matin, les audiences avec les membres de l'Assemblée, la sortie en forêt, les péripéties dans le jardin et le coup de l'auberge, c'était trop d'émotion pour notre jeune souveraine, qui fermait même les yeux, s'allongeant au sol.

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Voyant la petite Impératrice s'endormir, Sebastian s'avança pour la porter dans ses bras comme une petite princesse, avant de se retourner vers Atoki, remarquant qu'en effet, celui-ci n'avait pas vraiment de vêtements pour dormir, vu comment ils l'avaient ramené au Palais sans lui laisser le temps de récupérer des affaires. Poussant un soupir, le conseiller déposa doucement sa protégée sur le lit avant d'aller faire appeler un domestique pour qu'il lui ramène une tenue de chambre pour homme. Rapidement, celui-ci revint avec l'habit approprié que le chien de garde lança à l'ex-mafieux :

- Contentez-vous de ça !

Puis doucement, il s'approcha de la petite Ama, endormie sur le lit, serrant son Usa-chan contre elle. Son souffle doux et paisible ressemblait beaucoup à celui d'une enfant. Comme quoi, à part l'âge réel, elle en avait tout les traits. Doucement, Sebastian partit enfiler lui-même un habit noir pour dormir :

- Avez-vous encore quelque chose à faire avant d'aller vous coucher ?

Doucement, il fit passer le couverture sur sa protégée afin de la protéger du froid.

Sebastian avait porté l’Impératrice jusque dans son lit avant que la petite ne s’endorme par terre. Puis il appela un serviteur, qui lui amena un vêtement qui semblait être une sorte de pyjama pour homme. Atoki mit un peu de temps à réaliser que la tenue était pour lui (à vrai dire, il ne s’attendait pas vraiment à ce que le chien de garde lui réponde, et encore moins à ce qu’il résolve son problème), et seuls ses réflexes un peu au-dessus de la moyenne (ça sert d’avoir été mafieux !) lui permirent d’attraper le vêtement quand le conseiller le lui lança. L’accoutrement n’était pas très sophistiqué et un peu usé mais propre et c’était tout ce que demandait le loup. Il remercia donc Sebastian d’un signe de tête accompagné d’un sourire. Au moins ici il était traité comme un être humain…

Le cœur de l’adolescent se serra lorsqu’il réfléchit au nombre de mafieux, eux qui étaient censés être sa famille, qui lui auraient donné un pyjama convenable. Ils se comptaient sur les doigts de la main… Tout ça parce que le loup avait le malheur d’avoir les cheveux châtains. Et dire que sa sœur était toujours là-bas ! L’ex-mafieux dut serrer les poings pour ne pas se mettre à hurler (ou à pleurer, allez savoir). Même un homme comme Sebastian, c'est à dire un ennemi héréditaire qui s'ignorait, qui ne souhaitait que sa mort était plus sympathique, plus humain que les Roses Bleues.

Espérant que le conseiller n’avait pas perçu son trouble, Atoki répondit un peu bêtement, l’esprit toujours absorbé par d’autres pensées bien plus graves et plus sombres en rapport avec Eden :

- Ben, je dois me mettre en pyjama avant de me coucher…

L’adolescent désigna mécaniquement le vêtement qu’il tenait à la main, et se demanda où il était censé se changer. Reprenant peu à peu ses esprits (il fallait qu’il soit concentré pour tenir tête à Sebastian et atteindre le but qu’il s’était fixé), le loup ajouta rapidement, en prenant un air quelque peu embarrassé :

- J’aurais aussi besoin d’aller aux toilettes…

Car s’il était possible de se changer dans la pièce (surtout maintenant qu’Ama était endormie ou presque), il semblait peu probable que Sebastian laisse l’adolescent uriner à l’intérieur de la chambre de l’Impératrice. Atoki allait donc avoir certainement l’occasion de visiter un peu le Palais pour se repérer mieux, ou au pire de faire au moins le tour de la salle de bain contiguë à la chambre (mais c’était celle de l’Impératrice donc avec un peu de chance le chien de garde ne laisserait pas le loup y entrer), histoire de voir s'il pourrait s’enfuir par là-bas une fois son coup achevé. Bon bien sur, le conseiller pouvait aussi décider d’empêcher l’ex-mafieux d’aller aux toilettes, au risque qu’il se produise un « léger accident » cette nuit dans le lit…

Visiblement, Atoki avait vraiment des capacités mentales amoindries, vu ses réponses à deux de tension. Etait-il désintéressé ou idiot ? Peut-être perdu dans ses pensées ? Le conseiller ne savait pas quel état était le meilleur, car cela prouvait ou bien un désintérêt pour la situation, ou bien qu'il était crétin. Bref, il n'allait pas s'attarder dessus plus longtemps, ce pourquoi il se redressa rapidement pour s'approcher d'Atoki tout en soupirant :

- Suivez-moi.

