Chambre d'Hailey

Suivant le domestique en utilisant les sons qu'il faisait, Hailey arriva assez rapidement dans ses appartements. Etant aveugle et un peu casse-bonbon sur les bords, il demanda au domestique de lui décrire sa chambre, ce que fit ce dernier sans attendre.

D'une taille relativement petite, la chambre d'Hailey ressemblait à un chantier brusquement abandonner, les murs, non peint, étaient encore à l'état brut et le parquet en bois brut semblait posséder bon nombre d'échardes, sorte de cadeaux des mafieux aux tiers. Près de la minuscule fenêtre qui fut ouverte à la demande d'Hailey, se trouvait une petite commode de récupération vide de tout vêtement. Au milieu de la pièce, un lit dont le couinement strident quand on s'y allongeait fit beaucoup rire Hailey qui s'amusait à sautiller sur son lit...

« Ça me plaît ! Je prends ! Ah au fait, comment tu t'appelles larbin ? »

Le domestique était encore traumatisé par l’arrivée soudaine et inopinée de la chef de la mafia, et par tout ce qui s’en était suivi. Il avait cependant décrit la chambre d’Hailey avec calme ; après tout, ne valait-il mieux pas obéir à un taré aveugle qui avait sauvé sa vie après l’avoir dénoncé ? Cependant, lorsque le pas-encore-Tiers lui demanda son nom, le serviteur tiqua. En effet, il était interdit aux domestiques de « garder une identité » dans Eden, c'est-à-dire qu’ils avaient interdiction de révéler des informations personnelles les concernant aux mafieux. Ils étaient donc tous censés être « équivalents », et ceci pour éviter qu’on ne les fasse chanter ou qu’ils soient dévoués à un mafieux en particulier au lieu d’être au service de l’organisation toute entière. Tremblant, le serviteur répondit donc :

- Heuuu… Je ne suis pas censé avoir de nom pour vous, je ne suis qu’un domestique vous savez. Je ne suis pas important.

Le domestique espérait qu’il ne mettrait pas Hailey en colère. Mais il n’avait pas le choix : enfreindre ce genre de règles était exclu, car il n’aurait alors servi à rien d’avoir échappé à la mort quelques instants auparavant. En effet, la sentence réservée aux serviteurs qui se dévouaient à une personne en particulier était, parait-il, bien pire que la mort, et notre pauvre homme ne tenait pas à s’y frotter.

Un silence pesant s'insinua dans la chambre de l'aveugle qui le coupa brutalement en tapant des poings et en pointant du doigt un point invisible pour lui.

« Je vois ! Garder l'anonymat ! Bah de toute façon j'arriverais à te reconnaître entre mille, donc hem... pour moi tu seras.... Laria ! ou Dougi ? Tu préfères peut-être un autre nom... Lapinou ? »

Affichant un sourire, Hailey bailla avant de se caler dans le lit.

« Enfin bref, je vais dor... méditer un peu sur ma nouvelle position, au plaisir de te revoir ! »

Heureusement, la réponse du serviteur ne sembla pas contrarier l’aveugle, qui continuait à sauter bêtement sur son lit grinçant – le bruit était horripilant d’ailleurs. L’étranger n’avait de toute façon aucune raison d’être en colère ; il était vrai qu’il n’avait pas besoin d’un nom pour reconnaître notre homme, juste de l’entendre parler. Après tout, il l’avait déjà reconnu une fois comme ça… Le domestique comprit alors qu’il ne serait plus jamais tranquille, malgré l’amusement infantile dont faisait preuve Hailey en lui donnant des surnoms ridicules…

L’aveugle arrêta enfin de s’agiter, et s’allongea confortablement sur son lit. Après tout, il devait être fatigué… Se voyant ainsi congédié, le domestique s’enfuit sans demander son reste. Mais tout promettait que le repos d’Hailey serait de courte durée. Après tout, il n’était pas entré sans les Roses Bleues pour dormir.

Le domestique n'avait pas quitté la chambre d'Hailey que ce dernier dormait déjà en ronflant bruyamment, ses cheveux aidant, on aurait pu croire qu'un vieillard dormait là, un vieillard avec un visage assez juvénile quand même...

De quoi pouvait rêver Hailey ? Fantasmait-il sur les généreuses formes de Myu ? Sur l'apparence que pouvait posséder toutes ses voix ? Autres choses ? D'ailleurs étant aveugle rêvait-il en image ou en son ? Aucune de ses questions ne trouveront de réponses (ah si, il rêve en images).

Renfermant sa prises sur son bokken qui n'était jamais bien loin de lui, l'aveugles se recroquevilla dans le lit et murmura un seul et unique mot...

« Désolé... »