Bureau de HaO

Description

Le bureau de HaO est une pièce très austère, dans laquelle il est déconseillé d'entrer sans y être invité. Les murs sont peints de couleur sombre et le plancher est recouvert d'un tapis noir d'une épaisseur très fine. La pièce est toute en longueur, la porte étant située à une extrémité. Les rideaux des nombreuses fenêtres qui longent la salle sont toujours tirés, ce qui donne presque l'impression d'être dans un couloir exigu. Il faut marcher un peu pour arriver jusqu'au bureau derrière lequel trône HaO, assis dans un grand fauteuil de l'autre côté de la salle. L'absence de chaise pour s'assoir et la tension régnant dans la pièce ont souvent vite fait d'écourter les visites.

[ Office ]

Myu était arrivée jusqu'au bureau de HaO, guidant l'aveugle. Elle espérait que tout allait bien se passer, mais ne pouvait s'empêche de trembler. L'intendant l'avait toujours terrorisée, surtout depuis qu'elle était à ses ordres. Malgré tout, elle frappa courageusement à la porte, annonçant qu'elle avait une recrue, et priant presque pour que le vieil homme ne soit pas dans son bureau. Mais il y était toujours, et Myu se demandait même s'il n'y passait pas ses nuits. La voix rauque de l'intendant retentit, indiquant à l'aveugle qu'il pouvait entrer. Myu aurait certainement pû venir avec lui à l'intérieur, mais elle avait bien trop peur et murmura donc à l'oreille de l'homme qu'elle avait accompagné :

- Je suis désolée je vais vous laisser ici. HaO est l'intendant des Roses Bleues; je vous préviens c'est un vieil homme assez rêche qui supporte mal la contradiction. Bonne chance !

Myu regarda l'aveugle entrer dans le bureau. Maintenant, il ne pouvait plus compter que sur lui-même : HaO ne lui ferait pas de cadeau. Mais s'il survivait à cet entretien, il lui resterait la chef à voir. Myu sourit avec tristesse : elle ne s'attendait pas à revoir l'aveugle un jour.

[Office]

Aider de Myu et de son bokken, Hailey arriva devant l'office de l'intendant qui allait juger s'il était apte ou non à rejoindre l'organisation mafieuse... Ce que l'on pouvait dire, c'est qu'Hailey n'aurait pu se tromper sur le fait que ce Hao devait être un homme, assez vieux de surcroît, tellement sa voix avait été sèche.

Myu jugea bon de donner quelque recommandation concernant le tempérament du vieil aigri qui semblait ne pas aimer que l'on contredise ses paroles. Souriant à la jeune femme qui semblait avoir trop peur pour entrer avec lui, Hailey la remerciât discrètement de l'avoir nourri et après quelque minute à trouver la poignée de porte, l'ouvrit.

Avançant en utilisant son bokken de façon a savoir où il allait, il se stoppa à un moment non loin de l'homme et se mit face... au mur.

« Bien le bonjour, ravis de faire votre connaissance Monsieur Hao »

HaO était de mauvaise humeur : cette imbécile de Myu l’avait interrompu au milieu d’une affaire très importante, et qui plus est pour lui amener un Tiers. Mais quelle idée saugrenue la puérile chef des Roses Bleues avait eu de permettre à des étrangers de devenir membre de l’organisation ! Décidemment, HaO ne pouvait souffrir la nouvelle génération qui avait succédé à son cher Kaderate. Le vieil homme esquissa un petit sourire cruel quand la porte de son bureau s’ouvrit : ce Tiers-là, il n’allait pas le manquer.

Le nouvel arrivant était assez grand ; sa peau était très claire et ses cheveux d’une blancheur immaculée. Mais ce qui interpela HaO fut la canne dont il se servait pour tâter l’espace devant lui avant d’avancer. Un aveugle ? L’intendant se demanda s’il s’agissait d’une plaisanterie, d’une comédie peut-être. Mais lorsque l’homme se tourna vers le mur pour parler, HaO fut certain que le visiteur ne voyait rien. Il réprima alors une grimace de colère : il faudrait absolument qu’il parle à cette stupide femme qu’il avait sous ses ordres et qui était censée limiter l’accès à Eden ! Il en avait assez de perdre son temps à cause de cette incapable !

De plus, l’étranger s’exprimait de façon précieuse, ce qui agaça l’intendant au plus haut point. Sans compter qu’il n’était absolument pas ravi de le rencontrer lui ! Furieux, HaO daigna tout de même répondre à l’aveugle par une réplique cinglante, hurlant presque :

- On ne vous pas apprit à vous présenter lorsque vous rencontrez une nouvelle personne ? Et arrêtez de parler au mur, JE SUIS LA !

Utilisant le ton du vieil aigri pour se repérer, Hailey se tourna du mur pour se tourner vers l'intendant légèrement en colère. Lui affichant un agréable sourire, il retira la visière qu'il avait sur le visage pour montrer ce qu'il restait de ses yeux, c'est-à-dire des cavités sans paupières et dont les globes oculaires semblaient légèrement fondu, ce qui ne contribuait pas vraiment à la beauté de l'homme, mais n'était ce pas un signe de politesse que l'homme d'en face puissent voir les « yeux » de son interlocuteur ?

« Désolez, je n'ai pas pensé à me présenter, pensant que vous n'auriez que faire de mon nom. Je m'appelle Hailey Sakura no Kami, simple aveugle originaire de Shangri-La... »

L’étranger s’était enfin tourné vers HaO, qui bouillait de rage. Ce Tiers osait lui répondre ! Enfin cela prouvait qu’il avait de l’audace, comme le fait qu’il enlève sa visière. Les restes de ses yeux étaient d’ailleurs assez glauques à regarder, mais l’intendant était bien trop âgé pour s’en impressionner ou pour ressentir de la pitié. En revanche, le nom de famille de l’aveugle était des plus intéressants. En effet, rien de ce qui se passait dans Word End n’échappait à HaO, et grâce à son excellente mémoire il se rappelait les moindres détails. Dont cette étrange histoire… Se pouvait-il que… ? L’intendant voulait en avoir le cœur net :

- Ainsi vous êtes originaire de Sangri-La ? Et que venez-vous faire par ici ? Vous pensez vraiment qu'un aveugle peut être d'une quelconque utilité dans une mafia ?

L'intendant s'esclaffa bruyamment, comme s'il venait de débiter la meilleure blague de l'année. Puis il jeta un bref coup d’œil à l’importante affaire que sa présomptueuse chef lui avait confiée, et un sourire machiavélique tordit les coins de sa bouche ridée. Finalement, cet aveugle pourrait peut-être s’avérer utile.

Hao ne fut pas le seul à rigoler, en effet Hailey était parti dans un fou-rire, pour dire vrai bon nombre de personne ne se doutait pas de ce que pouvait faire un aveugle, ils avaient juste perdu leurs vues, l'expérience restait elle...

« Hum... Disons que je vais là où m'emmène le Vent et il se trouve qu'il m'a emmené ici... Malgré ma cécité, j'arrive à me débrouiller pour subsister. De plus certaine personne ne se méfieront jamais d'un aveugle... et ceux dans tous les coins de ce monde... »

L'aveugle fit un énorme sourire à Hao, ne faisant à peine allusion au fait que Myu n'avait même pas douté qu'il soit véritablement atteint de cécité, chose étonnante...