De toute façon, Ama dormait, et ne ferait probablement pas de bêtise. De plus, l'Assemblée n'avait de projet de suppression, de moins selon ses sources, ce qui signifiait qu'aucun assassin n'entrerait par effraction pour tenter de la tuer le temps qu'il accompagne le péquenot aux toilettes. Tout en ouvrant la porte, le conseiller fit passer l'ex-mafieux, puis lui fit signe de le suivre afin de se rendre rapidement à sa chambre, qui n'était pas très éloignée de celle de l'Impératrice, afin qu'il puisse intervenir rapidement en cas de danger. Là, il le poussa brutalement dans sa salle de bain afin qu'il fasse ce qu'il avait à faire :

- Et ne prenez pas trop de temps.

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La petite Impératrice dormait profondément, complètement enroulée dans les couvertures. De plus, elle rêvait. Elle rêvait doucement. De quoi ? De certaines choses auxquelles pensent les gamines, comme les gâteaux, les sucreries et tout ce qui va avec. Sauf que là, Ama se trouvait dans des nuages en crème chantilly dans le ciel. Voler tout en mangeant, ah oui, c'était un vrai bonheur ! Mais combien de temps allait-il durer ? Surtout que comme maintenant, la jeune fille roulait dans son sommeil, elle n'allait pas à tomber de son lit.

Cela avait marché ! Apparemment Sebastian n’avait pas remarqué le plan d’Atoki de faire le tour du Palais pour pouvoir s’échapper facilement quand le moment serait venu. Bon évidemment le loup n’avait pas prévu que le chien de garde lui collerait aux basques (il pensait en effet que le conseiller ne prendrait pas le risque d’abandonner sa protégée)... Enfin, il ferait avec ! Seb sortit rapidement de la chambre de l’Impératrice (l’ex-mafieux avait donc visé juste en supposant qu’on ne le laisserait pas utiliser la salle de bain de l’Impératrice), en invitant l’adolescent à le suivre.

Les deux hommes ne firent que quelques pas dans le couloir car le conseiller obliqua presque tout de suite pour pousser une porte. Sebastian entra sans hésitation, ce qui poussa Atoki à supposer que la pièce était sa propre chambre, surtout si près de l’endroit où dormait l’Impératrice. Une fois seul dans la salle de bain, le loup se précipita vers la seule fenêtre de la petite pièce. Malheureusement les barreaux rendaient impossible toute évasion. Un peu déçu, l’ex-mafieux passa aux toilettes même s’il n’avait pas très envie, et se changea rapidement, passant l’espèce de pyjama qu’il avait emmené avec lui. Il aurait au moins appris quelque chose grâce à cette mini-expédition : il connaissait maintenant l’emplacement de la chambre du conseiller, lieu qu’il lui faudrait donc à tout prix éviter.

Atoki prit tout de même le temps de fouiller discrètement la salle de bain (en bon mafieux qu’il avait été, il savait que les indices pouvaient se trouver n’importe où), mais il n’y trouva rien d’intéressant (bon en même temps de là à découvrir le plan qui menaient aux archives dans une salle de bain…). Il sortit donc, et faillit heurter Sebastian qui l’attendait juste devant la porte, surement pour vérifier que le loup n’essayait pas de s’enfuir. Après tout, il ne pouvait pas deviner qu’Atoki avait changé d’avis car il avait maintenant trouvé une utilité à sa présence dans ce Palais…

L’adolescent voulait profiter de ce petit moment seul avec Sebastian pour essayer de le faire parler. Mais il ne fallait pas le mettre en colère… Atoki évita donc de poser la seule question qui lui torturait vraiment l’esprit, c'est-à-dire qu’elle était la nature de sa relation avec Ama… A vrai dire, le loup ne savait comment arriver à obtenir des informations à l’insu du conseiller. Ce dernier ne se laisserait surement pas berner facilement… Suivant le chien de garde qui retournait rapidement vers la chambre de l’Impératrice, l’ex-mafieux décida donc de commencer par une question qui lui semblait innocente :

- Dites, cela fait combien de temps que vous travaillez ici ?

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