Eden, le parc

Description

Eden est la résidence des Roses Bleues, inaccessible aux étrangers. C'est en réalité un grand parc dans lequel se trouve plusieurs vieux bâtiments qui ne manquent pas de charme. Mais l'extérieur est également très joli : beaucoup d'arbres et de fleurs y sont plantés; un vrai paradis que les jardiniers prennent soin d'entretenir constamment. Les nombreuses allées sont rarement vides, les membres des Roses Bleues adorant prendre l'air. Sans compter qu'il existe de multiples endroits discrets, cachés derrière les buissons, idéaux pour tenir des propos interdits, en chuchotant bien sûr.

Spoiler:

La petite fille tenait toujours l'aveugle par la main, quand ils arrivèrent dans le parc. Ils se trouvaient juste devant Géhenne, et le coin était magnifique. Un petit vent frais mais néanmoins agréable soufflait; il faisait assez chaud et de multiples arbres étaient en fleurs. Mai trouva cela un peu triste qu'Hailey ne puisse pas s'emplir les yeux de ce paysage magnifique.

- Voilà tu es dehors monsieur ! Tu as besoin de quelque chose d'autre ? Je n'ai rien à faire de toute façon, les gens ne m'aiment pas trop ici...

[Couloirs de géhenne]

Mémorisant les explications de la petite fille, Hailey fut bien heureux de sentir le vent caresser son visage, il n'avait en effet plus habitude d'être confiné à l'intérieur des maisons. L'aveugle sembla interrogatif à la dernière remarque, les gens ne l'aimaient pas trop ? Une si gentille petite fille.

« Merci, mais je ne pense pas avoir besoin d'autre chose que ce vent. Par contre, si tu veux rester et parler avec moi, ça ne me dérange pas »

Hailey semblait surpris que personne n'aime l'enfant. Pourtant, il était évident qu'une petite fille timide comme elle n'était vraiment un des meilleurs éléments pour une mafia... Mai fut donc ravie que l'aveugle lui permette de rester avec lui :

- Ouiii je vais rester avec toi ! Viens, on va allez s'assoir sur un banc !

La petite fille entraina Hailey par la main vers un petit banc qui se trouvait non loin de là. Elle l'aida à s'asseoir, et le questionna :

- Dis monsieur, tu viens d'où ?

Tapotant la tête de la petite fille pour la remercier de l'avoir aidé à s'asseoir, Hailey fit un sourire en essayant de se rappeler le nom du Pays d'où il venait.

« D'où je viens.... Hum... De Shangri-La, je crois. Je n'ai jamais accordé trop d'importance à l'endroit où j'habitais en fait. Et toi, tu m'as l'air de connaître les lieux comme ta poche, tu es né à Eden, non ? »

Alors comme ça, l'étranger venait de Shangri-La... La petite fille avait entendu parler de ce pays : elle savait que la sortie d'Eden y menait. Cependant, elle n'était allée dehors qu'une ou deux fois il y a longtemps et ne s'en rappelait donc guère.

- Oui je suis née ici ! A vrai dire, je ne connais pas grand chose du dehors... Ils veulent pas me laisser sortir ! Ils ont peur que j'aille chercher mon grand frère...

La petite fille se tut : elle n'était pas censée parler de cela. Cependant, elle était au bord des larmes, et sa voix avait tremblé à la fin de sa phrase. Atoki lui manquait vraiment...

L'intonation de la voix de la petite fille semblait montrer toute la tristesse qu'avait une petite soeur ne pouvant pas revoir son grand-frère parti depuis bien longtemps. Ne pouvant pas laisser une petite fille pleurer, Hailey se pointa du doigt.

« T'inquiète pas ! Dès que Leyley pourra sortir d'Eden il essayera de trouver ton grand-frère »

Évidemment, L'aveugle ne pouvait pas savoir que le grand-frère en question avait été bannis.

Mai renifla; elle ne devait pas pleurer. Son père lui avait dit maintes fois que les larmes ne devaient pas couler sur le visage des personnes fortes. Pleurer était une faiblesse impardonnable.

- T'es gentil monsieur. Mais il peut pas revenir, il a pas le droit de retourner à Eden...

