Les jardins

N'essayez jamais de comparer les petits jardins que vous avez déjà vu dans votre vie avec ceux du Palais Impérial. Ceux-ci s'étendent dans son enceinte sur plusieurs centaines de mètres, traversé par un petit ruisseau aménagé afin d'être apaisé par les sons qu'il produit. Décoré d'arbres, de fleurs et de buissons aménagés, cet endroit ressemble bien plus à une petite campagne, à un jardin d'Eden.

Lorsqu'on ne connait pas ce lieu, il est très facile de s'y perdre, ce qui est arrivé à bon nombre de nouveaux venus. Par contre, il est très facile de s'y cacher si l'on veut échapper à des poursuivants ou autres.

With just the song to say goodbye
Before our innocence was lost

Ainsi commencèrent les mini-aventures d'Ama.



Tapis au sol, dans les hautes herbes constituant son jardin, Ama avait les yeux plissés tout en fixant quelque chose sur un rocher, comme une étrange créature. Qu'attendait-elle donc ? Pour répondre à cette question, mieux valait revenir à quelques temps auparavant.

En effet, la petite Impératrice avait du se résigner à rentrer toute seule au Palais pendant que son conseiller, Sebastian, restait en compagnie d'Atoki pour essayer de le faire engager. L'espace d'un instant, la jeune fille avait eut peur qu'il ne profite de cet instant pour lui faire du mal, mais elle ne pouvait pas non plus douter de lui, après tout, il lui avait fait une promesse ! Ce pourquoi elle retournait dans sa chambre, le coeur léger, tout en s'amusant à marcher n'importe comment, ce qui n'était pas terrible pour la discrétion puisqu'elle était encore habillée en garçon. De toute façon, personne ne l'avait remarqué, vu qu'à cette heure-ci, sans qu'elle le sache, tout le monde parlait du nouveau qui ferait parti de la famille de "Sebastian-sama". Ainsi, Ama put arriver sans problème, enlevant tous ses vêtements lorsqu'elle fut dans ses appartements pour enfiler sa tenue d'Impératrice, et ce non sans difficulté. Apès tout, c'était son protecteur qui l'aidait en général à se vêtir, et il n'était pas ici pour le moment. Bon, pas grave, la petite avait quand même dix-sept ans, elle savait mettre ses vêtements toute seule ! Bon, il était vrai que mettre dix bonnes minutes pour se faire, c'était bizarre, et inutile de parler de sa coiffure. Mieux valait ne pas y toucher pour l'instant, et ils étaient très bien comme ça.

Se précipitant vers son lit, l'Impératrice s'était jetée dessus, sautillant un peu, puisqu'elle attendait impatiemment son nouvel ami. Cependant, comme vous vous en doutiez certainement, la patience et Ama, cela faisait deux. Au bout de quelques minutes, la petite avait cessé bien vite de faire des bonds, s'étant assise sur son lit, avant de tirer le tronche, signe qu'elle s'ennuyait :

- Aaaaaah ! Y'ai rien à faireuh !

Gigotant dans tous le sens dans son lit en serrant son coussin contre elle, exécutant des roulades, la jeune fille était tombée alors brutalement au sol, sa joue contre le parquet. Soudain, une ampoule se fit apparaître au-dessus de sa tête, signe d'une petite idée. Son doigt se leva en l'air :

- Je saiiiis ! Je vais aller manger, en attendant !

Marquons une pause juste un instant pour nous mettre au passé simple, puisque notre narratrice est fatiguée de trop parler dans le passé. Donc, pour en revenir à Ama, celle-ci se redressa brutalement, époussetant assez mal sa tenue impériale, avant de quitter la pièce pour se rendre aux cuisines. Le chef, au départ surpris par l'arrivée de la souveraine, fit un peu de bazar tout en s'inclinant le plus bas possible devant elle, suivit de tous ceux travaillant dans les parages. La petite Impératrice n'en fit rien et s'approcha alors brusquement tout en tapant dans ses mains :

- S'teuplaît ! J'ai envie d'un gâteau ! Avec plein de fraises !

Un peu gêné par la familiarité de la souverain face à lui, le chef eut encore un peu de mal à répondre tout en gardant son sang froid, n'ayant toujours pas l'habitude de la voir arriver ainsi sans prévenir :

- Ne souhaiteriez-vous pas plutôt un gâteau au chocolat, Majestée ?

- Naaaaaan ! Je veux à la fraise ! A la fraise !