« Bref... Mais peut-être devrais-je faire mes preuves en réalisant quelque chose pour vous »

Pendant qu’Hailey parlait, HaO en profita pour sortir discrètement un petit cahier et le feuilleter sans faire aucun bruit.

* Mmm, l’apparence concorde, le handicap et le nom également. Le lieu d’origine et l’âge semblent tout aussi conformes. Voilà qui me semble parfait. *

L’intendant n’avait écouté l’aveugle que d’une oreille : peu lui importait tout ce que cet imbécile pouvait bien raconter. Il répondit cependant calmement :

- Non non ça ira. Je vous aime bien finalement, je vais vous envoyer directement voir la chef. Tenez, je vais même vous faire une note pour lui expliquer la situation.

HaO déchira une feuille de son cahier et inscrivit rapidement quelques mots. Il ajouta alors sur un ton glacial :

- Je vous conseille de le lui donner sitôt passé la porte. Il serait dommage qu’elle se méprenne sur votre compte n’est ce pas ?

Si ces derniers mots sonnaient comme une menace, le reste des paroles du vieil homme avaient été étonnamment polies. D’ailleurs HaO s’était montré serviable, ce qui lui ne lui arrivait jamais. Mais tandis que l’aveugle, après avoir remercié, ouvrait la porte pour sortir, l’intendant murmura :

- Pff comme si je pouvais apprécier quelqu'un comme toi... Mais après tout, il faut bien que je te remercie d’avoir assassiné ton charmant paternel…

A ces mots, le visage ridé du vieil homme s’assombrit, mais ses pensées restaient impénétrables. Malheureusement pour le pauvre aveugle, il était déjà trop loin pour entendre.

Resserrant sa prise sur le papier que lui avait donné Hao, Hailey le remercia tout en pensant qu'il devait s'être trompé de personne en lui disant qu'il l'aimait bien, l'aveugle préférant les jeunes femmes au vieux tout rabougri.

Il se demanda cependant quelque instant si Hao n'utilisait pas sa cécité pour l'utiliser comme messager de sa propre mort, peut être allait-il faire lire ça à la jeune femme qui lui avait donné à manger...

Remettant sa visière, il sortit et n'entendit pas les dernières paroles du vieux rabougri, Hailey pesta en s'apercevant que visiblement la jeune femme semblait être parti vers des lieux plus clément, trouver le bureau de la cheftaine allait être amusant...

[Couloirs de Géhenne]

[ Bureau de Tirina ]

Tirina avait presque couru jusqu’au bureau de HaO, tenant toujours sa dague ensanglantée de la main droite. Elle poussa la porte de l’antre de l’intendant brusquement, sans même frapper ou annoncer sa venue. De toute façon, le vieil homme était toujours dans son bureau, et si par hasard il y avait eu quelqu’un avec lui, la chef des Roses Bleues était prioritaire de par son statut. Mais HaO était seul dans la pièce, assis à son bureau, en train de remplir des papiers, fidèle à lui-même. La jeune femme questionna donc l’intendant, un empressement palpable dans sa voix :

- Tu crois que c’est lui ??

Bureau de HaO Hao

HaO était en train de s’occuper des comptes de l’organisation, quand il entendit courir dans le couloir. Les pas pressés se dirigeaient par ici ; la porte s’ouvrit précipitamment et quelqu’un entra en trombe. Le vieil homme s’apprêta à hurler contre le manque de politesse du nouveau venu, quand il se rendit compte que c’était la chef des Roses Bleues qui se tenait devant lui. Elle avait donc dû recevoir le fameux aveugle… Et en avait tiré les mêmes conclusions que lui. Devant la précipitation de Tirina – ah ces jeunes, toujours trop pressés, l’intendant répondit calmement :

- Oui, j’en suis même presque sûr.

La chef des Roses Bleues tenait entre ses doigts un poignard dont la pointe semblait avoir été trempée dans du sang. Comme elle avait la main levée, un observateur extérieur aurait pu croire qu’elle s’apprêtait à occire l’intendant. Celui-ci, qui avait compris de quoi il s’agissait, en plaisanta :

- Tu comptes me tuer avec ça ?

La jeune femme lui jeta un regard assassin, et le vieil homme redevint sérieux. Ah ces jeunes, il ne savait pas prendre le temps… Enfin il pouvait comprendre que Tirina soit pressée. Après tout, il s’agissait de laver l’honneur de son père. Si l’intendant semblait impassible, il désirait également venger son ancien chef qu’il adorait. Il s’approcha donc de la jeune femme, et récupéra doucement la dague par son manche.

- Bien bien je vais analyser tout cela… Comment as-tu donc réussi à récupérer son sang ? Tu ne lui as pas demandé au moins j'espère, idiote comme tu es…

Bureau de HaO Tirina

Voilà pourquoi Tirina ne supportait pas cette espèce de vieil aigri qui lui servait d’intendant. Elle avait d’ailleurs été étonnée qu’il lui réponde sincèrement qu’il pensait effectivement qu’ils avaient enfin trouvé la bonne personne : Hailey Sakura no Kami. Mais il s’était vite rattrapé, en osant se moquer d’elle. La jeune femme nota également qu’il la tutoyait toujours, alors qu’il avait l’habitude de vouvoyer son père. Tout le monde était censé vouvoyer le chef de la mafia d’ailleurs, y compris l’intendant. Mais ce vieux n’en faisait qu’à sa tête, exprimant ainsi son manque de respect pour la nouvelle chef. Décidément, il ne perdait jamais une occasion d’être impoli ; Tirina le détestait.

Cependant, au regard que lui avait jeté la chef des Roses Bleues – pendant une seconde, elle avait même envisagé la possibilité de le tuer mais malheureusement elle en avait besoin, HaO avait compris qu’il fallait qu’il arrête de plaisanter, sans quoi sa vie serait vraiment en danger. Il avait donc récupéré la dague, dont il allait analyser le sang, pour vérifier qu’ils ne s’étaient pas trompés d’individus. Non que cela embêterait Tirina d’envoyer n’importe qui exécuter cette mission, mais elle allait pouvoir s'en donner à coeur joie s'il s'agissait bien de cet énergumène.

Tirina répondit à la question de l’intendant sans relever son ton insultant. Toute idiote qu’elle était, elle savait garder la tête froide : elle avait encore besoin de cet imbécile. Mais l’organisation pourrait compter sur elle pour se débarrasser de HaO sitôt qu’il deviendrait inutile. Sur ces pensées, la jeune femme sourit gentiment :

- Il n’a pu se rendre compte de rien. Je l’ai fait sur le coup de la colère voyons ! Tu me connais, je suis si susceptible !

Elle avait insisté sur le « si ». Après tout, autant jouer le jeu de ce stupide intendant ; on verrait lequel des deux y survivrait… Et la jeune femme ne douterait pas que cela serait elle. Après tout, à Eden à part le chef, personne n'était indispensable : il suffisait de trouver quelqu'un qui surpasse HaO.