Et les larmes coulèrent de plus belle sur les joues de l'enfant.

Son frère ne pouvait pas retourner en Eden ? Il avait fait quelque chose de mal qui méritait qu'il soit exilé ? C'était étrange...

« Hum... Sa n'empêche que je le retrouverais quand même ! Ne serait ce que pour lui dire que sa soeur cherche à le revoir. T'inquiète pas, même si je vois pas grand-chose, je sais être discret »

Décidément, ce monsieur était vraiment gentil. Alors que Mai s'apprêtait à le remercier, elle entendit une voix qui criait son nom au loin; une voix qui ressemblait à celle de son père... Que lui voulait-il ? La petite fille se mit à paniquer.

- Je suis désolée monsieur, je dois vous laisser. Essayez de chercher le Pavillon des Tiers, ils vous ont surement préparé une chambre !

La petite fille l'avait vouvoyé de nouveau : entendre la voix d'Hiroshi l'avait manifestement perturbée. Après tout, ce n'était pas comme si son père s'occupait souvent d'elle... L'enfant déposa un bisou sur la joue de l'aveugle, et s'enfuit en courant dans la direction de la voix.

[ --> ailleurs xD ]

Entendant aussi la voix ayant appelé la jeune fille au loin, Hailey fut surprit de voir la vitesse à laquelle la jeune fille avait changé de tempérament et était parti, sans pour autant oublier de faire une bise discrète sur la joue de l'aveugle qui eut un petit sourire.