Les oreilles de louve de la jeune fille ne cessaient de s'agiter pendant qu'elle s'imaginait un immense parfait aux fraises, ou alors un mille-feuille ? Pourquoi pas, toujours est-il qu'elle voulait absolument de ses fruits rouges, et la révélation de son interlocuteur lui fit un coup de froid :

- Pardonnez-moi, Majéstée ! Mais toutes nos fraises nous ont été volées ! Nous ne les avons pas assez surveillées, pardonnez-nous !

L'annonce du vol de ses fruits rouges choqua profondément la petite Impératrice. Bien vite, elle se retrouva à genou dans son coin, des traits de déprime au-dessus d'elle :

- Fraises... Fraises...

La déprime de la souveraine contamina bien vite les autres cuisiniers, gênés par leur désarroi de leur Impératrice. Le chef lui-même fit frémir sa moustache, avant d'essayer de lui redonner espoir :

- Majéstée, nous savons que le voleur se trouve dans les jardins Impériaux. Nous allons de ce pas les récupérer.

Les oreilles de louve redressées, Ama se releva rapidement, les poings en avant. Bien décidée à punir sévèrement le voleur, et surtout à récupérer ses fraises adorées, la jeune fille arrangea un peu ses manches trop longues qui la gênaient :

- Je vais y aller ! Fraiiiiiiiises ! Attendez-moiiiiii !

- Mais...

Avant qu'ils n'aient eut le temps de protester, la jeune fille s'était déjà enfuie, courant en direction des jardins pour attraper cet affreux criminel !

Et la voici à présent, dans les hautes herbes, comme nous l'avons déjà dit. Celle-ci ayant suivi à la trace l'odeur des fraises, pour arriver presque tout au fond, non loin du ruisseau. Sur une pierre, un petit animal étrange, et celui-ci tenait le bac de fraises, comme s'il essayait de l'ouvrir. Grinçant des dents, les oreilles de louve d'Ama s'agitèrent dans tous les sens, puis celle-ci exécuta un bon spectaculaire en direction du voleur :

- Rends-moi mes fraises !

Le criminel se retourna, laissant voir sa face. Il s'agissait d'un petit singe, un ouistiti, et celui-ci fut effrayé par l'arrivée brutale de l'Impératrice, prenant la fuite sur le côté. A présent sur le petit rocher, la petite le fixait de ses grands yeux rouges, signe qu'elle ne plaisantait pas. Dommage que personne ne la voyait ainsi, parce qu'elle ne faisait absolument pas sérieuse lorsqu'elle grognait, ayant plutôt l'air mignonne et drôle :

- Tu ne m'échapperas paaaaaas ! Yaaaaaaah !

Pour ainsi dire, la souveraine courait après le singe, celui-ci ne faisant que s'enfuir à chaque fois, ce qui laissa place à une course endiablée qui dura au moins une bonne demi-heure, les deux se fatigant peu à peu. Enfin, le petit animal se retrouva bloqué, le ruisseau derrière lui et Ama en face. Celle-ci était toujours à quatre pattes, comme une petite enfant sauvage :

- Tu es coincé ! Rends-moi mes fraises !

Rapidement, elle courut dans sa direction, ne s'attendant pas à ce qu'à la dernière minute, le singe fasse un bond en arrière. Trop prise dans son élan, l'Impératrice fit une galipette en avant en essayant de s'arrêter, avant de tomber la tête la première dans l'eau. Ses vêtements trempés, la jeune fille écarta quelques mèches mouillées de son visage, avant de se rendre compte que l'animal était sur sa tête, se moquant d'elle :

- Grrr ! Tu vas me le payer !

La souveraine attrapa alors brutalement le petit bac de fraise, tandis que le ouistiti essayait de le garder contre lui. Les deux tirant alors des deux côtés pour gagner leur prix, Ama avait plus de chance de perdre, ses mains étant mouillées. Cependant, elle ne voulait pas renoncer ! C'étaient ses fraises ! Non celles de ce macaque ! Alors hors de question de lui laissé ! L'Impératrice tirait tellement fort que finalement, la boite échappa aux deux concurrents avant de s'envoler dans les airs. Ne perdant pas une minutes les deux adversaires se mirent à courir dans sa direction, essayant chacun de l'attraper en premier, tout en se poussant pour empêcher l'autre d'intervenir. Dans sa dernière ligne droite, l'Impératrice fit un plongeon en avant, la boite tombant dans le creux de ses mains :

- Victoire !