Bureau de HaO Hao

La réponse de Tirina avait laissé HaO perplexe. Il ne l’aimait pas, mais il devait bien reconnaître qu’elle n’était ni stupide ni susceptible – elle n’était pas la fille de Kaderate pour rien. Et puis ce sourire qu’elle lui avait lancé, style « moi aussi je t’apprécie beaucoup » rendait sa réponse encore plus angoissante… Si la jeune femme ne s'énervait que rarement malgré toutes les insultes qu'il pouvait lui envoyer, elle ne souriait normalement jamais en sa présence.

- Bon, je vais m’occuper de ça tout de suite, tu peux récupérer la paperasse à propos de cette mission sur mon bureau. Enfin si tu es assez intelligente pour la remplir bien sur... Et retourne dans ton antre, j'ai pas le temps de materner !

A vrai dire, le vieil homme se sentait mal à l’aise et avait hâte que la jeune femme s’en aille. Quelque chose dans son attitude lui faisait peur aujourd’hui, même s’il ne montrait rien. Il sentait qu'il avait intérêt à garder le secret de l'ADN pour lui, afin de ne pas être expulsé d'Eden. Car cette petite peste oserait...

Bureau de HaO Tirina

La technique de Tirina semblait avoir marché : finalement, se montrer gentille envers HaO lui faisait plus peur qu’être méchante, étant donné que c’était inhabituel. Elle savait en effet qu’elle avait effrayé le vieil homme, car il lui avait demandé de sortir. Normalement, c’était toujours elle qui partait, alors que l’intendant la priait de rester un peu plus, s’amusant de sa gêne. La chef des Roses Bleues fit son plus beau sourire à HaO, ramassa les papiers concernant la mission de l’aveugle qui se trouvaient toujours sur le bureau, en dessous des comptes, et sortit doucement du bureau de sa démarche féline. Elle avait enfin gagné un round contre ce cafard.

[ --> Bureau de Tirina ]

[ Entrée d’Eden ]

Myu courait presque quand elle débarqua dans le bureau de HaO, sans frapper. Elle ne supportait plus cette impression d’être suivie par un démon, et avait oublié la peur qu’elle ressentait envers l’intendant, tant la terreur que provoquait l’homme derrière elle était grande. Elle avait même oublié que l'intendant la battait souvent, et ne cherchait qu’un visage familier. Aussitôt entrée, elle tourna sa figure ravagée par les larmes vers HaO, balbutiant des mots incompréhensibles en pleurant de plus belle. Son nez coulait ; on aurait dit une enfant.

Bureau de HaO Hao

L’intendant était en train de pester contre cette incapable de Myu quand la porte s’ouvrit brusquement. Comme la personne n’avait pas frappé, HaO crut qu’il s’agissait de Tirina, même si elle avait l’habitude d’être au contraire extrêmement polie. Comme quoi il arrivait que Myu fasse son travail : il lui avait en effet ordonné de ramener la chef des Roses Bleues. Après être revenue expliquer à l’intendant que Tirina ne pouvait se déplacer tout de suite, la timide femme était partie voir s’il y avait de nouveaux Tiers potentiels. Mais apparemment, tout s’était arrangé, et la chef des Roses Bleues avait pu se libérer. Enfin, c’était ce que croyait HaO avant qu’il ne voit débarquer la fameuse pseudo-domestique en larmes. Et bien non, ce n'était pas Tirina. Mais qu’est ce que Myu avait fait, encore ?! Décidément, cette femme était la pire des plaies, et l’intendant ne se priva pas de le lui faire savoir :

- Mais tu es vraiment une incapable ! Tu n’es pas fichu de me ramener Tirina, et en plus tu te donnes en spectacle ?! D’ailleurs je doute que tu aies réellement fait passer le caractère urgent de mon message à la chef, étant donné qu’elle n’est pas encore là ! Pitié de la mafia, il aurait vraiment mieux valu que tu ne naisses jamais !

A ces mots, HaO frappa la joue de la pseudo-domestique, si fort qu’elle en chancela et faillit tomber. Personne ne savait pourquoi l’intendant était si dur avec Myu ; on supposait donc qu’il ne supportait tout simplement pas les gens inutiles. Le vieil homme aigri sembla ne se rendre compte qu’à ce moment là de la présence d’un homme derrière la femme en pleurs. Il l’avait en réalité aperçu depuis longtemps, mais ne lui avait pas accordé un regard. Il tenait à voir comme cet étranger allait réagir face à la scène violente qui s’était déroulée devant ses yeux. HaO avait beau savoir qu’il était facile de faire pleurer sa subordonnée, cet homme avait quand même dû lui faire drôlement peur pour qu’elle se soit précipitée dans le bureau de celui qui la battait pour y trouver protection. Tout cela était fort intéressant, et pourrait peut-être résoudre le fameux problème dont il voulait parler avec Tirina.

L’intendant fixa le nouveau venu de son regard froid habituel pendant quelques secondes et détourna les yeux. Avant de lui parler, il devait d’abord se débarrasser de l’empotée, qui du reste, avait certainement envie de partir d’ici le plus vite possible. Il s’adressa donc de nouveau à Myu :

- Aller va pleurer ailleurs, espèce de bonne à rien !

Comme la timide femme ne bougeait pas, se frottant la joue en continuant de pleurer, il lui donna un coup de pied dans le mollet. Myu se dirigea alors lentement vers la sortie du bureau en geignant. HaO leva les yeux au ciel, et ses lèvres bougèrent comme s’il se parlait à lui-même :

- Quelle scène pitoyable !

Rien ne l’intéressait plus que la réaction de l’étranger. Cependant, l’intendant retourna tout de même s’assoir à son bureau avant de s’adresser à ce dernier :

- Mais approchez, je vous en prie. Navré que vous ayez du assister à cela. Comment vous appelez-vous ?

Le regard de HaO était glacial, et il avait l’air tout sauf désolé. Un sourire cruel se dessina sur son visage alors qu’il dévisageait le nouveau venu en attendant sa réponse. Décidément, celui-ci serait parfait pour régler le problème. Quelle chance ! Enfin, pas forcément pour lui… L’intendant se retint de ricaner.

Noroi ne ressenta pas le moindre remord quant au fait qu'il avait fait pleurer la domestique. Il se disait qu'elle le méritait, comme tous les autres Hommes. Il aimait les faire souffrir, les torturer psychologiquement surtout. Les faire tomber dans des Ténèbres d'où ils ne pouvaient sortir, c'était ce que cet homme empoisonné s'amusait à faire. De plus, celle-ci avait été vraiment facile à faire craquer: "une faible d'esprit". Ca lui avait alors redonné une joie immense. Oui, la voir pleurer lui avait procuré de la joie... Etrange, sauf lorsque l'on est sadique, n'est-ce pas?
Il ne quitta pas du regard la jeune femme quand celle-ci se hâta d'aller sur le pont, et se mit finalement à la suivre. Elle le faisait rire, décidément: son regard dirigée vers le sol, sa marche rapide et son silence témoignaient de la peur qu'elle éprouvait envers lui. Et pour Noroi, c'était un plaisir d'être craind, même si apparemment c'était chose facile de l'effrayer. Qu'importe, bientôt, tous les humains éprouveraient ce même sentiment de peur quand ils croiseraient le regard vers lui, ils le supplieraient de les laisser en vie, et ça, ce serait un vrai délice....

