Mini-nouvelle : La dispute

(Si si c'est de l'art xD)
La Dispute.

-----Déjà huit heures. C’était l’heure à laquelle Lisa se réveillait. Comme tous les matins, le réveil sonna, ni en avance ni en retard. La petite fille émit un grognement, allongea le bras pour arrêter la sonnerie stridente, et se tourna de l’autre côté, prête à se rendormir. Mais une voix se fit entendre de la cuisine, coupant définitivement court au sommeil de l’enfant :
- Lisa ma chérie, lève-toi c’est l’heure ! Le petit-déjeuner est servi !
A ces mots, un gargouillement s’éleva : la petite fille avait faim. Etouffant un bâillement, elle se leva prestement, sautant presque du lit pour atterrir sur ses pieds, comme seuls les enfants et les chats savent le faire. Elle se précipita ensuite vers la cuisine, d’où s’échappait une bonne odeur de croissants chauds.

-----Lisa mangeait de bon cœur, assise en face de sa mère. Le petit-déjeuner était de loin le repas qu’elle préférait car il ne comportait pas de légumes. De plus, son père travaillant la nuit, il n’était pas là, et l’atmosphère était donc toujours très paisible. Soudain, quelque chose sembla traverser l’esprit de la fillette, et l’effroi se peignit sur son visage :
- J’ai oublié de réveiller Mélanie !
Sylvie sourit aux paroles de sa petite fille, et répondit doucement :
- Finis ton petit déjeuner, je vais y aller.
Lisa remercia sa mère d’un regard, avant de replonger dans son bol de chocolat chaud. Sylvie se leva, et revint quelques instants plus tard avec Mélanie. Lisa ne put alors s’empêcher de pouffer devant la coiffure de cette dernière (ses cheveux étaient tout ébouriffés), mais elle se reprit bien vite et articula entre deux bouchées :
- Excuse moi Mélanie, j’avais tellement faim…
La petite fille baissa les yeux en rougissant, honteuse. Mais comme Mélanie l’adorait, elle ne lui en voulait pas, et, même si elle était triste d’avoir été oubliée, elle resta souriante, comme toujours.

-----Neuf heures. C’était l’heure à laquelle Lisa partait pour l’école avec Sylvie. De là où elle était assise, Mélanie, maintenant habillée et coiffée, pouvait les apercevoir par la fenêtre. Son cœur se serra : elle avait peu à peu cessé de les accompagner quand la fillette était entrée au cours préparatoire, il y avait presque deux ans déjà. C’est que Lisa grandissait si vite ! Mélanie pensait souvent au passé, du temps où Lisa était si petite qu’elle ne comprenait pas les disputes des grands, et qu’elle s’en souffrait pas. Comme Mélanie aurait aimé pouvoir revenir à cette époque ! Car maintenant, la petite fille pleurait si souvent…

-----Enfin dix-huit heures. Lisa était délivrée de l’école jusqu’au lendemain, ayant fini ses devoirs à l’étude. Son père, rentré dormir à la maison depuis longtemps, alla la chercher comme tous les jours, et la colla devant des dessins animés. Mélanie regarda patiemment ces stupidités avec elle, se doutant que la petite fille se lasserait vite. En effet, à peine une demi-heure plus tard, Lisa décida qu’elle voulait jouer. Mélanie en fut ravie. Malheureusement, leur jeu fut vite interrompu par le retour de Sylvie, affamée. Comme tous les soirs, elle reprocha à son mari de n’avoir pas préparé le dîner. Entendant le ton monter, Lisa se boucha les oreilles, tandis que Mélanie observait la scène, consternée. Qu’elle aurait aimé leur hurler d’arrêter et de se taire ! Ils pourraient faire attention devant une enfant non ? Comme si elle avait entendu ses pensées, Sylvie jeta un regard en biais à Lisa, poussa un long soupir d’exaspération et se dirigea finalement vers la cuisine.