De nouveau seul, l'aveugle se coucha sur le banc et se mit à dormir quasiment aussitôt...

~~~~

Se réveillant plus tard, le jeune se releva et, bokuto en main, se mit à chercher le pavillon des tiers.

[Couloirs du Pavillon des Tiers]

[=> Géhenne, Bureau de HaO]

C'est avec une certaine satisfaction que Masatada s'éloignait à grands pas du bureau du vieux bouc -il n'avait pas retenu le nom de HaO. Plus jamais il ne voudrait revoir ce sale...
Il repensa à Shyo. Que faisait-elle ? N'était-elle pas en train de se morfondre toute seule dans la cahute qu'il avait vidé pour elle ? Le croyait-elle mort ?
Il n'aimait pas rester loin d'elle ; il pourrait lui arriver malheur.

Il secoua la tête pour chasser ces mauvaises pensées et se rendit compte qu'il avait écoute à moitié ce que HaO lui avait dit... il avait évoqué un logement, d'accord... mais où ? Il tenta vainement de se remémorer... avant de prendre conscience qu'il avait oublié jusqu'au nom du Pavillon des Tiers.
Il fallait qu'il trouve quelqu'un pour lui indiquer son chemin.

Son attention se porta sur les fleurs écrasées qui formaient un sentier jusqu'à lui.

°Oups...°

Il s'écarta prestement pour s'asseoir sur un banc et réfléchir avant d'apercevoir quelqu'un devant lui. Et de l'appeler.

"Hey..."

Après s’être fait passer un savon par son père, la petite Mai était retournée en courant dans le parc. Comme il était immense et qu’elle en connaissait presque tous les recoins, il y avait peu de chance qu’on vienne la chercher ici. L’enfant s’était mise à pleurer ; décidément elle détestait ses parents. Heureusement que Lilas était là pour la consoler ! Cependant, cette dernière sembla entendre un bruit étrange et finit par s’enfuir, après avoir déposé un baiser sur le front de Mai. La petite fille eut juste le temps de prononcer quelques mots :

- Mais Lilas, attend !

Evidemment, il n’y avait personne ; Lilas était une des amies imaginaires de Mai. La petite fille se leva et sécha rapidement ses larmes afin de se mettre à la recherche de sa précieuse copine. Quand soudain, elle aperçut la raison pour laquelle cette dernière avait fui : un étranger se trouvait non loin de là. Le premier réflexe de la fillette fut de fuir le plus loin possible… Mais elle repensa à son père ; elle était une Rose Bleue et devait être courageuse ! Elle s’approcha donc de l’inconnu qui avait détruit les fleurs et lui fit des yeux signifiant « Je suis une mafieuse et si tu es là alors que tu devrais pas je vais te botter les fesses ! ». Cependant, ses paroles prononcées tout doucement contredirent son regard malgré elle :

- Heu… Que faites vous ici ?

Le courage de Mai se dissipait déjà devant l’immense sourire de son interlocuteur qui lui donnait un air de cannibale. La petite fille se mit à trembler en attendant une réponse…

* Faites qu’il ne me dévore pas… *

Mais que Diable faisait une petite fille chez les mafieux... c'était la première réaction de Masatada.
La seconde fut d'observer les tremblements de l'innocente créature. Encore la peur des autres... comme autrefois, les autres enfants... "Maman, le vampire il me fait peur." ; "Pourquoi le garçon il sourit comme ça... ça fait peur !" ... des choses effacées de sa mémoire lui revenaient.
Bah ! C'était passé ; à présent il avait quelqu'un rien qu'à lui et ça lui suffisait largement... il croyait en tout cas.

Mais la question n'était pas là. Il avait quelqu'un pour lui montrer son chemin, il ne lâcherait pas l'affaire.

"Hé, tu sais où un mec qui vient d'arriver et de voir..."

Il chercha un instant le prénom du vieillard.

"... de voir l'Intendant -il ne s'en rappelait définitivement pas- doit aller ? Il a parlé d'un logement mais je me souviens plus..."

Il attendit sa réponse, calme devant la gamine, comme pour lui dire qu'elle n'avait rien à craindre.

"C'est le sourire qui te gêne ?"

Si elle conservait ce genre d'attitude, cela finirait par effriter sa patience... et à le pousser à faire des choses fâcheuses. Et cela serait risqué, non ?

Bien que terrorisée, la petite écouta attentivement les paroles du cannibale. En effet, son père lui avait toujours dit qu’il valait mieux obéir à quelqu’un de plus fort que soi (et l’enfant n’avait pas de mal à reconnaître en Masatada quelqu’un qui la surpassait, ce qui n’était de toute façon pas dur…), et essayer de récolter des informations afin de lui être supérieur la prochaine fois. Mai appliquait donc les enseignements d’Hiroshi à la lettre, et répondit à cet étranger qui lui faisait si peur d’une voix tremblante :