Ils traversèrent beaucoup de couloirs, quand ils arrivèrent enfin à destination. La jeune femme s'empressa d'entrer, en pleurant. Noroi, quant à lui, rentra doucement dans la pièce, tout en examinant. Ce n'était pas très accueillant, et cela en valait sûrement de même pour le vieil homme qui se tenait au fond. Celui-ci avait frappé la jeune domestique sur la joue, avec une telle puissance qu'elle faillit tomber, ou cela résultait-il de la faiblesse de celle-ci? Il l'insultait, la traitant d'incapable, usant de mots très durs, mais que Noroi avait l'habitude d'utiliser. Ce dernier ne semblait pas gêné par la scène qui se déroulait sous ses yeux, au contraire, il se disait que c'était bien fait pour elle, qu'enfin elle était remise à sa place. Après, cela ne voulait pas dire qu'il était sur la même longueur d'ondes que ce vieil homme, car lui aussi mériterait des coups.
Noroi baissa ses yeux lorsque la pauvre femme se prit un dernier coup au niveau du mollet, afin de la faire partir, la fixant de son air amusé. Ce fût réussi: elle s'en alla vite, comme une souris que laisse échapper le chat après avoir fini de jouer. Noroi eût un léger sourire, assez sadique sur le visage, signe de jubilation intérieure. Il ramena sa main à sa bouche, comme pour camoufler son rire, et suiva de son regard fourbe la femme tourmentée quitter la pièce, qu'il posa finalement sur l'homme.

Ce dernier le dévisageait presque, et être analysé de la sorte déplaisait fortement à notre cher "élu". C'est pourquoi il prit un air hautain, arborant toujours un sourire perfide, le faisant presque ressembler à un serpent. Puis il s'approcha de l'homme.

"J'en ai vu d'autres, ne vous inquiètez pas pour moi."

Le ton sarcastique qu'il avait employé et son air diabolique montraient bien entendu qu'il se fichait bien de ce qu'il pouvait advenir de la jeune femme, et aussi qu'il se moquait du viel homme. En effet, il savait très bien que ce dernier ne s'inquièterait pas pour lui, mais c'était pour insister sur le fait qu'il n'était pas choqué pour si peu, car lui aussi se montrait odieux. Odieux, lui? Non, les humains le méritaient. Il ne faisait que leur donner la seule chose qu'ils avaient le droit d'avoir. Il continua alors, toujours sur le même ton:

"De toutes façons, ce n'est pas important, n'est-ce pas? Je me présente donc: Noroi Hayajinisuru."

Son nom pouvait paraître difficile à retenir, certes, mais ils entendraient parler de lui, quand ils le supplieraient de l'épargner....

Décidément, le nouveau venu semblait cruel, s’amusant de la douleur de Myu. Non que cela embêtât HaO, mais Tirina interdisait la violence et les disputes entre membres de la mafia. S’il ne voulait pas mourir tout de suite, cet étranger avait intérêt à faire attention à ses réactions. Enfin au moins, ce n’était pas un incapable, lui. Finalement, l’intendant était plutôt content de cette rencontre, qui s’avérerait certainement très utile. Cependant, il fallait qu’il mette les choses au point. Surtout qu’il avait la vague impression que le nouveau venu se moquait de lui, ce qui ne faisait ni chaud ni froid à HaO. Ce dernier ne s’attachait à personne : s’il fallait tuer ce Noroi, il en resterait tout aussi indifférent. Mais avec un tel caractère, il aurait été dommage de ne pas arriver à le dresser pour faire de lui quelque chose n’est ce pas ? Et ce qui comptait pour l’intendant était l’intérêt des Roses Bleues. Il laissa donc passer un court instant, pendant lequel le silence se fit pesant, puis parla d’une voix calme :

- Vous savez que je peux vous faire tuer juste en un claquement de doigts ? Je vous conseille de ne pas trop en faire ici, même si vous semblez vous sentir supérieur à tout et à tout le monde. La chef déteste que les membres de l'organisation se disputent... Enfin je dis ça dans votre intérêt bien sûr.

HaO sourit de plus belle : soit il le matait, soit il lui tranchait la gorge. Et, encore une fois, il aurait été dommage de perdre un aussi bon élément. L’intendant observa l’homme plus attentivement : trop maigre, trop pâle, d’une pâleur mortelle même. Etrange pour un homme de son âge... Tout à coup, le regard de HaO fut attiré par un minuscule détail sur le kimono de Noroi. Voilà qui était fort intéressant… L’intendant avait peut-être trouvé un moyen d’éduquer cet étranger, qui semblait ma foi fort sauvage. Même si tout ne partait que d’un coup de bluff, HaO voulut tenter. Après tout, si ça ne marchait pas ou si l’intendant s’était trompé (ce qui arrivait cependant extrêmement rarement) il suffisait de s’en débarrasser. L’intendant ajouta donc :

- Et puis quand on a une santé comme la vôtre, il peut être utile de créer des liens avec la mafia. Nous avons plein de connaissances utiles à notre disposition, qui pourraient vous intéresser je suis sûr.

Si Noroi tenait vraiment à guérir, cela suffirait. Enfin, ce n’était pas comme si il était vraiment prévu de le soigner tout de suite bien sûr… Ce serait uniquement s’il survivait, et surtout s’il prouvait sa fidélité envers les Roses Bleues. HaO regarda encore une fois le kimino du nouveau venu : il s'agissait bien d'une tâche de sang. Elle aurait bien sûr pu se trouver là par hasard, mais l'air de l'étranger poussait à penser qu'il était très malade. Cependant, si aucune maladie n’était incurable pour l'intendant, certains hommes l’étaient. Restait à savoir si Noroi en faisait partie, et surtout espérer que non. S'il n'acceptait l'offre de HaO, son sort était certainement scellé.

Ce vieil homme semblait était une personne sadique, qui semblait se ficher des autres. Noroi se dit qu'avec ce caractère, peut-être que cet homme voudrait le rejoindre? Aprèstout, ce n'était pas une possibilité à écarter. Seulement, il était un peu....âgé. Tiendrait-il assez longtemps? En fait, le nombre d'années qu'il pouvait avoir, et qui devait être énorme pensait-il, surtout par rapport à lui, n'était pas si important que ça. En effet, il ne fallait surtout pas sous estimer les personnes âgées, ce sont sûrement elles qui nous surprennent le plus parfois. Et puis, même s'il ne l'aidait pas en combat, il pouvait lui être utile dans toutes sortes de domaines, car cet homme avait peut-être un don. Enfin, n'exagérons pas non plus, mais il possédait le pouvoir de persusasion, malgré son vieil âge. Et tout le monde ne l'a pas. Enfin, après, Noroi ne pouvait guère plus s'avancer sur ce sujet, cet homme n'avait pas fait ses preuves devant quelqu'un de plus grand hierarchiquement et physiquement, alors pour le moment, il attendrait.