-----Ils étaient tous les quatre assis autour de la table. Mélanie étaient en train de se dire aujourd’hui avait été encore une journée bien ordinaire, quand la dispute éclata. Les cris et les insultes fusèrent, sans aucune retenue. Lisa jeta un regard désespéré à Mélanie (c’était le signal), avant de se lever précipitamment. Les deux adultes qui se disaient « parents » s’en aperçurent à peine. La fillette fonça vers sa chambre avec Mélanie. Au fond se trouvait une petite pièce que l’enfant appelait « son placard ». Ce n’était qu’un minuscule cagibi, mais il était assez éloigné de la cuisine pour qu’aucun son ne parvienne, et il ne donnait que sur la chambre de Lisa. Mélanie savait que la petite fille s’y dirigeait. Elle s’y cachait toujours pour pleurer…

-----Une fois dans le placard en compagnie de Mélanie, Lisa alluma l’antique lampe qu’elle avait prise dans le couloir et la posa par terre. L’abat-jour était si rapiécé que l’ampoule n’était même plus protégée à certains endroits ; il n’avait jamais fait aussi clair dans cette pièce… Détaillant l’espace illuminé avec une curiosité enfantine, Lisa s’aperçut alors pour la première fois de l’existence d’un verrou sur la porte. Il était ancien et rouillé, mais la petite fille tint à l’essayer quand même. A la troisième tentative, elle réussit enfin à le tirer complètement. Ici, enfermée avec Mélanie, la fillette se sentait en sécurité, loin du drame familial qui se jouait au dehors. Lisa déplia ensuite la couverture qui se trouvait dans un coin, bien décidé à en faire une tente. Tenant le tissu à bout de bras, elle l’accrocha comme elle put, de façon à abriter également Mélanie. Cette dernière était assise au sol, et ne cessait d’observer la fillette, se demandant ce qu’elle pouvait bien fabriquer… Enfin, Lisa s’assit également, et ses yeux devinrent brillants. Elle allait pleurer. Mélanie sentit son cœur se serrer pour la seconde fois de la journée.

-----Pour une fois, Mélanie ignorait l’heure. Elle ne savait plus depuis combien de temps les larmes de Lisa coulaient. Mélanie et la petite fille étaient serrées l’une contre l’autre sous la couverture, non loin de la lampe, tout au fond du placard. Soudain, un pan du tissu se décrocha. Ce fut si discret que ni Lisa ni Mélanie ne s’en aperçut. Mais quelques minutes plus tard, l’odeur les prit à la gorge. Lisa la reconnut vite, pour l’avoir souvent sentie les rares fois où son père faisait la cuisine. Quelque chose brûlait. Mélanie se rendit alors compte avec horreur qu’un morceau de la couverture était dévoré par les flammes. Le pan qui s’était décroché avait malencontreusement frôlé l’ampoule incandescente de la vieille lampe… Lorsque Lisa réalisa la situation, elle s’éloigna du feu par réflexe, et se jeta sur la porte. Les mains moites, la petite fille s’acharna à essayer de pousser le verrou pour pouvoir sortir. Rien à faire, le vieux mécanisme rouillé était coincé. La fillette se mit à hurler. Mais la cuisine était bien loin, et ses parents criaient sans doute encore. Collée contre la porte, Lisa sentit les mots se coincer dans sa gorge. Elle commençait déjà à manquer d’air… Tournant son regard vers Mélanie qui souriait, assise au milieu des flammes, l’enfant réussit cependant à balbutier :
- Fais quelque chose… Aide-moi.
Le ton était si suppliant que Mélanie en eut le cœur brisé. Mais Lisa venait de l’abandonner, et déjà Mélanie sentait les flammes lui lécher les jambes. Elle regarda la petite fille, et ne put s’empêcher de penser qu’ainsi, l’enfant ne grandirait jamais. Mélanie observait les flammes jaune orangé envahir petit à petit le placard tout entier, son éternel sourire aux lèvres. De toute façon, que pouvait-elle y faire ? Elle n’était qu’une poupée après tout.

Fin.

- by LiSa -

C'eest bien écrit, mais en mini-nouvelle, ça ne pouvait que mal finir, ça fait peur tout ça O_O !

Jamais je m'enfermerai dans un placard, XD

Ouah, je viens de la lire (enfin ^^') et je suis restée surprise à la fin. C'est trop triste, mais trop beau O_o Je ne trouve même pas les mots pour décrire mon sentiment *_* J'ai trop adoré. Donc je te dis "BRAVO" :3 =w=