- Heu, vous voulez devenir un Tiers c'est ça ?

Elle n’était en réalité pas sûre d’avoir bien compris ce que l’inconnu racontait : il était si imprécis ! Dans les Roses Bleues, l’exactitude des informations données était très importante (parfois même une question de vie ou de mort), et la rigueur était donc une qualité appréciée à sa juste valeur, permettant une meilleure clarté des propos. La petite fille fronça les sourcils, répétant dans sa tête tout ce qu’avait dit cet homme qui souriait tout le temps. Commençant à comprendre où il voulait en venir, elle reprit, plus courageusement cette fois :

- Vous avez vu HaO c’est ça ? Et il vous a dit de vous rendre au Pavillon des Tiers ?

La situation paraissait nettement plus claire à Mai maintenant qu’elle l’avait exprimée avec exactitude. Elle commençait donc logiquement à avoir moins peur : si cet étranger désirait devenir un Tiers, il n’avait vraiment pas intérêt à s’attaquer à elle. Sans compter que l’enfant, en tant que Rose Bleue de sang, lui serait toujours supérieure par le statut. Mais il était vrai que le sourire de cet homme faisait froid dans le dos… Comme la fillette n’avait pas l’habitude de mentir, elle répondit à Masatada avec toute la naïveté enfantine qui la caractérisait :

- C’est vrai que votre sourire fait un peu peur. Mais s’ils ne vous tuent pas, je m’y habituerai !

Cependant, au-delà de la peur, un autre sentiment étreignait l’enfant : l’inquiétude. Lilas s’était enfuie sans dire où elle allait… Mai, pourtant généralement très timide, osa donc ajouter, avec de grands yeux interrogateurs :

- Dites monsieur, vous n’avez pas vu passer une autre petite fille appelée Lilas par hasard ?

Une première, puis une seconde question traitant sur un certain Pavillon des Tiers.

°Précise la gamine... c'est ce qu'il me fallait.°

Alors que Masatada aurait tout aussi bien pu passer son chemin maintenant qu'il avait son information, il choisit de rester et se rassit sur le banc. La réponse à sa question, il ne l'avait pas eue : son sourire lui faisait-il peur ?

- C’est vrai que votre sourire fait un peu peur. Mais s’ils ne vous tuent pas, je m’y habituerai !

Ah si...
Mais avant qu'il n'ait pu placer un mot ; une autre question. Cette gamine ne s'arrêterait-elle donc jamais ?

°Mais laisse-moi parler si tu veux que je puisse te répondre !°

L'irritation dans le regard, les poings et les dents serrées, il s'impatientait. Pourtant HaO lui avait bien fait comprendre -comment s'appelait-il déjà ?- qu'il ne DEVAIT pas s'énerver. Grosso modo. Reprenant peu à peu son calme, son sourire s'élargissant encore, il répondit.

"J'ai vu personne. A part toi, joli minois."

Un compliment destiné à mettre en confiance le moulin à paroles.

"Maintenant, dis-moi... le Pavillon des Tiers, il est où ?"

Rehaussant ses lunettes, il s'installa plus confortablement sur le banc et enleva son chapeau. Il attendait sa réponse.

"Et ne te formalise pas sur le sourire, c'est pas volontaire."

C'est ce qu'il avait dit à Shyo lorsqu'elle fixait sa bouche d'un air curieux, la toute première fois. Et ça avait marché. Cela marcherait peut-être sur la fillette...

Ainsi l’étranger n’avait pas vu Lilas – la possibilité qu’il puisse mentir ne vint même pas à l’esprit de l’innocente enfant. Voilà qui était bien triste ; par où était-elle donc partie ? La fillette sentit ses yeux se mouiller de larmes, qu’elle contint difficilement. De plus, si le compliment de l’inconnu ne la toucha aucunement, il la mit au contraire de nouveau mal à l’aise, car elle savait qu’il fallait se méfier des gens flatteurs. Cela lui donna d’autant plus envie de se mettre à pleurer, mais cette fois-ci de peur.

Mais Mai devait être courageuse : elle était une Rose Bleue, comme son père. Elle écouta donc le monsieur jusqu’au bout, et répondit en désignant le Pavillon des Tiers au loin :

- C’est le bâtiment moche là-bas.

Comme l’inconnu s’était assis à côté d’elle, la fillette se crispa. Cependant, devant les révélations de son voisin elle se sentit obligée de dire quelque chose :