Le silence se fit pesant, car HaO ne dit mot. Noroi en profita pour l'analyser, sans rien dire lui non plus, restant debout sur place. Puis il leva ses yeux maladif vers l'homme quand ce dernier prit la parole. Il lui disait qu'il pouvait le tuer s'il en avait envie et s'il se montrait arrogant, usant de l'ironie dans le but de le provoquer ou peut-être, de mettre à l'épreuve son intelligence et son sang-froid? Qui sait. Mais le vieil homme déchanterait bien vite, quand il le torturerait...
Ce genre de remarques, et cette supériorité que prenait ce vieil homme ne plaisait pas du tout à notre cher mégalomane, mais il gardait un air calme et souriant. Seulement, cette expression sur son visage disparut vite quand le vieil homme lui parla de sa santé, quelque peu.....mauvaise. Comment pouvait-il le savoir? Il n'avait rien montré dans son attitude pourtant... Peut-être était-ce physique? C'est vrai qu'il paraissait faible, mais quand même.... Noroi se disait que l'homme ne pouvait être sûr de rien, et qu'il jouait sûrement avec lui. Ca ne l'enchantait pas, mais la proposition lui parût fort plaisante. Des médecins seraient mis à sa disposition, et s'il était guéri, ses chances de recréer son Nouveau Monde augmenteraient. Noroi ne pût alors empêcher un sourire dément d'apparaître sur son visage pâle. Ses yeux ne refletaient que la folie, et il ricana légèrement, lui donnant un aspect un peu détraqué, ce qui était évidemment le cas.

Il porta une main à son front, et rit légèrement, et, d'un coup, perdu son sourire, laissant apparaître un visage neutre et vide. Il ne supportait pas qu'un humain connaisse ses faiblesses, mais bon, si ça pouvait l'aider....
Il porta alors son regard dérangé sur l'homme.

"Votre proposition est interessante, mais, comme vous me l'avez fait remarquer tout à l'heure, il vous suffit d'un claquement de doigt pour me tuer, alors qui me dit que vous ne me menez pas en bâteau? Après, jamais je n'oserais insinuer que vous mentez, je me doute que vous entretenez des liens, mais la question est de savoir si oui ou non je jouisserai de ces liens, et surtout quand?"

Dire cela lui déplaisait fortement, admettre sa seule faiblesse le mettait hors de lui, mais si c'était le seul moyen de le guérir, alors pourquoi pas? Il passerait outre sa fierté, et se "soumettrait" temporairement à eux, le temps qu'ils lui fassent confiance, et comme cela, il serait en mesure de les trahir et de les manipuler à sa guise.
Pourtant, il n'insistait pas sur le fait qu'il avait une maladie pour le moment incurable, il laissait croire qu'il aurait juste la santé fragile...

Pour prouver sa "soumission", il s'inclina légèrement, signe de respect. Bien entendu, il devrait faire semblant, et même si ça ne lui plaisait pas, il allait y être obligé, s'il ne voulait pas avoir des complications, et s'il voulait faire partie des Roses Bleues.

Toutes les pièces du puzzle commenceront à se mettre en place lorsqu'il parviendrait à être "l'un des leurs".

Apparemment, le vieil homme avait visé juste ; son expérience avait payé. En effet, le visage de son interlocuteur avait complètement changé lorsqu’HaO avait mentionné sa santé. L’intendant avait alors eu l’impression de se trouver face à un fou, tant la réaction de Noroi avait été étrange : ce dernier s’était mis à rire comme un possédé. Cependant, ce n’était pas la première fois que le vieil aigri avait affaire à des personnes dérangées (après tout, il fallait bien l’être au moins un peu pour vouloir entrer comme victim… pardon comme Tiers dans la mafia), et cela ne l’inquiétât pas vraiment. Et puis ce pâle jeune homme semblait avoir un semblant de raison malgré sa folie, puisqu’il s’exprimait normalement et avait assez de tact et d'intelligence pour cacher ses sentiments.

HaO avait vite compris que Noroi ne semblait supporter aucune sorte d’autorité. L’avantage des Roses Bleues de souche consistait d’ailleurs en une obéissance, un dévouement même, presque sans borne envers leur organisation qui était leur famille. Alors qu’on ne savait jamais à quoi s’attendre avec les Tiers… C’était la raison essentielle qui avait poussé l’intendant à s’opposer au projet de la chef d’intégrer des étrangers dans la mafia. Sans parler de la tradition familiale perdue ! Mais bien sur, Tirina n’en avait fait qu’à sa tête, comme d’habitude. Il fallait donc pour la plupart des Tiers trouver un moyen de pression pour les pousser à obéir. Et bien les surveiller pour repérer immédiatement les signes avant coureurs d’une trahison. Heureusement que le vieil homme était doué pour ça.

La réponse de l’étranger prouva qu’il avait un esprit acéré, malgré cet air dément qui avait du mal à le quitter. Les lèvres de l’intendant s’étirèrent en un sourire : décidément, c’était vraiment l’homme qu’il fallait. HaO fut cependant un peu surpris que son interlocuteur cède aussi facilement ; il avait vraiment dû toucher un point sensible. Noroi semblait en effet prêt à se soumettre si on lui prouvait qu’il allait guérir… Cependant, le vieil homme ne pouvait imaginer la gravité réelle de la maladie de cet étranger, même s’il commençait à avoir des soupçons. Il avait lancé ça presque au hasard, et apparemment il était vraiment très bien tombé. Enfin une bonne nouvelle ! Cependant, tout n’était pas encore gagné, l’intendant repris donc la parole d’une voix mesurée :

- Mais rien ne vous oblige à me faire confiance. Cependant, sachez que le code d’honneur des Roses Bleues est connu dans le continent tout entier.

Ce n’était pas faux. La mafia était connue pour ne jamais abandonner ses membres. Cependant, il y avait de nombreuses exceptions : en réalité, la condition principale était que le membre en question soit fidèle à l’organisation et qu’il en respecte les règles, et, dans une moindre mesure cependant, qu’il lui soit utile. Cela dit, les Roses Bleues n'abandonnaient jamais non plus ceux qui avaient trahis. Enfin jusqu'à ce qu'ils soient morts s'entend. HaO chercha donc à faire passer ce message :

- Bien sûr, je ne pourrais partager mes informations avec vous qu’à condition d’être sur que vous soyez fidèle à notre organisation et que vous en respectiez les règles. Le moment ne dépendra donc que de vous.

Regardant bien Noroi, le vieil homme se dit qu’il était inutile de le mettre au courant de ce qui l’attendait pour le moment. Après tout, il y avait tout le temps ! Et les analyses ADN de cet aveugle stupide étaient encore en cours. Il n’était donc pas la peine de demander un peu de son sang au pâle jeune homme, ce qui renseignerait définitivement l’intendant sur la maladie exacte de ce dernier. Et puis HaO sentait bien que ce n’était pas un sujet à débattre : Noroi ne semblait pas vouloir parler de sa santé. Inutile donc de lui préciser que le meilleur médecin connu par la mafia était très certainement le vieil aigri lui-même. Ce dernier se contenta donc d’ajouter d’une voix sèche :

- Il ne reste plus qu’à vous faire accepter par la chef. Rappelez-vous ce que je vous ai dit : les disputes sont interdites entre les Roses Bleues. Et, cela va sans dire, considérez la comme votre supérieure hiérarchique.