La souverain serra alors la boîte de fraise contre elle, avant de la frotter contre sa joue pour lui montrer son affection. Bien, à présent qu'elle les avait récupérer, il fallait absolument qu'elle les donne aux cuisiniers pour qu'ils fassent un gâteau. S'apprêtant à reprendre la route, Ama entendit alors soudainement des sanglots. Le petit singe était en train de "pleurer", ses petits bras s'agitant violemment devant son visage. Les yeux de l'Impératrice se dirigèrent alors vers la boîte, puis vers le petit animal. Serrant les dents, la petite ne s'empêcha pas de faire une concession, ouvrant alors le bac avant d'en prendre deux fraises pour les donner au macaque :

- Tu avais juste faim ?

Le petit ouistiti était trop occupé à manger pour répondre, et de toute façon, Ama n'était pas d'Eternal Spiral, elle ne pouvait donc pas communiquer avec le singe. Assise sur les fesses et les jambes écartées pour mettre la boîte devant elle, l'Impératrice mangea aussi quelques fraises avant de les partager avec l'animal :

- Je me demande comment tu es arrivé ici.

Au final, était-ce un signe de paix entre les deux rivaux gourmands ? Probablement, parce que ces deux là se régalèrent des petits fruits rouges acides. Puis peu après, lorsque le bac fut vite, le ouistiti disparu très vite de la vue de la souveraine. Celle-ci, un peu triste de perdre son nouvel ami, mais heureuse de s'être régalée, se redressa avec ses vêtements trempés et sales, avant de partir en direction de sa chambre.

Y'avait-il une leçon à tirer de cette petite aventure ? La réponse est oui, mais à vous de la trouver, parce que la narratrice ne vous aidera pas ! Haha !

===> Chambre d'Ama

===> Couloirs du deuxième étage



Vagabondant gaiement à travers les divers couloirs et pièces, Ama était toute ravie, ayant enfin pu échapper à la surveillance de Sebastian. Certes, elle aimait beaucoup être avec lui, et s'ennuyait bien souvent lorsqu'il n'était pas là, mais aujourd'hui était un peu spécial, et elle devait agir en toute discrétion si elle voulait que son travail porte ses fruits ! De plus, elle n'aurait pas eu le temps si son conseiller lui avait dit d'aller directement au lit. Donc non, ce devait être maintenant ou jamais ! Laissant ses manches trop longues pendouiller, la jeune fille avait réussi, au prix d'efforts insurmontables, à atteindre les jardins sans éveiller les moindres soupçons et sans qu'on ne lui demande pourquoi elle était ici et pas dans sa chambre, et seule de surcroit. Cependant, moi, narratrice, peut vous l'avouer, sa discretion n'y était absoluement pour rien, mais quand on a l'habitude de voir votre Impératrice vadrouiller on ne sait où tout le temps, on évite de poser trop de questions. Habitude, quand tu nous tiens.

Donc, comme je le disais, la petite Ama avait pu réussir à l'endroit qu'elle convoitait tant, c'est à dire les jardins, là où elle avait passé toute son enfance à s'amuser, et là où, quelques heures plus tôt, elle avait du affronter un ouistiti sanguinaire et voleur de fraises. Mais à présent, il n'était plus là. Pour tout dire, personne n'était là, même pas les domestiques. Avec l'orage qui se préparait, personne n'avait envie de sortir, à part bien sûr notre téméraire -ou folle- souveraine.

Arrivée à son point propice, l'Impératrice se mit alors à genou, puis creusa doucement de ses petits mains blanches dans le sol frais et légèrement boueux avec l'humidité. Dire qu'elle venait de prendre un bain, son conseiller allait criser, mais tant pis, elle devait faire ce qu'elle voulait faire ! Enfin, lorsque le trou fut suffisament grand, Ama sortit les deux raviolis de sa poche, puis les mit à l'interieur avant de refermer maladroitement. Voilà ! A présent que tout était applati, le tour était joué :

- Il faut juste un peu d'eau !

Tournant la tête en direction du ruisseau, la souveraine s'y rua avec un grand sourire avant de tirer un peu son kimono pour y faire un creux et mettre de l'eau, qui soit-dit en passant, coula pratiquement à l'arrière, qu'elle court ou non vers ses plantations. Enfin, au-dessus de son trou, la jeune fille essora doucement le tissu pour arroser, puis s'accroupit à côté afin de surveiller :

- Et voilààà ! Il n'y a plus qu'à attendre.

Attendre que cela germe puis pousse ! Ne remarquant absoluement pas les nuages d'orages qui venaient en direction du palais.