- Dites monsieur, c’est quoi ton nom ?

Mai avait du mal à savoir quand elle devait vouvoyer ou tutoyer quelqu’un, et mélangeait donc souvent les deux, ce qui semblait généralement bizarre à ses interlocuteurs. Elle avait en fait beaucoup de traits enfantins... La curiosité par exemple. Ainsi, la fillette ne put s’empêcher de poser la question indiscrète qui lui passa par la tête :

- On a du beaucoup se moquer de toi à cause de ce sourire non ?

En fait, c’était plutôt l’affirmation qui était venue à l’esprit de la fillette, mais elle était déjà trop polie pour le formuler ainsi. La moquerie, elle connaissait… Son frère et elle en avaient bavé dans la mafia, et la petite en souffrait toujours d'ailleurs. Au souvenir d’Atoki, les larmes de l’enfant débordèrent, et elle se mit à pleurer bêtement devant l’inconnu assis à côté d’elle.

°Mais qu'est-ce que...°

La voilà qui pleurait maintenant... Masatada haussa un sourcil.

"Hé mais pourquoi tu pleures, gamine..."

Ne sachant que faire, il se mit en tête... de ne rien faire. Terrorisée comme elle l'était, si l'homme souriant la touchait, elle partirait en courant prévenir quelqu'un et ça irait mal pour son matricule.
Il se pencha et mit sa tête à la hauteur de la sienne, sans penser une seconde que ça lui donnait un air encore plus effrayant.

"Tu vis quelque chose de mal ?"

Des relations au sein des Roses Bleues seraient profitables, quelle que soit la Rose Bleue en question. Gagner sa confiance, il n'avait que ça à faire. Les gamins sont si utiles quand on les a en bonne...
Mais il y avait autre chose. Curiosité ? Moui. Mais encore autre chose... de la pitié peut-être. Comme celle qui l'avait poussé à adopter Shyo.

"Si t'as pas envie d'le raconter tu dis rien... mais ça peut peut-être te soulager."

Il se rendit du coup compte qu'il n'avait pas répondu aux questions. Tout en tendant un mouchoir crade à la fillette -dont il ne connaissait pas le nom-, il lui fournit ses réponses.

"Mon nom, j'en ai pas. Mais une personne que j'aime beaucoup a fini par me donner le prénom que j'avais oublié. Masatada."

Etait-ce utile de lui raconter ça ?

"Quant à mon sourire... bah disons qu'on avait plus peur qu'envie de se moquer de moi..."

Et ça aussi ?

L’enfant était trop triste et inquiète pour être effrayée par Masatada. Surtout qu’il lui semblait que l'homme essayait de la consoler, même si elle n’aurait pas pu en jurer. Et puis, elle se sentait plus proche de l’étranger depuis qu’elle connaissait son prénom. Elle le murmura très doucement, comme pour le graver dans son esprit : Mai avait beau être jeune, elle savait qu’il fallait prendre soin de son nom. Il représentait une identité, et son frère l’avait appris à ses dépends.

La fillette n’aurait su dire pourquoi, mais elle sentait qu’elle pouvait se confier à cet inconnu, qui était pourtant effrayant aux premiers abords. Maintenant que Masatada l’avait énoncé, il paraissait évident à l’enfant que les gens devaient plus avoir peur de lui qu’envie de se moquer… Cependant, les deux attitudes menaient généralement à la même chose : la solitude et l’exclusion. Cela rendait l’homme sympathique aux yeux de Mai, et la poussa certainement à avouer ses ennuis en hoquetant :

- Mon frère… Ils l’ont chassé, parce qu’il était châtain.

Pour quelqu’un qui n’était pas une Rose Bleue, les paroles de la petite étaient dénuées de sens, mais elle n’en avait pas conscience. Et finalement, peu importait que Masatada comprenne, tant qu’elle pouvait en parler. Peut-être valait-il mieux qu’il ne sache pas la vérité d’ailleurs, qu’il ne perçoive pas à quel point la mafia était cruelle. Et puis la chef préférait que les Tiers restent en dehors de toutes ces histoires qui ne les concernaient pas, et elle aurait certainement été furieuse de l’attitude de la fillette. Cependant, cette dernière continua :

- Je veux le voir… Il me manque. Et puis ils se moquent tous de moi.

L’émotion était trop forte, et l’enfant arrêta de parler, se contentant de pleurer. Son nez coulait et elle l’essuya avec sa manche, ne voulant pas salir le mouchoir qu’on lui avait prêté.

Il devait être abonné aux fillettes malheureuses, ça n'était pas possible...
Mais en vérité celle-ci lui faisait pitié. Nul doutes qu'il aurait massacré le premier qui osait se moquer d'elle en sa présence s'il n'était pas désormais tenu de rester à sa place...