Au moment où HaO allait envoyer Noroi dans le bureau de Tirina, il se souvint qu’il avait mandé la jeune femme ici. L’intendant songea que ce n’était pas plus mal s’il restait pour l’entretien… Il fallait en effet impérativement que cet étranger soit accepté par la chef : la mafia en avait besoin. Cependant, le vieil homme désirait parler seul à seule avec la fille de Kaderate, et la présence de Noroi empêcherait ce dialogue d’avoir lieu… Sans compter que nul ne savait quand Tirina arriverait. L’intendant oublia un instant son interlocuteur pour se plonger dans ses réflexions : comment allait-il arranger tout cela ?

Le vieil homme changea plusieurs fois d'expressions: du sourire à l'étonnement, pour revenir à un air hautain. Noroi se disait qu'il avait peut-être vite avoué sa maladie, mais après tout, on ne pouvait savoir la gravité de celle-ci. Et quand bien même on le saurait, qu'est-ce que ce HaO pourrait-il bien faire de plus? Ne pas lui administrer de soins? Et alors? Même s'il faisait ça, le fait d'être guéri ne rentrait au départ pas dans les plans de notre cher mégalomane. En effet, il n'avait qu'à y gagner: s'il était soigné, tant mieux; si non, son plan ne changerait pas, car il n'avait pas pris en compte d'être guéri. Alors qu'importe que ce vieil aigri le sache ou pas. Même si guérir serait le mieux, c'est pourquoi il ferait tout son possible pour se procurer ces soins, coûte que coûte, si soins il y a.
De plus, en avouant ça, ne prouvait-il pas qu'il ne mentait pas, et ne cachait rien aux Roses Bleues? Le fait d'avoir réagi comme ça ne faisait qu'améliorer sa situation, dans l'esprit de Noroi. Ce qui ne fit qu'agrandir son rire. A bas sa fierté pour le moment, il fallait qu'il se soumette, pour qu'ensuite il puisse éclore et devenir leur Dieu à tous.

Bon, les paroles de HaO semblaient vraies et dignes de confiance, alors il n'insista pas plus. Par contre, le vieil homme lui dit qu'il devrait en aucun cas trahir les Roses Bleues pour jouir de ces liens. De plus, il lui disait qu'il fallait qu'il soit sûr de fidélité envers eux, et qu'enfin après il en aurait le droit. Noroi s'en doutait, et ferait tout son possible pour se faire accepter. Il préférait prendre son temps, mais si ça allait vite, tant mieux, car sa maladie ne ferait que s'aggraver.
Il s'inclina légèrement, signe de respect, sans pour autant quitter son sourire malicieux, et dit d'une voix miéleuse:

"Je souhaite plus que tout appartenir aux Roses Bleues, vous pouvez donc me faire confiance. J'espère donc que vous tiendrez parole."

Son regard refletait le mal et l'espiéglerie. Pourtant il n'avait pas menti. Il désirait vraiment faire partie de la mafia, mais jamais dans ses dires il n'avait dit qu'il ne les trahirai pas. Noroi se considérait donc comme quelqu'un d'honnête, ne faisant que dire la vérité.

Les disputes étaient interdites. Il ne se disputait jamais, il les engendrait, alors ce n'était pas un problème. Quant au fait qu'il devait se soumettre à la Chef, il trouvait cela logique. Il n'avait pas le choix. Faire face au chef n'était pas bon pour lui, il allait falloir faire attention à ce qu'il disait, et que surtout il ne s'emporte pas. Mais il s'en sentait capable. C'était tellement excitant. Tout ceci était comme un jeu. Non, c'était bien plus pour Noroi, mais il s'amusait bien pour le moment. Et puis, s'il considérait cela comme tel, cela serait peut-être plus facile à supporter le fait qu'il devait jouer au toutou.

L'homme pâle remarqua quelque chose d'étrange chez HaO, et, intrigué, lui demanda alors:

"Que vous arrive-t-il donc? Vous semblez songeur."

Noroi mit ses dans les manches de son kimono, afin de croiser les bras, et son masque ne le quittait pas. Pourquoi donc ne l'envoyait-il pas chez le Chef? Etrange... Peut-être était-elle occupée à autre chose, qui sait? Quoi qu'il en soit, Noroi voulait la rencontrer, c'est pourquoi il reprit:

"Y aurait-il un problème avec la Chef? Si je peux faire quoi que ce soit."

Le ton de l’étranger semblait sincère, et HaO décida de le croire. De toute façon, les Roses Bleues avaient besoin de lui. S’il mentait, il suffisait de le faire tuer après, sitôt qu’il serait devenu inutile. Pour l’intendant, Noroi était donc accepté, même s’il était louche. De toute façon le vieil homme ne faisait confiance à personne – peut-être était ce pour cela qu’il avait vécu aussi longtemps. Cependant, après avoir surpris le regard du nouveau venu, HaO décida d’être encore plus prudent que d’habitude avec lui : il semblait vraiment dangereux. Mais l’intendant savait qu’il prenait la bonne décision ; de toute façon, il ne se trompait jamais.

Mais il devait faire accepter cet être à Tirina. Ce serait une autre histoire… En effet, la chef refusait systématiquement tous les individus qui pouvaient nuire à l’esprit de groupe. Elle n’avait d’ailleurs pas tort : les Roses Bleues formaient un clan, et se devaient de rester unies en toutes circonstances. Les personnes ne semblant pas complètement psychiquement stables étaient donc exclues… Et HaO était presque sur que c’était le cas de Noroi.

Le vieillard sortit de ses pensées au moment où l’étranger remarquait son trouble. Il était rare que les autres se rendent compte quand HaO était préoccupé, mais là cela semblait être le cas, ce qui prouvait bien que l’intendant était ennuyé par la situation. Il répondit cependant calmement :

- Ce n’est rien. La chef est occupée pour le moment.

Le sourire d’HaO s’élargit soudain ; le vieil aigri avait alors tout d’un carnivore. Il avait trouvé comment faire : il suffisait de mettre Tirina devant le fait accompli… Comme elle était très impatiente que cette mission ait lieu, cela avait une chance de marcher. Et elle ne pouvait faire autrement qu'avoir confiance dans les décisions de son intendant, qui ne se trompait pour ainsi dire jamais. HaO attendit quelques secondes avant de reprendre la parole, sur un ton qui glaçait le sang :

- Vous avez de la chance, je vous aime bien. Je me débrouillerai avec la chef ; je prends sur moi de vous faire accepter ici pour le moment car vous m’intriguez. Vous partirez en mission très bientôt, à l’issu de quoi la chef décidera si vous êtes digne de devenir une vraie Rose Bleue. En attendant, vous pouvez aller vous reposer dans le Pavillon des Tiers, au fond du parc, une chambre vous sera préparée.