Accroupie au sol comme une enfant, les pieds protégés de la boue par ses sandalettes, la petite Ama restait immobile, fixant les petits trous qu'elle avait fait pour planter ses raviolis. Avec la pluie, ils allaient avoir beaucoup d'eau, et peut-être que cela pousserait plus vite ? L'Impératrice avait vraiment hâte ! Ses mains blotties dans les manches de son kimono trop grand, elle les serrait l'une contre l'autre pour ne pas avoir trop froid avec l'humidité :

- Huh... Bientôt les raviolis...

Extrêment impatiente, la souveraine tapotait un peu sur ses genoux en souriant toute seule, se léchant également les babines avec appétit, tout en laissant apparaître ses crocs blancs bien pointus, qui bientôt s'enfonceront dans la pâte et la viande tendre des raviolis. Hum... Rien que d'y penser, miam ! Cependant, son attente fut bien vite interrompue lorsqu'elle sentit un souffle près de son oreille, avant d'entendre la voix d'Atoki qui lui demandait de retourner auprès de Sebastian. Pivotant doucement la tête en sa direction, la jeune fille avait déjà le visage tout trempé et ses peintures commençaient à partir peu à peu :

- Mais non, pas tout de suite ! Je dois attendre !

Puis la petite reprit sa place avant d'avancer son doigt fin et blanc vers les deux trous rebouchés, les touchant quelque peu de son extrêmité avant de sourire une nouvelle fois :

- J'ai planté des raviolis, j'attends que des arbres poussent, comme ça, ils me donneront des bols de raviolis, et ils seront rien qu'à moi !

S'imaginant alors l'arbre gigantesque avec des dizaines de bol en bois remplis de raviolis, chutant en direction de la petite Impératrice, Ama se mit à baver doucement, complètement dans son monde, tout en oubliant Atoki et même la pluie qui l'entourait :

- Sebastian peut encore attendre, je suis sûre qu'il ne s'en fait pas.

Et puis, après tout, il devait bien se distraire un peu, il s'occupait trop souvent de sa souveraine, ce qui était beaucoup de travail, et dans le fond, la jeune fille s'en rendait bien compte, alors autant qu'il en profite pour se reposer pendant qu'elle attendait le moment propice pour tout dévorer, sentant son ventre gargouiller, malgré l'orage qui arrivait, laissant entendre un gigantesque coup de tonnerre.

BAM !

Un éclair venait de frapper, laissant un arbre s'écrouler non loin de là. N'importe quelle fille, voir même quelques garçons, auraient eu peur devant une telle chose, mais notre petite Impératrice, elle, semblait trop occupée pour apercevoir ne serait-ce que l'arbre mort, et qui, Dieu merci, n'avait pas prit feu grâce à la pluie.

Ama avait planté des raviolis. Des raviolis. Atoki faillit exploser de rire. Elle avait sûrement dû en garder du diner ; sa fugue était donc préméditée… Pour planter des raviolis. Des pâtes quoi. Le loup laissa échapper un gloussement, qui passa heureusement inaperçu grâce à l’orage. La petite fille semblait bien décidée à attendre que ses plantations grandissent et deviennent des arbres. L’ex-mafieux eut alors un éclair de lucidité qui calma son hilarité intérieure : Ama était si ignorante… Il comprenait pourquoi Sebastian veillait toujours sur elle. Le chien de garde devait d’ailleurs être au comble de l’inquiétude. Il fallait qu’Atoki renvoie l’Impératrice dans sa chambre. L’adolescent secoua alors doucement la petite fille qui semblait perdue dans ses pensées et prononça d’un air très sérieux :

- Vous savez, je ne suis pas sûr qu’il fasse la bonne température pour faire pousser des raviolis… Le loup toussota avant d’ajouter : A vrai dire, je ne pense pas qu’ils puissent pousser tout court.

Les roulements de tonnerre se faisaient de plus en plus violents, et la foudre ne cessait de tomber non loin de l'endroit où les deux adolescents se tenaient. Atoki commençait à s’inquiéter pour l’Impératrice ; elle ne devait pas rester ici, c’était dangereux ! Il reprit donc :

- Moi je suis sur que Sebastian est en train de vous chercher partout, mort de peur à l’idée qu’il vous soit arrivé quelque chose.