Ne trouvant rien d'autre que de poser sa main sur la petite tête en un geste de réconfort, il soupira.

"Petite, sois forte. Ne te laisse pas marcher dessus ou ils finiront par te crever. Trouve quelqu'un qui te comprenne... et si tu dois rester seule, lutte."

Ses yeux s'animèrent de feux follets écarlates, dansant comme de vives flammes.

"Venge-toi si tu le peux, petite, car les gens qui te font du mal méritent un renvoi de la balle..."

Son sourire s'élargit encore plus à l'évocation de la vengeance. Cela lui évoquait le sang, revigorant, vivifiant, édifiant... il se serait mis à ricanner s'il n'était pas revenu totalement à lui pour se retrouver sur un banc assis à côté d'une fillette en pleurs.
Comme s'il avait eu une illumination, il lâcha :

"Je te soutiens, gamine."

La clef : lui faire croire qu'il l'aiderait. Il ressentait de la pitié, d'accord, mais il ne devait pas perdre son intérêt de vue... il œuvrait pour Shyo après tout. Se faire des relations au sein des Roses Bleues était un bon moyen pour y arriver.

Contrairement à toute attente, Masatada semblait compatir au sort de Mai. La petite avait même l’impression qu’il cherchait à la réconforter, lui caressant gentiment la tête. Cependant, Hiroshi avait répété maintes fois à l’enfant qu’elle ne devait pas se lier avec des énergumènes étrangers aux Roses Bleues, comme par exemple les Tiers. L’autorité paternelle, qui faisait office de loi pour la fillette, avait en effet jugé que la décision de Tirina d’intégrer des inconnus ne pouvait qu’enfoncer la mafia, et qu’il ne fallait en aucun cas leur faire confiance.

Relevant ses yeux embués de larmes vers Masatada, la fillette aperçut le regard fou et assassin de ce dernier et en eut froid dans le dos. Cependant, les paroles de l’homme résonnèrent dans son esprit malgré elle : se venger… C’était une perspective intéressante. Mais Mai était bien trop gentille pour oser la mettre en œuvre, même si une part d’elle-même détestait les Roses Bleues autant qu’il est possible de haïr ceux avec qui on vit. Elle s’était d'ailleurs promis d’enfreindre la loi pour aller voir son frère dès qu’elle serait majeure et pourrait sortir d’Eden… Alors trahir la mafia, pourquoi pas après tout ? Surtout vu ce qu’elle leur avait fait subir, à elle et à Atoki.

La petite eut soudain honte de ses pensées. Son père lui disait souvent qu’elle devait être reconnaissant envers l’organisation de lui offrir de quoi manger et un toit. Sans compter que c’était sa famille ; il ne fallait pas penser cela de ceux qui l’avait élevée, et qui l'aimait certainement à leur façon. L’enfant leva son regard vers Masatada : cet homme était le diable, la vile tentation. Il fallait que Mai s’éloigne de lui, avant que le côté noir de sa personnalité ne déteigne sur elle. Surtout que Hiroshi n’apprécierait pas de voir sa fille trainer avec ce genre d’individus… Et la gamine ne voulait en aucun cas décevoir son père davantage, n’étant déjà pas à la hauteur des espérances paternelles.

Mai sécha rapidement ses yeux, et regarda attentivement autour d’elle. Heureusement, il n’y avait personne pour témoigner de cet instant de faiblesse que l’enfant avait eu auprès d’un étranger. Très craintive car soudain consciente des "risques" qu'elle courait, la petite se leva rapidement du banc et, après une longue inspiration, débita à Masatada :

- Vous voulez aller au Pavillon des Tiers donc ? Je t’emmène si tu le désires ! Parce qu’ils ne sont pas gentils là bas avec les inconnus…

En effet, la petite avait entend dire que dernièrement, un prétendant à la mafia s’était vu refuser l’accès aux chambres du Pavillon des Tiers. La chef en était sortie tellement irritée que le bruit courait que le domestique impliqué allait certainement être exécuté. Mai ignorait que le nouveau venu dont elle parlait n'était autre que Hailey, qu’elle avait rencontré quelque temps auparavant, et que l’histoire était en train de se régler au même moment au fond du parc. Si elle l’avait su, peut-être qu’elle n’aurait pas proposé à Masatada de l’accompagner, de peur de croiser Tirina…