HaO indiqua alors la porte d’un geste à Noroi, signe qu’il n’était maintenant plus le bienvenu dans cette pièce. Même si ce dernier mouvement tombait comme une menace, l’intendant était toujours souriant. Comme s’il pouvait aimer quelqu’un, ou être intrigué pour si peu… Enfin en tout cas, il s’était débarrassé de l’étranger, et il sentait qu’il arriverait à s’entendre avec Tirina pour l’envoyer en mission avec Hailey. Après tout, il fallait des gens dont la vie importait peu…

[ Noroi : --> Pavillon des Damnés : chambre de Renji ]

[ Entrée d’Eden ]

Tama et Masatada avançaient en silence dans le couloir. Le père de Myu s’arrêta devant la porte du bureau de l’intendant, et frappa. Une voix provint alors de l’intérieur, le sommant de s’annoncer. Ne bougeant pas d’un poil, le vieux mafieux énonça devant la porte toujours fermée :

- C’est Tama. Je vous amène quelqu’un que j’ai trouvé dehors. Comme il avait l’air intéressant, je me suis dit que ça serait bête de risquer qu’il meurt de froid cette nuit. Parce que, vous comprenez, ma fille ne passe que tous les matins chercher les nouveaux venus ! C’est un peu bête comme organisation d’ailleurs… Peut-être que…

Tama fut interrompu par la porte qui s’ouvrit soudainement. La tête de HaO apparut alors dans l’entrebâillement ; l’intendant paraissait agacé, et prononça d’un ton sec :

- Merci Tama, ça sera tout. Laissez-nous.

Le vieux mafieux déguerpit sans demander son reste, abandonnant Masatada à son sort - qui aurait de forte chance d'être cruel étant donné l'humeur de l'intendant. Il ne fallait pas discuter avec HaO. Tama était même heureux de s'en être tiré à si bon compte : être un peu fou avait parfois des avantages après tout ! Plus personne ne cherchait à avoir une vraie conversation avec lui...

Bureau de HaO Hao

En effet, tout le monde savait qu’il était inutile d’essayer de discuter avec Tama. Il partait sans cesse dans des délires incompréhensibles, et dont il était difficile de le faire sortir. De toute façon HaO avait été prévenu de l’arrivée de l’étranger, au moment même où celui-ci avait franchi le seuil de l’avant poste : seule Myu, Tirina et lui-même pouvaient faire entrer des gens dans Eden sans que cela se sache. L’intendant songea d’ailleurs qu’il devrait retirer cette permission à l’empotée, avant que la résidence de la mafia ne devienne un refuge pour les handicapés comme Hailey…

Enfin maintenant il fallait s’occuper du nouveau venu que Tama avait fait entrer. Décidément, ils ne faisaient jamais rien d’intelligent dans cette famille… Un Tiers en plein après-midi, et alors que Tirina et l’intendant étaient déjà débordés à cause de cette affaire ! HaO soupira : du temps de Kaderate, tout cela ne serait jamais arrivé… Sans se donner la peine d’ouvrir la porte, le vieil aigri lança un regard meurtrier à l’étranger toujours dans le couloir :

- Vous désirez ?

Après tout, si le nouveau venu se désistait tout de suite, il suffirait de le tuer, et le temps de tout le monde serait ainsi épargné.

Masatada venait de se débarrasser d'un vieux complètement fou... pour avoir affaire à un vieux irascible. Lequel des deux il préférait... à choisir il pensait sur l'instant que c'était le premier.

°Je viens de me retenir de cogner un vieux... et je vais devoir me retenir de cogner un autre vieux. C'est quand même un monde !°

Ils devaient sans doute mettre sa patience à l'épreuve. Ils allaient être servis : dût-il se faire marcher dessus qu'il ne dirait rien. A vrai dire il n'avait pas le choix... d'une part il se serait fait massacrer par d'innombrables Roses Bleues ; d'autre part Shyo avait besoin de lui. Pour elle, il ne ferait rien... de répréhensible.
Les yeux écarlates cachés par ses lunettes oranges, Masatada fixa l'homme droit dans les siens. L'homme en face de lui le fixait d'un air... peu engageant. Meurtrier même. Masatada se dit aussitôt que son sourire n'aiderait pas les choses avec celui-ci...

°S'il me demande d'arrêter de sourire je lui saute à la gorge.°

"Vous désirez ?"

Ah enfin, nous y voilà. La question que Masatada attendait. Stupide en vérité.

"Faire partie des Roses Bleues. L'autre m'a prévenu que j'en crèverais peut-être ; mais ça fait rien."

Son sourire s'était élargi pendant qu'il ces mots. Bien entendu que cela faisait quelque chose... la mort, il ne voyait pas ça comme une alternative banale. Il n'était pas suicidaire...
Mais le mensonge gros comme une maison, il pouvait le dissimuler derrière son rictus.
Il serait son arme face au vieux bouc.

Ainsi Tama avait parlé… Il était cependant intéressant de noter que l’étranger semblait sincère lorsqu’il disait ne pas avoir peur de la sanction. Enfin, pour ce qu'HaO pouvait en juger en tout cas.

* Encore un fou prêt à risquer sa vie… Ça court décidément les rues ! *

Mais HaO aimait ça, accueillir des déments profonds. Peut-être parce qu’il se reconnaissait en eux, qui sait… En fait, l’intendant adorait tout ce qui était susceptible de se terminer par la mort de quelqu’un. Cela dit, l’intérêt des Roses Bleues passait par-dessus tout, bien évidemment. Et le sourire du nouveau venu ne pouvait être qu’un avantage, que ce soit pour des missions diplomatiques ou pour... le reste. Le vieil aigri commençait à comprendre pourquoi Tama avait qualifié l’étranger d’ « intéressant ». En effet, il aurait été dommage de le laisser mourir dehors : HaO lui-même était incapable de dire si l’homme disait la vérité ou non ! Et pourtant, ce n’était pas faute d’être accoutumé à la tâche…

L’intendant ne montra cependant rien de son intérêt, se contentant d’ouvrir la porte et d’inviter le nouveau venu à entrer. Il fallait encore vérifier que l'étranger était à la hauteur. Les deux hommes marchèrent en silence jusqu’au bureau, et HaO s’assit dans son fauteuil. Histoire de mettre son interlocuteur mal à l’aise, l’amer vieillard prononça du bout des lèvres :

- J’allais vous proposer de vous assoir, mais c’est vrai, il n’y a pas de chaises.

HaO détailla le nouveau venu du regard, et, observant sa bouche, lui sourit cruellement en retour. Puis ses fines lèvres s’ouvrirent de nouveau :

- Je vois que vous êtes en possession d’un argument convaincant… Quel est votre nom ?

Le vieux tentait de le mettre mal à l'aise. Ça se sentait. La tension était presque palpable même...
Mais à vrai dire, Masatada avait plus envie de le cogner que d'avoir peur de lui. Il fallait cependant qu'il se calme, autrement il lancerait une injure à la tête de l'irascible personnage et il s'ensuivrait... et bien sa propre mort. Pour le moment cette possibilité n'était pas envisageable.

"J’allais vous proposer de vous assoir, mais c’est vrai, il n’y a pas de chaises."

°Dans ce cas, papy, tu ne proposes rien et tu te tais...°

La stupidité de l'entreprise aurait fait sourire Masatada s'il ne le faisait déjà. Pour ne pas éclater de rire, il enfonça ses canines -que l'on pourrait nommer crocs- dans sa lèvre. Le goût du sang se répandit dans sa bouche, agréable, chaud... revigorant.

"Je vois que vous êtes en possession d’un argument convaincant… Quel est votre nom ?"

Un argument convaincant ? Ce sourire lui servirait un jour, c'est ce qu'il se disait... et il s'avérait là fort utile. S'il pouvait lui permettre d'accomplir son objectif, il le bénirait à l'avenir.

"Je n'ai qu'un prénom. Masatada."