Au moment où l’ex-mafieux prononçait ces paroles, un éclair traversa le ciel, foudroyant un marronnier tout proche. Le tronc du vieil arbre craqua alors, et le loup s’aperçut avec horreur qu’il allait tomber, se dirigeant droit vers eux. Atoki eut juste le temps de tirer Ama en arrière, avant que l’arbre ne s’écroule au milieu de la pelouse, écrasant en passant les raviolis encore sous terre. S’il y avait eu une chance pour qu’ils poussent un jour (xDDD), elle était désormais réduite à néant…

L’élan de l’ex-mafieux l’avait projeté à terre, entrainant l’Impératrice à sa suite. Les deux adolescents se trouvaient donc maintenant dans une position particulièrement embarrassante : Atoki était allongé sur le dos, et Ama étalée sur lui. Le garçon se mit à rougir. Pour tenter de cacher son trouble (il se doutait que la petite fille ne devait pas soupçonner quoi que ce soit d’anormal), il tenta donc d’en plaisanter :

- Ah c’est malin, me voilà tout couvert de boue maintenant…

Loin d’être choqué parce qu’il venait d’échapper à la mort, le loup était complètement paralysé par la sensation du kimino mouillé d’Ama contre sa chemise. Ne pouvant plus bouger, il se contenta de rester là, à attendre la réaction de l’Impératrice. Se doutant qu’elle fondrait en larmes à cause de ses plantations de raviolis, il eut la stupide pensée qu’au moins ainsi, elle ne serait pas déçue de ne jamais les voir grandir comme cela aurait été le cas. Mais l’ex-mafieux pourrait au moins consoler cette toute petite chose mouillée qui se tenait contre lui… Si l'orage commençait à s'éloigner, la pluie continuait à ruisseler sur le visage d’Atoki, voulant peut-être prouver qu'Ama serait la seule gardienne du sourire si sincère qui était en train de s'épanouir sur les lèvres du loup.

Pour être franche, Ama était beaucoup plus obsédée par ses plantations que par l'ami qu'elle s'était fait en fin d'après-midi. A la simple idée d'avoir des centaines de bols de raviolis rien que pour elle, la petite Impératrice était pratiquement en train de baver, fantasmant pratiquement sur la pâte et les viandes à l'intérieur. Miam, elle avait vraiment hâte que ça pousse. Pourtant soyons logique, étant souveraine, ne pouvait-elle pas s'offrir tous les bols qu'elle désirait ? Peut-être souhaitait-elle avoir la satisfaction d'avoir travaillé elle-même ? Franchement, cette fille était un vrai mystère, et mieux valait ne pas essayer de la comprendre à moins de se perdre dans les méandres de son esprit bizarre.

Cependant, l'adolescente fut bien vite tirée de ses rêveries par Atoki, celui-ci la secouant un peu afin de la réveiller et lui faire comprendre que jamais ça ne pourrait fleurir, ce qui, bien sûr, provoqua l'irriation de la petite Impératrice. Celle-ci se mit à gonfler les joues en montrant des yeux vexés et pas content telle une enfant insatisfaite :

- Ce n'est pas vrai ! J'ai planté des raviolis, j'aurai des raviolis !

Se mettant pratiquement à bouder, Ama ignora également les dires de l'ex-mafieu sur Sebastian. Si celui-ci était vraiment en train de s'inquiéter et de la chercher, il devrait savoir où elle se trouvait, puisque, comme elle avait dit à son conseiller, ce que l'on cherche se trouve toujours dans les endroits innatendus. Les jardins en faisaient-ils partie ? Mieux valait ne pas lui demander, à moins de souhaiter recevoir une réponse quelque peu étrange et dénuée de sens.

Sans prêter la moindre attention aux coups de tonnerres, la souveraine continuait d'appuyer sur ses plantations avec son doigt, comme pour inciter les plantes à pousser plus vite, et surtout, à lui donner sa récompense pour sa "patience" et ses "efforts". Mais avant même de s'en rendre compte, la jeune fille senti une main froid et humide l'attraper par le col et la tirer en arrière, son cri de surprise camouflé par l'orage. Et la dernière image que la petite conserva fut cet arbre fou détruisant ses raviolis et ses petites rêves passagers.

Chutant alors vers le sol, la petite s'étonna de ne pas se faire mal. Les yeux fermés, ses petites mains blanches enveloppées dans son kimono mouillé s'appuyèrent sur quelque chose qui ne ressemblait guère au sol. Laissant ses paupières s'ouvrir doucement, Ama s'aperçut alors qu'elle se trouvait sur Atoki, étant donné que c'était lui qui l'avait tiré en arrière. Et ses mains étaient toutes deux bien appuyées sur son torse, et bien qu'elle ne fut pas lourde, ça ne devait pas trop lui faire du bien. Se redressant alors doucement, la jeune fille ne quitta pas sa place pour autant, restant assise sur le ventre de l'ex-mafieu, ses jambes de chaque côté, mais Dieu merci, le kimono était assez long pour tout cacher.