Les seuls conseils qu'il dispensait s'adressaient à Shyo. Cette jeune fille si fragile, infirme par-dessus le marché, et trop... sensible ? Gentille ? Pas de mots pour cela. C'était juste une stupide petite fille qui se laissait marcher dessus comme un paillasson. Une stupide petite fille tellement... tellement adorable...

Ainsi, chaque conseil portait sur la vengeance, l'emploi de la violence pour se défendre, le renvoi de la balle... il offrait la chance à la petite d'entendre un conseil de sa part ; elle réfléchissait. Elle n'était pas sotte.
Mais il ne pourrait -quand il y repensait, en avait-il vraiment envie ?- pas l'aider -peut-être que si après tout, à voir...

Das un élan de générosité ou de volonté de vouloir se débarasser du Sourire ambulant, Mai s'était levée d'un bond et avait aligné une phrase à la vitesse d'un train. Elle mélangeait le vouvoiement et le tutoiement d'ailleurs ; singulier...

"Fixe-toi, soit "tu", soit "vous"... tutoie-moi plutôt. J'aime pas être vouvoyé."

Réfléchissant une paire de secondes, tout en titillant une de ses longues canines, Masatada conclut que...

"En tout cas c'est gentil, je veux bien."

Il en avait assez d'attendre tout en ayant envie de rester assis. L'appel du devoir et l'appel du banc, deux forces qui le tiraillaient.
Finalement, il réussit à s'arracher de sa position confortable d'un mouvement brusque.
Rehaussant ses lunettes, il fixa la petite fille. Quel était son nom déjà...

"Je te suis."

La petite fille ne s’était pas rendu compte qu’elle passait son temps à hésiter entre le vouvoiement et le tutoiement quand elle s’adressait à Masatada. Honteuse de s’être mélangée les pinceaux, elle décida dorénavant de réfléchir davantage avant de parler, afin de ne plus se tromper. L’étranger avait l’air d’accord pour suivre Mai, mais il ne bougeait pas du banc. L’enfant restait perplexe devant ce manque évident de motivation…

Enfin, l’homme au sourire statique se leva soudainement, comme s’il lui avait fallu le temps de rassembler toute sa volonté afin d’accomplir ce mouvement basique. Mai, comme tous les enfants, bougeait beaucoup et avait du mal à comprendre le plaisir qu’on pouvait trouver à rester assis sur un banc. Elle supposa donc que quelque chose lui échappait, et ne chercha pas à comprendre. De toute façon, cet homme n’était qu’un Tiers, ne méritant pas sa place dans la mafia (dont il ne faisait d’ailleurs même pas encore partie, c’était dire s’il était insignifiant), comme le répétait Hiroshi à longueur de journée.

La petite fille commença à sautiller en direction du Pavillon des Tiers, se retournant de temps en temps pour s’assurer que Masatada la suivait. La drôle d’équipée était presque arrivée quand soudain, quelqu’un les apostropha.

Eden, le parc Domestique

Mais pourquoi fallait-il que ça tombe sur lui ? Courir après les futures victimes, quel boulot inutile ! Le domestique soupira une nouvelle fois : il devait se rendre à l’évidence, HaO lui avait ordonné de retrouver «l’homme au grand sourire qui venait de le quitter », et le larbin ne pouvait désobéir à l’intendant. Ce dernier lui avait dit que l’étranger devait se trouver dans le Pavillon des Tiers. Le domestique s’était donc dirigé vers le bâtiment, et avait alors aperçu un inconnu qui semblait suivre Mai.

Le larbin appela donc la petite fille, heureux de tomber sur une inoffensive – certaines Roses Bleues étaient à éviter, Hiroshi ou Tama par exemple. L’étranger s’était retourné en même temps que Mai, par réflexe, et le domestique sentit son sang se glacer lorsqu’il aperçut l’immense sourire de l’homme. Il comprenait maintenant pourquoi HaO avait presque rit quand il avait demandé comment il allait reconnaître l’inconnu… Effectivement « l’homme au grand sourire » était une description qui convenait parfaitement.

Bien qu’un peu effrayé, le domestique ne se laissa cependant pas démonter : il travaillait pour les Roses Bleues depuis longtemps et il en avait vu d’autres. Il s’adressa donc directement à l’inconnu :

- Je suppose que vous êtes l’étranger qui vient de quitter HaO. Ce dernier m’a envoyé vous chercher. Apparemment il a oublié de vous préciser quelque chose. Veuillez me suivre s’il vous plait.