Il enleva son chapeau et rehaussa ses lunettes oranges, attendant la suite.

Ainsi, l’étranger n’avait pas de nom de famille… Encore une bonne nouvelle : il ne devait pas se trouver dans les registres d’Eternal Spiral ou de Shangri-La, ayant certainement dû changer d’identité. Personne ne viendrait donc se plaindre s’il disparaissait. D’ailleurs, HaO était curieux de savoir de quelle contrée Masatada était originaire, pour savoir quelle particularité il possédait :

- D’où venez-vous ?

L’intendant hésita à interroger ensuite le nouveau venu à propos de son histoire, de sa vie jusqu’à présent. Il le faisait souvent, pour essayer de percer la motivation de ceux qui voulaient devenir des Tiers. Cependant, cette fois-ci il s’abstint. Non qu’il ait peur de vexer son interlocuteur, il n’était simplement pas certain de pouvoir percer les mensonges de Masatada. Et HaO n’avait pas envie de perdre son temps à écouter des inepties inventées qu’il ne pourrait déceler. Mais il devait être sûr de l’honnêté, de la fidélité, que l’étranger s’apprêtait à vouer à la mafia. On ne joue pas à un jeu sans connaître les règles n’est ce pas ? D’où la question de l’intendant :

- Que savez-vous des Roses Bleues exactement ?

Le regard de l’intendant se fit plus acéré : le test avait commencé.

Il avait tout envisagé, sauf ça. D'où venait-il... il ne le savait pas. Il ne savait même pas où il avait rencontré Shyo. Et n'avait d'ailleurs jamais daigné lui demander. Voilà qui était bien embêtant... à force de se moquer de ses origines on finit par se retrouver mal.

°Réfléchis, tu dois bien t'en rappeler...°

Mais plus il creusait, moins il trouvait. Encore une chose à ajouter à la liste de ce qu'il avait oublié sur son passé.

"Pour répondre à votre première question je n'en sais rien."

Il réfléchit cependant encore un peu, histoire de voir s'il avait vraiment oublié.

"Je vais être honnête avec vous : je ne me suis jamais posé la question."

Jouer la carte de l'honnêteté, c'était ce qu'il avait de mieux à faire pour la seconde question aussi. Un mensonge pouvait être habilement dissimulé... mais venir voir une organisation pas nette en disant "je veux devenir membre mais je ne sais rien", c'était risqué. Très. Mais il y avait un pépin...

°Foutus trous de mémoire... FOUTUS TROUS DE MEMOIRE !°

Il ne se rappelait que d'une partie de ce qu'il avait pu surprendre de la conversation sur les Roses Bleues...
Il s'était encore mis dans une situation hasardeuse. Rehaussant encore ses lunettes, il se décida quand même à répondre.

"Tout ce que je sais c'est que vous n'avez pas d'affiliations avec les deux Etats dominants, l'Eternal machin et l'autre. J'ai entendu dire que vous étiez une sorte de mafia et que vote but était de les faire tomber."

Il réfléchit encore un moment et reprit.

"Grosso modo c'est tout ce que je sais, en plus du fait que les manquements à vos lois sont punis de mort."

Encore un instant de silence, et il acheva son discours.

"D'ailleurs vous ne laissez pas repartir vivants ceux que vous ne jugez pas dignes d'être Rose Bleue."

Il avait omis le détail qui l'avait mené à vouloir en faire partie... il aurait été mal vu de dire qu'il venait pour loger une fillette incapable de tenir une arme, n'est-ce pas ?
Que répondrait-il d'ailleurs si on lui demandait ce qu'il faisait là...

Ainsi, ce Masatada ignorait ses origines. Voilà qui était peu commun. HaO songea cependant qu’il serait facile de déterminer son ascendance grâce à une prise de sang, ou tout simplement en déterminant sa capacité. Mais ce n’était pas prépondérant ; cela attendrait donc. L’intendant était plus perplexe sur le temps de réflexion qu’avait provoqué sa question, pourtant toute simple. L’étranger n'avait-il jamais su où il était né, ou ne s’en rappelait-il plus ? Peut-être aussi qu’il ne tenait tout simplement pas à ce que les Roses Bleues l’apprennent, mais le vieil aigri ne comprenait pas l’intérêt de cacher une telle information…

Le nouveau venu n’avait pas l’air très renseigné sur la mafia. A vrai dire, c’était tant mieux pour lui : dans le cas contraire, HaO l’aurait certainement fait torturer pour savoir d'où lui venait les informations. Masatada en savait cependant assez pour comprendre que la fidélité était une chose capitale. A défaut de connaître les lois, il connaissait au moins la conséquence de la désobéissance ; c’était un début. Et le but des Roses Bleues était également assez bien expliqué, même si le travail de la mafia était en réalité beaucoup plus large que ce que l’étranger pensait. Mais l’intendant n’avait pas envie d’en raconter plus : d'abord ce n’était pas son travail, et ensuite, il était inutile de perdre du temps à clarifier la situation à quelqu’un qui allait surement mourir avant d’être considéré comme Tiers. Sans compter que ces derniers étaient généralement tenus hors des secrets de toute façon. HaO se contenta donc seulement de répondre :

- Vous comprenez donc qu’il vous faudra obéir aux règles.

L’amer vieillard n’avait aucune intention de demander au nouveau venu les raisons de sa venue ici. En effet, tant que le futur Tiers avait l’air motivé et dévoué à la mafia, les considérations qui l’avaient amené à prendre cette décision importaient peu. Tout comme le passé du personnage. Il fallait cependant éclaircir certains points, et l’intendant allait s’en charger :

- Savez-vous vous battre ? Avez-vous le cran de tuer quelqu’un ? Pensez-vous être capable de suivre des ordres sans poser de questions ?

HaO était en fait à peu près sûr de la réponse aux deux premières questions ; il suffisait de voir la tête de l’étranger pour en conclure que la répartie serait satisfaisante. Mais quelqu’un qui ne savait pas obéir n’était d’aucune utilité dans une organisation comme celle des Roses Bleues. Sans compter que les Tiers n’avaient pas intérêt à faire de vagues…

La question avait fait sourire franchement Masatada. A l'évocation du mot "tuer", on aurait dit que sa bouche s'était étalée littéralement sur son visage, dévoilant par la même occasion ses dents et ses canines affûtées... et ses yeux avaient changés, prenant une expression à la fois rêveuse et enjouée. Oui il savait se battre. Oui il avait le cran de tuer quelqu'un... il aimait ça. Et il n'y manquerait pas si on lui demandait ; et même si on ne lui demandait pas...

"Oui je sais me battre. J'ai le matériel nécessaire pour ça d'ailleurs."

Il désigna son katana d'un signe de la tête, et continua.

"Tuer... je vais vous dire que j'aime ça. Aucun problèmes."

Mais obéir aux ordres... en était-il vraiment capable ? Etait-il réellement apte à ne pas contester, ne pas poser de questions si l'ordre était contre ses objectifs ?

°Shyo...°

Oui. Il l'était. Pour elle.

"Obéir aux ordres, je ne vois pas non plus de problèmes. Vous pourrez compter sur moi."

Il fallait vraiment qu'il aime cette petite pour dire des choses pareilles...

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