Ses yeux rouges fixèrent alors une nouvelle fois le résultat de ses efforts gâchés, et la petite Impératrice ne pu s'empêcher de frotter ses yeux plus humidifiés par les larmes que par la pluie. Cependant, étant en quelque sorte une "enfant", elle cessa bien vite ce qu'elle faisait de faire pour se concentrer sur ce qui se passait en ce moment sous ses yeux, soit son ami qui se plaignait d'être plein de boue :

- Ben c'est bien fait, tu avais qu'à pas dire que mes plantations pousseraient pas ! Et maintenant elles sont fichues >.< !

Toujours immobile sur Atoki, elle ne semblait pas trop dérangée par la situation, limite elle trouvait ce fauteuil confortable. Voyant alors son visage quelque peu rouge, Ama laissa tomber sa bouderie pour mettre un doigt sur ses lèvres, laissant apparaître un point d'interrogation :

- Tu es malade, Atoki-kun ?

Peut-être avait-il attrapé froid ? Mais même avec cette supposition, la petite Impératrice ne bougeait pas de sa place. Trop innocente ou trop bête ? Allez savoir.

Toujours assise sur Atoki, sans se rendre compte de la mauvaise position qui devait probablement gêner son ami, la petite Ama fixait sans cesse Atoki, comme pour attendre sa réponse. Après tout, elle avait beau être mentalement une enfant, elle savait s'inquiéter pour les gens, surtout que la maladie, avouons-le, notre Impératrice détestait ça. D'une parce que cela l'empêchait de sortir de son lit (et vu comment elle avait la bougeotte...), de deux, ça faisait mal, et de trois, ça lui rappelait sa maman. Donc, 'ex-mafieux l'inquiétait un peu. Cependant, celui-ci nia tout en bloc, déclarant qu'il allait bien. Tout d'abord sceptique, la jeune fille fit la moue avant de tapoter la tête d'Atoki :

- Vilain, vilain ! J'ai eu peur !

Mais bien sûr, n'ayant pas vraiment une force extraordinaire, elle ne risquait pas de lui faire mal, à moins de taper ses yeux, ce qui bien sûr n'arrivait pas. Puis son ami l'arrêta en lui déclarant qu'il fallait qu'ils aillent se changer, étant donné qu'ils étaient tous les deux trempés jusqu'aux os. Rien qu'à l'idée de voir le visage de Sebastian contenant mal sa colère, la fillette, toute Impératrice qu'elle était, eut un frisson effrayé, comme une petite fille ayant peur de montrer qu'elle avait fait une bêtise. S'apprêtant à proposer de rester encore un peu, Ama sentit deux mains froide se glisser à sa taille sous ses deux bras, avant d'avoir son nez et sa bouche collés aux vêtements mouillés d'Atoki. Sans trop comprendre pourquoi, cet instant passa très vite, puis elle se retrouva au sol. Se grattant la tête pour essayer d'élucider ce mystère -après tout, s'il voulait des câlins, i n'avait qu'à demander- le jeune homme s'était déjà redresser pour lui demander de partir devant, avant de s'enfuir comme un voleur en courant. Mais où allait-il ? Peut-être ne connaissait-il pas bien le chemin ? Il fallait qu'elle lui dise où aller ! Mais il était déjà si loin, comment le rattraper ?

Laissant voir une ampoule électrique au-dessus de sa tête, la petite Impératrice commença doucement à enlever ses vêtements, ce qui n'était pas vraiment facile, vu leur humidité, avant de se retrouver entièrement nue. Laissant traîner son kimono dans la boue, la jeune fille se concentra quelque peu avant que la transformation ne s'opère, laissant voir une louve blanche aux peintures vermeilles sur tout le corps. Bien ! A présent qu'elle était opérationnelle, Ama prit un peu d'élan avant de bondir en avant afin de courir à toute vitesse en direction du chemin qu'avait prit Atoki. Etait-il sorti du Palais ? Ca en avait tout l'air. De plus, il n'y avait presque personne, la plupart des domestiques étant partis dans leur chambre, vu que la nuit était tombée et que l'orage était revenu en force. Salissant un peu tout sur son passage avec ses pattes de louve, la jeune fille aperçut alors son ami et se mit à le suivre.

===> Chez Takahashita ?