Le domestique n’avait pas peur de donner des ordres au souriant inconnu. En effet, il ne risquait rien de la part d’un homme qui n’était même pas encore accepté comme Tiers. Au contraire, c’était plutôt ce dernier qui devait être sur ses gardes. Et puis, s’il tenait à la vie, l’étranger avait intérêt à retourner voir l’intendant qui le réclamait. Le domestique espérait d'ailleurs que son interlocuteur ne ferait pas d'histoire : il n'avait pas envie de le courser ou de devoir expliquer à HaO que l'homme avait pris la fuite.

Eden, le parc Maio

L’enfant s’était d’abord demandé ce qu’on lui voulait, ayant peur que son père soit dans les environs – heureusement, ce n’était pas sa voix. Sitôt qu’elle fut sure que le domestique s’adressait à Masatada et n’avait aucun message pour elle, la petite fille fila discrètement, adressant seulement un léger signe de tête à l’étrange homme au sourire inquiétant qu’elle venait de rencontrer. Mai n’avait en effet aucune envie qu’on sache qu’elle était avec un même-pas-encore-Tiers, et ne voulait surtout pas avoir de problèmes avec HaO dont il semblait être question. Elle aurait aimé murmurer « bonne chance » et « merci » à Masatada, mais n’en eut ni le loisir ni le courage.

[HJ : MasOtruc, ton perso peut décider de s'enfuir (dans ce cas tu réponds où tu veux), ou de suivre le domestique (c'est fortement conseillé quand même hein xD) et dans ce cas là tu réponds soit encore une fois là, soit direct dans le bureau de HaO (c'est là que je ferai mon prochain post moi) comme tu veux ^^]

Stupeur. Il se voyait rappelé. Par...

"Le v..."

Il avait fait taire les mots dans sa gorge. Il s'agissait de rester poli, le vieux était intendant... enfin, même s'il ne s'en souvenait pas trop, il savait qu'il était important.
Rajustant ses lunettes, il ne put qu'approuver. Oh, il n'était pas content, et c'était peu de le dire, mais son rictus qui s'élargissait sous l'effet du mécontentement affirmait le contraire.

"D'aaaccord. D'aaaaaccord. Je vous suis."

Il se retourna, tapota la tête de la gamine tout en la remerciant, emboîta le pas au larbin qui venait le chercher.
Mais alors qu'ils s'étaient un peu éloignés, Masatada tourna la tête vers Mai et mima un "bon courage" en articulant démesurément et silencieusement chaque mot.

"Et vous savez pourquoi..."

Le nom de HaO ne lui revenait pas.

"... pourquoi on veut me voir ?"

Sans écouter la réponse -il n'avait qu'à attendre une paire de minutes pour le savoir-, il continua de marcher.

°Je commence à en avoir marre de voir ce vieux... faut bien que je t'aime, Shyo, vraiment !°

[=> Bureau de HaO]

Tirina était encore énervée, mais l’atmosphère du parc désert commençait déjà à l’apaiser. Elle songea un instant à se rendre dans le Pavillon des Damnés pour voir Renji, mais réprima finalement cette envie : elle avait des devoirs à accomplir en tant que chef de la mafia, et ils devaient passer avant sa vie personnelle. Sans compter que sa relation avec le jeune homme devait rester secrète…

La jeune fille entendit bientôt des pas derrière elle : Anako l’avait donc suivie. Tirina ne fut pas étonnée, se doutant que sa petite sœur voulait connaître le fin mot de l’histoire avec l’aveugle. D’ailleurs, sa voix ne tarda pas à se faire entendre pour demander des explications au chef des Roses Bleues. Tirina attendit quelques instants avant de répondre :

- Il est la cause du seul échec de notre père. Je dois le lui faire payer. Bien sur il l’ignore, mais nous l’avons attendu très longtemps, et en aucun cas nous ne pouvons nous permettre de le laisser s’échapper… Je vais l’envoyer rattraper tout ce qu’il a fait rater ; la mission [γ-1-EC-096] va enfin être menée à bien. J’espère qu’il réussira à accomplir sa tâche, à réparer sa faute, puis qu’il mourra des suites de ses blessures. D’ailleurs le gouvernement de Shangri-La, qu’il semble avoir également contrarié, nous a demandé de le retrouver : son cadavre vaut vraiment très cher et au besoin je le tuerai moi-même. Cependant, s’il peut être vraiment utile à l’organisation, il va de soi que nous le garderons, en mettant la vengeance de côté pour le bien des Roses Bleues… Je jugerai moi-même s’il mérite de vivre ou non.

Tirina avait déjà acquis assez d’expérience pour ne pas se laisser dicter son comportement par ses sentiments, et ses paroles respiraient la sagesse malgré une fureur contrée perceptible. Cependant, arriverait-elle à respecter ses décisions, et à accepter Hailey dans la mafia s’il en été jugé digne ? Elle souhaitait tellement la mort de l’aveugle…